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140922 octobre 2013 – La fureur est grandiose, bombastique, presque “Aux Armes, Citoyens...”, presque ... Comment dirait-on ? Fureur gaullienne, c’est cela ? N’entretenons aucune illusion, s’il vous plaît et s’il nous plaît, sur la durabilité de ce réveil en fanfare et encore moins sur un très-hypothétique changement de fond du comportement de cette caricature d’elle-même qu’est la France-poire (*) par rapport à la France. Rien n’est changé mais pour quelques heures, pour quelques jours, on croirait que tout est changé, – et cela, c’est bon à prendre, surtout sans aucune illusion... Ce qui n’empêche pas ceci : au bout du compte, lorsque l’épisode-poire est placé dans son contexte, – alors, nous pourrions nous trouver dans une dynamique nous conduisant beaucoup plus loin sur la voie de l’antiSystème.
Pour cette partie de l’analyse, contentons-nous de constater que diverses circonstances font bien les choses et font que la France officielles s’est emparée avec l’enthousiasme qu’on éprouve pour une bouée temporaire de sauvetage de cet épisode Snowden-Greenwald-NSA, pour s’ébattre avec délice dans une sombre fureur offensée, initiée et sanctifiée d’une même plume démocratique par la participation détonatrice du “journal de référence” (Le Monde, pour ceux qui savent). Pendant 24 heures ou 72 heures, cela vous donne le beau rôle, avec vertu et proclamation superbe du respect principiel des principes d’indépendance et de souveraineté fermement de votre côté. Le diable en rit encore et déjà, avec cette France-poire en régime Sarkhollande.
Cet engouement furieux est suivi avec une discipline exemplaire et un conformisme sans coup férir par la Section Française de l’Internationale-Système (SFIS) faite de commentateurs, d’éditos, de talk-shows, de présentateurs-TV, d’éminences culturelles, de subventions pour les arts modernes, des salons-en-ville, et authentifié par une convocation illico presto de l’ambassadeur US à Paris et un coup de fil reçu les yeux froncés par le président-poire, de la part du super-cool Obama. Bref, la France-poire est en pleine accès de mobilisation, – lequel, par une extraordinaire conjonctions de diverses circonstances, a une allure antiSystème. Pardonnez-leur, Seigneur-Système, ils ne savent pas ce qu’ils font.
Le site Rue89, qui est particulièrement représentatif sur l’internet section-Système de la tonalité particulière de la SFIS et de ses divers louvoiements, sort effectivement sa grosse artillerie. Il n’a de mots assez durs pour fustiger les réactions jusqu’alors absentes, incertaines, fuyantes, bref les réactions-poire qui furent le fond de l’attitude françaises vis-à-vis des turpitudes de la NSA depuis le début du la crise Snowden/NSA, – pour constater, avec un ouf de soulagement, – «Enfin, il se passe quelque chose...». (Le 21 octobre 2013.)
«Enfin, il se passe quelque chose. Après les articles du Monde sur la surveillance de la France par la NSA, à la faveur d’un partenariat sur les documents d’Edward Snowden, le gouvernement français se fâche tout rouge. Manuel Valls réclame des explications sur ces “révélations choquantes”. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius convoque l’ambassadeur américain à Paris pour lui passer un savon.
»Depuis le mois de juin, la France réagit plus que mollement à la publication des PowerPoint de la NSA, alors qu’elle se savait surveillée au même titre que d’autres Etats européens. En Allemagne, cette affaire d’espionnage généralisé sous couvert de lutte antiterroriste a provoqué un débat national. En première ligne se trouvaient la presse et les parlementaires, exigeant du gouvernement qu’il dise ce qu’il savait. L’opposition social-démocrate a obtenu la création d’un commission d’enquête.
»En France, seule une dizaine de députés (sur 577) et un sénateur (sur 348) ont interrogé l’exécutif sur le sujet avant les vacances parlementaires du mois d’août. Les représentants sont-ils blasés de ce côté du Rhin ?»
Suit une description des diverses déclarations, exclamations, interventions, etc., qui suivent les “révélations” du “journal de référence” Le Monde. Il rappelle, Rue89, que la France a refusé l’asile diplomatique à Snowden, qu’elle a activement participé à l’agression-interception de l’avion du président Morales, etc. Bref, il décrit un changement complet d’attitude d’une France “au bois dormant” de sa politique extérieure et de ses principes fondamentaux, brusquement réveillée, notamment dans le chef de son président-poire lui-même téléphonant à son excellent ami BHO, par un prince charmant postmoderne, inverti et en en mode d’autodestruction accélérée, qui se nomme National Security Agency (NSA).
Tout est venu du “journal de référence” qui sort un gros paquet de révélations sur l’activité de la NSA en France, jusqu’aux occurrences les plus récentes : par exemple, 70,3 millions de conversations téléphoniques françaises interceptées et stockées par la NSA entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013 (pourquoi cette période sinon pour une indication symbolique mais révélatrice, de la part de la NSA, des soupçons quant à la collaboration française avec les Mayas et leur calendrier ?) ; pour moins d’un mois, et déjà du temps du président-poire, c’est du lourd. On vous révèle même, – surprise, surprise, – que ces écoutes ne concernaient pas seulement les personnes qui travaillent dans le pullulement-terroriste qui bourdonne en France, mais d’autres, parlementaires, chefs d’entreprise, peut-être bien journalistes et directeurs de sites-internet mal famés, et tutti quanti.
Dans la foulée, Le Monde annonce 1) que Snowden est un héros, un chevalier blanc des temps postmodernistes (on n’avait pas toujours eu cette impression dans les commentaires généraux depuis le 6 juin 2013) ; 2) que Greenwald est un type fantastique et qu’il collabore désormais avec Le Monde (cet appel à un blogger dissident qu’a toujours été et que reste Greenwald est émouvant) ; 3) que la dénonciation et la diffusion des mégatonnes du fonds Snowden est une œuvre de salut public démocratique.
Là-dessus, laissons la place à quelques extraits substantiels de l’édito du “journal de référence”, signé par sa directrice. Nous y avons ajouté quelques soulignés en gras de notre cru qui permettront de développer, une rapide analyse nous permettant de saluer et de sublimer à la fois l’art démocratique et acrobatique de la jonglerie sémantique entre “valeurs” nécessaires et réalités irritantes du temps présent. L’édito du Monde est du 21 octobre 2013.
«... La nature très diverse de ces documents et leur grande technicité nécessitait, pour chacun d'entre eux, un examen minutieux et une analyse approfondie, pour tenter de leur donner tout leur sens et leur valeur. Les documents de la NSA obtenus par Le Monde ont aussi donné lieu à un travail d'enquête en France. Nous avons fait réagir des sources officielles françaises à ces informations. Le Monde considère que le public ne doit pas être maintenu dans l'ignorance de programmes d'écoutes et d'espionnage prenant des dimensions telles qu'ils mettent à bas tout principe de contrepoids en démocratie.
»Notre approche n'est pas de prôner, ni de pratiquer, la transparence absolue, qui consisterait à publier en bloc et de manière irresponsable toutes les données sur tout. Les “révélations Snowden” ne visent pas à affaiblir les sociétés démocratiques mais à les consolider, à éveiller les consciences sur les risques que comportent pour nos valeurs ce gigantesque ratissage de données permettant de lire dans nos vies, nos contacts, nos opinions, comme à livre ouvert. Pour Le Monde, cette démarche s'inscrit dans le droit fil des enquêtes consacrées ces dernières années à la question des libertés publiques et individuelles. [...]
»La liberté de communiquer et de bénéficier du secret de la correspondance est une pierre angulaire du fonctionnement des démocraties. L'intrusion systématique dans la vie privée est le propre des systèmes totalitaires, comme a pu le rappeler le film La vie des autres décrivant l'appareil de la Stasi en Allemagne de l'Est... [...]
»Car la manière dont les informations sont choisies et diffusées respecte à ce jour un principe cardinal : aucun des documents divulgués n'apporte de détail sur la façon dont la NSA surveille les menées de pays autocratiques, comme la Chine et Russie, ni celles de groupes non-étatiques représentant un danger sécuritaire. Les règles adoptées par Edward Snowden et Greenwald, et auxquelles Le Monde souscrit, sont fondées sur un principe de responsabilité. Il n'est pas question de mettre en péril la sécurité des Etats-Unis ou de leurs alliés, mais bien plutôt de mettre en lumière des programmes secrets d'espionnage conduits par un pays démocratique, que cela porte sur ses propres ressortissants ou ceux de pays alliés.
»Plus de douze ans après les attentats du 11-Septembre, la question demeure de trouver un équilibre entre sécurité nationale, libertés publiques et droit à l'information. Le paradoxe, dans l'affaire Snowden, on le sait, est que l'ancien agent recherché par la justice américaine se soit réfugié
»Le respect de cette ligne est fondamental, et sera testé avec le temps. Les documents transmis par Snowden focalisent l'attention sur un enjeu majeur : à l'heure où la puissance des nouvelles technologies a rendu possible ce “Big Brother” planétaire, il est urgent de débattre des incidences du phénomène sur nos libertés. Et de faire en sorte que le travail des organes de sécurité des États démocratiques soit encadré par des procédures de contrôle efficace, parlementaire ou judiciaire. On en est loin aujourd'hui...»
Ainsi cet éditorial nous instruit-il bien autant sur l’état de nos vertus démocratiques que sur l’état des entreprises diverses, du côté de la NSA ou du côté de Snowden. L’exercice est remarquable, – slalom, jonglerie ou steeple chase c’est selon, servi par une remarquable logique de l’inversion, – pour sauvegarder l’essentiel des vices et des vertus conformes, à répartir selon le pointillé.
• Ainsi apprend-on qu’il y a un «“Big Brother” planétaire», et que l’intrusion «systématique dans la vie privée [qu’il pratique] est le propre des systèmes totalitaires». (On pourrait même avancer qu’il a fait mieux que nul autre, car l’on peut douter que jamais personne ait réussi à installer un tel «“Big Brother” planétaire», d’une telle vertu quantitative.) Mais on apprend parallèlement, – peut-être l’ignorait-on, – qu’il s’agit de «programmes secrets d'espionnage conduits par un pays démocratique, [...] sur ses propres ressortissants [et] ceux de pays alliés» Que faut-il conclure ? Que ce “pays démocratique” est un “pays totalitaire” ? Qu’il n’y a pas de différence entre un “pays démocratique” et un “pays totalitaire”
• Ainsi apprend-on que ce sont les USA qui ont mis en place le «“Big Brother” planétaire» qui «est le propre des systèmes totalitaires», et qui ont constamment menacé Snowden de liquidation. On en déduit donc, selon un foudroyant raccourci de logique lumineuse et d’exigeante honnêteté intellectuelle que les USA sont ce grand pays démocratique que l’on sait. C’est la Russie qui a accordé l’asile politique à Snowden, et qui plus est lequel Snowden, selon l’affirmation péremptoire du Monde, n’a strictement rien donné aux Russes et aux Chinois. On admire la mesure des services de renseignement russes qui ont insisté, en toute discrétion, pour ne rien obtenir du tout de Snowden, et celle de Poutine qui n’a mis aucune condition de cette sorte au droit d’asile, qu’il juge sacré et qui doit être respecté. “On en déduit donc selon un foudroyant raccourci de logique lumineuse et d’exigeante honnêteté intellectuelle” que, face à ce pays démocratique (les USA) qui conduit ces «programmes secrets [qui sont] le propre des systèmes totalitaires», c’est effectivement la Russie qui est l’un de ces «pays autocratiques, comme la Chine et Russie», et, d’une façon plus générale, un «
Dans cette atmosphère dramatique et invertie dans la répartition de ses références que nous décrivons, il ne pouvait se concevoir que le président de la république française ne réagît pas fermement. Le président-poire montra effectivement la fermeté qu’on lui connaît à propos de ces pratiques qualifiées d’“inacceptables”. Il y eut donc un entretien entre les deux présidents. Le Monde rapporte que «Washington tente de relativiser son espionnage en France» (ce 22 octobre 2013).
«La Maison Blanche a annoncé lundi soir que Barack Obama s'était entretenu au téléphone avec François Hollande pour parler “des récentes révélations dans la presse, dont certaines ont déformé nos activités et d'autres soulèvent des questions légitimes pour nos amis et alliés sur la façon dont ces capacités [de surveillance] sont employées”.
»En retour, le président français a fait part à son homologue américain de sa “profonde réprobation à l'égard de ces pratiques, inacceptables entre alliés et amis car portant atteinte à la vie privée des citoyens français“. Il “a demandé que toutes les explications soient fournies, ainsi que l'ensemble des informations dont pourrait disposer l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden”, selon un communiqué. MM. Obama et Hollande “sont convenus de travailler ensemble pour établir les faits et la portée exacte des activités de surveillance révélées par Le Monde”.»
Subrepticement, nous entrons dans le domaine de la chose sérieuse. Cela est mis en évidence par Julian Borger, du Guardian, qui commence à distinguer les réactions furieuses, à court terme, des uns et des autres concernés par l’attention vigilante de la NSA, et les effets à long terme qui commencent à se dessiner. De ce point de vue, il ne faut pas manquer de saluer Dilma Rousseff, qui est la pionnière dans ce domaine, ayant quasiment rassemblé en une seule occurrence de sa réaction la fureur circonstanciel et le lancement des mesures à long terme contre la NSA, – dito, contre les USA. Borger écrit (avec un peu de souligné en gras, pour illustrer notre jugement) :
«French outrage at the scale of NSA espionage is the latest in a series of aftershocks around the world triggered by Edward Snowden's revelations about US and British espionage that have shaken relations with their allies and partners.
»However, in France as in other cases, distinguishing short-term embarrassment from long-term damage is complicated. Much of the backlash has been rhetorical, often from countries with well-developed electronic intelligence capabilities of their own, without immediate concrete consequences for political and economic ties. But there are prominent exceptions to the general rule, and in many ways the knock-on effects for trade and investment relationships, in Europe and beyond, are only now beginning to make themselves felt.»
La France est donc à la confluence de deux circonstances, les circonstances accessoires et les circonstances essentielles. On appréciera quelques observations sur le contexte qui a fait, qu’en cette circonstance, l’affaire a éclaté comme elle l’a fait, et qu’elle a pris l’ampleur qu’elle a prise. Nous développons trois points à cet égard.
• Un point de simple opportunité professionnelle. Le Monde, qui était resté particulièrement discret sur cette crise Snowden/ NSA par alignement-Système sur la politique française, par atlantisme absolument viscéral, par illustration extraordinairement significative de la dissolution de toute appréciation souveraine en France, Le Monde donc, s’est trouvé dans une position professionnelle peu enviable. Jusqu’ici, le “journal de référence” était de tous les coups multinationaux sur telle ou telle affaire de “fuites” importantes. Il avait notamment figuré dans le groupe WikiLeaks originel, bénéficiant des fameuses “fuites” gargantuesques de décembre 2010 de la bande Assange (Times, The Guardian, Der Spiegel, Le Monde, El Pais). Cette fois, pour l’affaire Snowden-NSA, il y a eu le Guardian, le South China Morning Post, Russia Today, der Spiegel, El Globo, le New York Times, le Washington Post, qui ont tous bénéficié du fonds Snowden ; et rien pour notre “journal de référence”. Professionnellement, cela commençait à faire désordre, et le quotidien français s’est précipité sur l’opportunité, en en faisant une énorme chose.
• La chose tombait fort bien pour le gouvernement français, vraiment très très bien ... La semaine dernière avait été parcourue d’éclairs et d’anathèmes secouant la république comme un vieux prunier pourri, concernant l’affaire de la jeune et fort-importante pour nos “valeurs” Léonarda. (Voir le 21 octobre 2013, notre timide incursion dans le domaine : «Mais la France “étant ce qu’elle est devenue”, avec la formule Sarkhollande appuyée sur la philosophie de la poire, nous en sommes venu dans les salons de la capitale au cœur du sujet, à l’essence même de la crise du monde : faut-il ou non garder expulsée Léonarda ? La France a laissé les principes aux moujiks rétrogrades, emprisonneurs de Pussy Riots et barbares défenseurs du principe de la violation nationale dans la crise syrienne.») Bref, on comprend ce que nous voulons dire : une visite de l’ouragan Snowden/NSA en France est fort bienvenue pour la bifurcation de l’attention qu’elle suscite, qui mettait jusqu'alors le gouvernement français en vilaine posture. Voilà pour la “bouée de sauvetage“.
• Enfin, il y a un fait qu’on qualifierait de plus “sérieux” si l’on admet qu’il peut y avoir encore quelque chose de sérieux dans la politique française, dans sa diplomatie ... Bref, et quoi qu’il en soit, il se trouve que les Français sont littéralement KO debout, groggy, sonné, depuis l’affaire syrienne du 21 août-10 septembre. Le comportement US, la façon dont les USA accompagnèrent ou bien suivirent, et en sous-main appuyèrent leur jusqu’auboutisme, pour brutalement les laisser tomber et se précipiter dans les bras de l’impressionnant Lavrov, et, par la force des choses, quasiment dans les bras d’Assad (voir Kerry le 8 octobre 2013), cette façon-là fut comme un uppercut foudroyant asséné aux deux mentons réunis de la paire Hollande-Fabius qui peaufinait ses Rafale pour l’attaque finale. Il est vrai que l’on commence, en France, à la suite de ce KO debout, à se demander, dans les officines où les penseurs sont à l’œuvre, si la politique française ne représente pas quelque chose comme une erreur ... Bien, on verra ce que cela durera, et si cela durera, — en attendant, l’on comprend combien cette affaire Snowden/NSA, section-poire, tombe à pic pour permettre à un fond d’humiliation et de colère de notaire de province floué de se manifester, en toute innocence pateline, à l’encontre de “notre plus vieil allié”.
Là-dessus, on observe des signes concrets de l’extension du domaine des dégâts, rencontrant l’observation de Borger signalée plus haut («the knock-on effects for trade and investment relationships, in Europe and beyond, are only now beginning to make themselves felt»). Les négociations sur la grande zone de libre-échange transatlantique, par ailleurs handicapées par le government shutdown de Washington, sont indirectement touchées et le seront de plus en plus. Il est bien possible que cette affaire gigantesque mette autant de temps à se réaliser que le JSF, et dans le même état par rapport aux ambitions déployées, car le malaise transatlantique causé notamment par la crise Snowden/NSA, aggravée par l’affaire syrienne et le shutdown (tout cela se tient, voir le 14 octobre 2013), ne fera que s’accentuer, simplement parce qu’il est le miroir pour la zone transatlantique du malaise global qui s’exacerbe autour de l’effondrement des USA.
Les Français, eux, se sentent obligés de partir au prochain sommet européen avec des résolutions de fermeté qu’ils seront bien obligés d’exprimer. (Puisque la NSA les écoute, ils ne peuvent se permettre de paraître céder, même dans l’intimité des courriers confidentiels.) EUObserver signale donc, le 22 octobre 2013, qu’ils ne pourront faire autrement que la jouer à-la-Rousseff :
«France says EU leaders should talk about data privacy at this week's summit in light of the latest US spying revelation. Speaking after an EU foreign ministers' meeting in Luxembourg on Monday (21 October), France's Laurent Fabius said the summit, on Thursday in Brussels, will discuss EU-US co-operation on the digital industry and progress on new European data privacy laws.»
Curieusement, hier encore, Le Figaro observait que la France avait la malchance, dans cette crise Snowden/NSA, de tomber sur une Amérique qui ne s’en préoccupait guère. Le journalisme français restera toujours un mystère pour l’observateur, dans cette période Sarkhollande... En attendant, information parmi d’autres, simplement pour situer le climat aux USA où la crise Snowden/NSA semble ne jamais trouver ses limites d’expansion, le site Reason.com signale son extension au monde policier, le 21 octobre 2013 : «As it turns out, Edward Snowden's revelations to the world about NSA surveillance of phone calls, email, text messages and any other kind of electronic communications have given more than the agency's own employees a sad. Awww. Police departments are upset, too, that the cat is out of the bag about the growing surveillance state and that people are pushing back against government scrutiny well beyond the specifics contained in the whistleblower's leaked documents.»
Puis, Reason.com citant Reuters, le 20 octobre 2013 : «The leak of highly classified documents by National Security Agency Edward Snowden prompted tighter restrictions on key technology advances, said Georgia Bureau of Investigation Director Vernon Keenan, speaking at the International Association of Chiefs of Police conference. The disclosures, including about monitoring of U.S. phone records, threaten to erode existing authority to use high-tech equipment, he said.
»“The scrutiny that the NSA has come under filters down to us,” Keenan said at the annual gathering that draws top law enforcement from the United States and elsewhere with workshops, product exhibits and conferences. [...] “If we are not very careful, law enforcement is going to lose the use of technology,” he said.»
Le Monde titre même, le 21 octobre 2013 «Les révélations d’Edward Snowden, un séisme planétaire», avec, anathème suprême, une reproduction en très grand du visage de Saint-Obama, l’air plutôt exceptionnel parce pas très sympa, avec l’expression en vraiment très gros caractère “Big Brother is watching you”. Effectivement, la crise Snowden/NSA est globale.
Il est sympathique, après tout, et sans aucun doute ironique sinon surréaliste que la France-poire occupe désormais sa place dans la chaîne sans fin de ce qui est véritablement une crise diluvienne dont nul ne peut voir ni les limites, ni les conséquences ; bref, que la France de la Sarkhollande se soit tout de même faite prendre pour occuper une place parmi d’autres dans cette chaîne antiSystème.
Ce qui est en cause ici n’est bien sûr ni l’alignement de la France sur les USA, ni sa “libération” de ces mêmes USA. Il y a longtemps que cette sorte de concept n’a plus aucune importance ni plus aucun intérêt. Nous ne sommes pas dans un ensemble d’asservissement à une nation dominatrice qui s’étalerait dans sa toute-puissance et dans son bien-être achevé (voyez l’état des USA), mais dans un ensemble-Système (voir le Glossaire.dde sur le bloc BAO) qui subit de plein fouet, et chaque membre avec des effets à sa façon, les conséquences de la crise d’effondrement du Système qui se manifeste d’abord dans celle des USA. Ce qui se manifeste ici, ce qu’on doit chercher à distinguer, ce n’est pas l’affaiblissement de l’un, l’affirmation de l’autre, l’asservissement d’un troisième, mais bien la participation de chacun, en toute inscience sans aucun doute, au processus de dissolution interne du Système, et donc à l’accélération de la dynamique d’autodestruction. Surprise, surprise, donc ... La France-poire a fini par y trouver sa place, sans rien chercher, sans chercher à mal, tout en continuant à croire qu’elle est le meilleur élève de la classe-Système.
De la NSA, certes, on ne dira jamais assez le nombre méta-gigantesque de tours antisystème qu’elle a dans son sac, “à l’insu de son plein gré”. Quant au freluquet de 30 ans, qu’on nous permette de dire encore notre étonnement sur la véritable mesure de la puissance aujourd’hui, en estimant que sa valeur intrinsèque à cet égard, en fait de dévastations causées, dépasse très largement les dix groupes de porte-avions de l’US Navy, toute la flotte aérienne de l’USAF et largement plus que les résidus pitoyables de forces combattantes qu’il reste à l’US Army... («The Army has only two combat-ready brigades right now [Army Chief of Staff Gen. Ray Odierno] said...» [Defense News le 21 octobre 2013.)
* Nous introduisons une NDLR (Notes de la rédaction) classique pour rappeler un de nos récents usages sémantiques qui peut avoir échappé à certains, ou être inconnu à d’autres : il concerne l’usage assez conséquent par nous de la référence à ce fruit délicieux qu’on nomme poire, délicieux quand la poire reste dans son rôle gustatif et alimentaire et qu’on en use “pour la soif”. L’usage date de quelques mois et se réfère, pour le personnage de Hollande, au précédent historique de Louis-Philippe, caricaturé constamment sous une forme de poire en raison de sa corpulence benoîte et assez molle en roi-poire. On référencera notamment cet usage dans une des ses toute-premières apparitions sur ce site, avec demande d’indulgence pour cet irrespect-poire, le 22 avril 2013 : «...Pour ce qui est de la France, autre cible désignée à notre vindicte résiliente, il suffit de contempler notre président-poire, ce Louis-Philippe post-postmoderniste déguisé en chef de guerre, décrétant le mariage gay comme on part sur le sentier de la Grande Révolution, comme on déploie la “guillotine permanente” de pacotille sur la place du Carrousel avant de passer à la place de la Révolution (ex-place Louis-XV et future place de la Concorde, la bien-nommée comme il se doit, – excellent emplacement pour s’essayer à une Contre-Révolution)».)