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511810 octobre 2019 – Bien sûr, le titre de ces Notes d’analyse pouvait se se réfèrer au texte du 9 octobre de PhG dans son Journal-dde.crisis, justement avec le titre de “Notes sur ‘une destitution Rock’n Roll’” que nous envisagé un instant de choisir. Ce texte constituait une analyse générale, du point de vue structurel comme on s’en doute, de la situation extraordinaire à “D.C.-la-folle” : déstructuration, structuration emprisonnant les agents du Système, poussant à des structures explosives au sein du Système, et donc structures-déstructurantes…
Nous avons rassemblé dans ces Notes d’analyse les principaux événements, les attitudes, les manœuvres, la dynamique fantastique de désordre, etc., qui justifient cette analyse structurelle. Pour “rendre à César…”, ou disons “lui emprunter” en tout bien tout honneur, nous rappelons quelques passages du texte du capitaine au long cours, permettant de resituer cette tentative de structuration d’un processus crisique dynamique absolument explosif.
« Certes, il n’en est plus rien, il n’y a plus rien du tout [à “D.C.-la-folle” à la l’heure de cette destitution] d’un “épisode compréhensible rationnellement”. La mise en accusation décidée par les démocrates de la Chambre a donné une structure institutionnelle à cette formidable entreprise de déstructuration marquée par l’irrationalité d’une haine hystérique sans aucune mesure et appuyée sur un délire idéologique de même facture. Ainsi peut-on dire, d’une manière différente mais significative et dans tous les cas paradoxale parce que totalement dans l’inversion, que, parvenue à ce stade de l’institutionnalisation qui est effectivement un développement de structuration incontestable, cette crise de la déstructuration absolue du pouvoir américaniste est entrée dans une phase de structuration explosive, en atteignant sa séquence paroxystique.
» Il s’agit d’un cas qui restera d’école et archétypique du caractère fondamental de la Grande Crise d’Effondrement du Système (GCES) : l’inversion imposant une structure institutionnelle à une crise qui est celle de la déstructuration absolue, pour faciliter décisivement l'explosion de toutes ses structures.
» Nous sommes entrés dans une séquence de dynamique de déstructuration maximale, dans le cadre d’une structuration qui est comme une prison empêchant les promoteurs et acteurs de la chose de sortir de cette dynamique, encore moins de la stopper. On ajoute à cette situation déjà admirable d’inversion le fait que l’objet de tout cette agitation compulsive et sans le moindre frein possible du fait de l’excitation exacerbée des psychologies n’est rien de moins que le pouvoir de l’américanisme, la forme même, – comme une essence (simulacre d’essence) de l’inversion, – du bras armé du Système, car ce pouvoir de l’américanisme est effectivement ce qui fait que le Système peut opérationnaliser sa puissance. […]
» Ainsi peut-on parler d’une “destitution rock’n’roll”. J’emploie cette expression très “tendance” (“dans le vent”, disait-on in illo tempore) à dessein, dans un but d’inversion vertueuse ; cette expression postmoderne relevant de la technique de communication également postmoderne d’endoctrinement par l’entertainment, les automatismes de mode, la “philosophie” pavlovienne de l’optimisme et l’emprisonnement du langage prisonnier du rythme obsédant et répétitif, comme moyen dialectique d’inversion vertueuse dans le but de réduction à la dérision et de reductio ad absurdum de l’objet considéré, – désigné comme le serait une tragédie du XVIIème siècle devenue tragédiebouffe du XXIème siècle, – j’ai nommé “La destitution du président Donald Trump”. »
Après un passage en revue des conditions de la situation à “D.C.-la-folle” qui justifient le titre de “Une destitution Rock’n Roll”, nous entendons enchaîner sur les conceptions et hypothèses qui justifient d’autre part, mais dans le même sens et la même logique, une trentaine d’étages plus haut, ce qui pourrait être le titre de “une destitution métahistorique”. Sur cette perspective, la même remarque que fait PhG est encore valable, pour la gloire de notre intelligence, et cela servira de conclusion à notre introduction après tout : « …nous réaffirmons et confirmons la sottise sans fin ni bornes, ni limites, ni rien du tout, de l’intelligentsia si-intelligente des élites parisiennes, constamment nourries au petit lait sucré de l’américanisme ; pour redire et redire qu’elles ne voient rien, “absolumentissimement” rien de tout cela. (Pour l’occasion, pour saluer l’abyssal colosse de Rien qu’est cette sottise parisienne, nous nous permettons effectivement d’emprunter à PhG sa dernière création, dite “de bric et de broc”, ce néologisme à la manière de l’“abracadabrantesque” de Rimbaud-Chirac.) »
Il faut savoir que les démocrates de la Chambre, sous la direction de la très-catholique et vénérable Nancy Pelosi, avec l’appoint du Squad et surtout d’Adam Schiff, président de la commission du renseignement de la Chambre, ont élaboré un piège de première dimension., – croient-ils... Pelosi a imposé de nouvelles dispositions concernant la procédure de mise en accusation, – la Chambre jouant le rôle du procureur [accusateur] et le Sénat celui du juge qui monte procès, examine le dossier, et tranche, – pardon “...et vote”.
Le but était d’écarter la minorité républicaine du processus (de l’acte d’accusation) et d’éviter le vote de l’assemblée, en s’en tenant au diktat de la commission accusatrice (la commission Schiff). L’intérêt et la nouveauté ont été à la fois de redéfinir les motifs de mise en accusation, et donc de destitution, et dans ce cas de réduire exactement l’accusation à un cas bien précis (la conversation Trump-Zelenski, et toute la soupe de faux-témoins et sources-bidon autour). Comme l’écrit plusieurs fois dans un même article Tom Luongo, “la destitution est un processus politique, pas un processus juridique”.
« La destitution est un processus politique, pas un processus juridique. Il n'existe pas de norme juridique pour les “crimes et délits graves”, comme le stipule la Constitution. Cette définition s’appuiera [pour ce cas de Trump] sur ce que le Sénat nominalement contrôlé par les républicains pense. »
La cause de la manœuvre de Pelosi-Schiff, c’est d’éviter que la minorité républicaine de la Chambre, sachant qu’elle ne peut éviter le vote de la mise en accusation que la majorité démocrate voterait à coup sûr, tenterait d’élargir le cadre de cette mise en accusation, par exemple au Russiagate dont le “sénile Mueller”, après deux ans d’enquête anti-Trump, a dû conclure qu’il n’avait rien trouvé de solide contre Trump. Par contre, on peut imaginer qu’on pourrait trouver quelque chose de solide contre les démocrates dans ce cadre élargi : c’est ce que Trump demandait spécifiquement à Zelenski dans la fameuse “conversation” du 25 juillet avant d’effleurer le cas Biden, – à savoir un montage anti-Trump effectué par les hommes d’Obama encore en poste jusqu’en janvier 2017 à partir de l’Ukraine, à partir d’un serveur (Crowdstrike) ayant opéré pour les démocrates pendant la campagne USA-2016, tout cela mêlé à l’implication d’un oligarque ukrainien à la demande de certains milieux anti-Trump.
« J’aimerais que vous nous fassiez une faveur parce que notre pays a traversé beaucoup de choses et que l’Ukraine en sait beaucoup à ce sujet. J'aimerais que vous découvriez ce qui s’est passé avec toute cette situation avec l’Ukraine, [on parle du serveur] Crowdstrike... »
Mais la messe n’est pas dite, d’autant que les pressions à l’intérieur du parti démocrate sont terribles, illustrées par cette remarque du chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell : « Nancy Pelosi est dans les griffes d’une clique gauchiste [de son parti]. Ils l’ont finalement convaincue de destituer le Président... » Ces pressions peuvent aboutir, du fait même de l’extrémisme chez les démocrates, à l’élargissement de la mise en accusation au Russiagate.
Il faut avoir à l’esprit que diverses narrative et autant de simulacres règlent le jugement des uns et des autres, et qu’ainsi de graves erreurs pour leur camp peuvent être commises par certains selon le simulacre d’où ils perçoivent une version spécifique de la “réalité”, et donc s’appuient sur “leurs” réalités. Nombre de gauchistes-démocrates n’ont pas accepté les conclusions du “sénile Mueller” et restent persuadés qu’on peut démolir Trump sur le Russiagate.
Au fond et en fait, chacun se voit un peu comme “le Grand Sachem” de l’affaire et trouve dans son propre simulacre et la perception faussaire qui en découle une formidable exacerbation de l’excitation psychologique en cours depuis USA-2016 ; et ainsi est-on en train d’atteindre une sorte de paroxysme et de nirvana à la fois, avec le processus de mise en accusation où l’on croit approcher du but tant rêvé : avoir le scalp, la peau et la tête de Trump tout ensemble !
Les conditions et le parcours à la Chambre sont une partie du problème, la partie où les démocrates foncent à tombeau ouvert... Mais au Sénat, justement, à la prochaine étape et l’étape ultime, le tombeau sera plus ouvert que jamais, et pour tout le monde encore ! Objectivement considéré, il règne un formidable désordre sur les possibilités de déroulement d’un procès dont les républicains, sous la pression de Trump, seront les maîtres d’œuvre. Cela vaut pour la citation des témoins, avec d’infinies possibilités de confrontation dans des affaires où plusieurs versions sont confrontées et aucune assurée, et surtout pas celle(s) des démocrates, sur laquelle (lesquelles) la mise en accusation est fondée.
Un articledu Washington Times du 8 octobre ouvrait l’éventail de possibilités incroyables d’affrontements publics, y compris avec Trump affrontant les témoins qui l’incriminent... L’avis d’experts travaillant au Sénat, sur lesquels l’article est basé, est que les démocrates ne se rendent pas compte de la machine incontrôlable qu’ils ont lancée... ZeroHedge.com a repris quelques extraits de l’article et les commente, et ces quelques lignes rendent compte de l’esprit de la chose :
« L’ancien vice-président Joe Biden et son fils Hunter pourraient être contraints de témoigner si le Sénat décidait de tenir un procès pour destitution du président Trump, selon le Washington Times, citant des assistants du Congrès “qui se demandent si les démocrates ont réfléchi à toutes les implications de leur action”.
» “‘Non seulement M. Biden pourrait être contraint d'être à Washington à un moment critique de la campagne présidentielle, mais nombre de ses principaux rivaux, – la demi-douzaine de sénateurs qui se disputent également l'investiture des démocrates, – pourraient l’âtre aussi’ ont déclaré les experts en destitution.” [...] “M. Trump pourrait même être présent pendant tout le spectacle. Les experts ont déclaré que le Sénat aurait du mal à le refuser [si Trump] exigeait de confronter les témoins l’impliquant.
» Il y aurait également la forte possibilité de forcer les ‘lanceurs d’alerte’ accusant Trump de “comportements répréhensibles” à témoigner publiquement, selon le sénateur Lindsey Graham (R-SC), président de la commission judiciaire du Sénat. Graham a également estimé que le président de la commission du renseignement de la Chambre, Adam Schiff (D-CA), pourrait être appelé à témoigner pour avoir caché les interactions de son bureau avec l’un des “lanceurs d’alerte”.
» “Je pense que les démocrates n’ont pas réfléchi à toutes les implications de leur action” a déclaré au ‘Times’ un membre du personnel, qui note que le Sénat contrôlé par les républicains “aurait le contrôle complet sur le déroulement du procès”. »
On comprend par conséquent selon quelles indications et quelles observations PhG peut se trouver fondé d’écrire ceci à propos des événements courants et en-cours et des perspectives à terme, disons de quelques jours pour ne pas s’arrêter à “quelques heures”, – et ainsi décrire le champ de la bataille qui ne cesse de se développer sous nos yeux, jusqu’à l’hypothèse presque extraterrestre d’un procès de Trump devant le Sénat, avec Trump présent et interpellant ses accusateurs corrompus jusqu’à l’os, ses témoins à charge complètement fabriqués, un Joe Biden venant justifier les émoluments de son fils entre deux primaires démocrates :
« C’est dire enfin que les avis, les perspectives et les prospectives ; les jugements à terme de 24 heures ou 48 heures, sinon les jugements immédiats, pour l’heure courante ; les évaluations, les certitudes de l’instant désintégrées l’instant d’après, ne cessent de se succéder dans une sarabande infernale, c’est-à-dire infernale-bouffe. Le Diable qui ne cesse d’“en rire encore” selon l’expression consacrée, a-t-il trouvé son maître en présidant d’une façon aussi ostentatoire, lui-même naturellement, à ce désordre qui devient un objet de dérision de lui-même ? Bonne question… »
Certains jugeront assez peu justifiée l’importance que nous accordons au facteur de désordre dans la crise du pouvoir de l’américanisme. Cela n’importe car notre religion est faite pour la séquence en cours qui présente une unité de facture et une durabilité (depuis 2016) extraordinaires : à Washington (comme à Pariset ailleurs), le désordre règle tout ; il est, comme on se plaît à dire, le maître des horlogers qui se prétendent “maîtres des horloges”. Pour autant, nous pouvons s’il le faut “être sérieux” et envisager des portions d’analyse classique qui prétendraient se référer à une situation rationnellement compréhensible, dans la mesure où elles peuvent jouer un rôle non négligeable.
Ainsi et dans ce sens, nous abordons plusieurs thèmes, personnes ou circonstances, qui jouent ou joueront un rôle dans cette crise de démence de l’“hyperpuissance” en cours d’effondrement. Nous en gardons ou en extrayons l’aspect qui s’adapte le mieux au désordre, pour l’alimenter ; il s’agit de thèmes qui peuvent être classés, disons, “auxiliaires du désordre”.
Il y a quelques jours, Trump proclamait emphatiquement, apprenant le lancement de la procédure de destitution : “That’s war !”. Il confirme la chose en annonçant que la Maison-Blanche refuse toute coopération avec les commissions de la Chambre chargées du dossier : refus de livrer des documents, refus d’autoriser des fonctionnaires à témoigner, etc. Il s’agit d’une confirmation opérationnelle de la “déclaration de guerre”, dont WSWS.org rend compte dans son style habituel qui tente continuellement de renvoyer dos à dos les deux adversaires, tous deux membres de l’Internationale Capitaliste.
« La Maison Blanche a déclaré mardi soir qu'elle ne coopérerait pas avec la Chambre des représentants américaine et avec l'enquête de destitution lancée par la direction du Parti démocrate. Cette décision marque une escalade majeure de la guerre politique à Washington.
» Une lettre signée par Pat Cipollone, l'avocat de la Maison-Blanche, affirme que l'enquête est une violation de la “procédure régulière” et de la Constitution des États-Unis. “Afin de remplir ses obligations envers le peuple américain, la Constitution, le pouvoir exécutif et tous les futurs occupants de la présidence, le président Trump et son administration ne peuvent pas participer à votre enquête partisane et inconstitutionnelle dans ces circonstances”, déclare-t-il
» La lettre avertit que la Maison Blanche ne fournira pas de témoignage ni de documents réclamés par l’enquête du Congrès, ouverte pour enquêter sur la conversation téléphonique de Trump avec le président ukrainien Zelenski le 25 juillet. Plus tôt dans la journée, le gouvernement Trump a ordonné à l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, de ne pas se présenter à un entretien prévu avec l’enquête de la Chambre. À la suite de cette annonce, Trump a qualifié l'enquête “de tribunal bidon totalement compromis”.
» Le mépris de Trump à l'égard du Congrès a un caractère nettement dictatorial. Il déclare en substance que sa Maison-Blanche ne reconnaît aucune contrainte juridique au pouvoir de la présidence. Son extraordinaire affirmation d'un pouvoir incontrôlé s'accompagne d'efforts pour mobiliser sa base droitière. Jeudi, Trump [a tenu] un meeting devant des policiers à Minneapolis, Minnesota, dans le cadre d’une campagne contre celui qu’il appelle le maire “d’extrême gauche” de la ville.
» Le défi lancé par Trump au Congrès – qu'il cherche à légitimer en se présentant comme la victime d'un complot – est facilité par les méthodes employées par les démocrates. Leur combat contre Trump n’a aucun contenu démocratique ni progressiste. L’argument des démocrates et de leurs soutiens des médias est que la politique de Trump a sapé les intérêts stratégiques de l'impérialisme américain. En pointant les méfaits de Trump, ils s’adressent, non pas à la classe ouvrière et à la jeunesse, mais aux sections de la classe dirigeante – services de renseignement et armée et même une partie des républicains – qui s'opposent à ce que Trump s’écarte des priorités géopolitiques et politiques de la CIA. »
Il apparaît clairement que Trump se battra de toutes ses forces, sans reculer devant aucun moyen ; il y est prêt politiquement et psychologiquement, presque avec une satisfaction agressive… Le 4 octobre, Tom Luango décrivait Trump comme un bagarreur de rue, un incroyable caractère narcissique qui ne reculera devant rien pour conserver l’avantage qui le met en avant ; pour un président-amateur qui a appris à introduire dans l’opérationnalité de sa fonction la “bagarre de rue” pour agir sans s’emprisonner dans les rets des armées bureaucratiques de conseillers où les double jeu et les “lanceurs d’alerte” pullulent, cette psychologie est un élément au moins aussi important que la situation institutionnelle :
« Pat Buchanan, au début de la présidence de Trump, nous a averti que Trump n'était pas Nixon. Nixon a démissionné par honte de sa conduite et pour protéger la fonction et l’unité du pays. Trump ne s’en irait pas aussi discrètement dans l’ombre de la nuit.
» Il est fait d’une matière différente. Qu’il ait tort ou raison, on ne le sortira du Bureau Ovale que les pieds devant... »
Le désarroi ou/et la folie des démocrates se mesure(nt) aussi bien par l’extraordinaire nouvelle du retour possible d’Hillary Clinton. Le couple qui pourrait concourir pour le titre du “couple politique le plus corrompu et le plus pervers de l’histoire des USA”, – ce qui n’est pas rien ! –, et là-dedans la femme politique la plus prédatrice et la plus intrigante, – sorte de “Lady MacBeth postmoderne”, – les Clinton seraient de retour(dans la mesure où ils nous auraient quittés, ce qui reste à voir). Hillary dément mais tout le monde bourdonne autour d’elle et les sondages la prennent soudain en compte, comme troisièmedans la lutte pour la candidature démocrate, – et comme seule personnalité démocrate capable de battre Trump.
On imagine le potentiel de désordre supplémentaire qu’impliquerait un retour d’Hillary pour une seconde fois face à Trump, le déchaînement de haine et d’hystérie que cela impliquerait, – des deux côtés, d’ailleurs. Les réactions tweeteuses sont si nombreuses et si complètement significatives (« Oh yes absolutely she should run because the annihilation and carnage will be fun to watch », « Yes, she deserves a second chance at being defeated ») ;Trump se pourlèche déjà les babines à l’idée de la possibilité d’affronter The-CrookedHillary. On a difficilement l’impression qu’un tel développement pourrait stabiliser la situation, notamment du côté des démocrates, en quelque façon que ce soit, – et que ce serait plutôt le contraire…
Sur ce dernier point, on ajoutera l’appendice qu’un retour d’Hillary aggraverait brutalement la situation au sein du parti démocrate où l’on ne l’attend pas avec des fleurs : les jeunes activistes de gauche ont de moins en moins besoin des leçons et du chaperonnage d’une vieille crapule de sa trempe ; surtout, une réaction contre la corruption du parti, déjà visible et gagnant en importance, serait fouettée par le retour d’“Hillary l’escroque”. Chez des candidates comme Marianne Williamson et surtout Tulsi Gabbard (qui juge la destitution comme un risque de guerre civile), la puanteur de la corruption du DNC est déjà insoutenable et elles le font savoir… On imagine le tableau si Hillary revenait : l’“unité” des démocrates volerait en éclats, jusqu’à une scission possible d’affrontement ajoutant au chaos.
…Le bouffe n’ayant aucune limite, il est possible que nous voyons également réapparaître, cette fois du côté républicain, Mitt Romneycomme adversaire de Trump, tentant de rallier le camp de tendance neocon et du complexe militaro-industriel contre Trump. Romney est une vieille crapule corrompue et fortunée, candidat républicain “malheureux” en 2012 et d’une médiocrité sans nom. Cela lui donne beaucoup d’atouts, certes, dans un parti républicain corrompu dont le soutien à Trump a été imposé plus que désiré.
Le cas Romney, “traître” notoire à Trump et sans le moindre scrupule, illustre une certaine incertitude du soutien républicain à Trump, – lequel soutien conditionne évidemment son acquittement en cas de procès. Un autre texte du même Longo détaille cette situation qui n’est pas sans risque pour Trump.
(D’une façon finalement très significative de la complexité et de l’incertitude de lutte autour, avec et contre Trump, ce texte de Longo du 6 octobre contredit, d’ailleurs d’une façon assumée, celui du 4 octobre déjà référencé sur les qualités de résilience de Trump. Cette contradiction est à l’image de la situation de “D.C.-la-folle”.)
Quoi qu’il en soit, Trump dispose d’un fort moyen de pression sur les républicains : sa popularité dans la base populaire des votants, dont dépendent les élus républicains. Ce n’est pas pour rien que McConnell, président du groupe républicain au Sénat, assure que tant qu’il détiendra ce poste, Trump ne sera pas destitué, – et il met cela sur le compte Facebook de sa campagne électorale pour sa réélection comme sénateur, comme un bon gros clin d’œil aux électeurs : « Nancy Pelosi est dans les griffes d’une clique gauchiste. Ils l'ont finalement convaincue de destituer le Président. Vous connaissez tous votre Constitution. La façon dont le processus de destitution sera tenu en échec, c’est avec une majorité au Sénat et avec moi comme chef de cette majorité. »
Il est certain qu’il y a une tangente belliciste contre Trump, jugé par les milieux neocons & associés, jusqu’au DeepState bien entendu, c’est-à-dire selon un courant qui transcende les partis, comme un président “dangereux” pour ses impulsions “pacifistes”, comme lorsqu’il a annoncé une fois de plus, il y a quatre jours, que les troupes US devaient se retirer immédiatement de leurs positions en Syrie au nom de l’absurdité de ces “guerres extérieures”, – mais, dans ce cas, laissant les Kurdes seuls face aux Turcs. La “décision” (?) a provoqué un tollé, notamment chez les républicains. La chronologie de l’événement apparaît d’ailleurs assez étrange et même un Pat Lang, adversaires déclaré des guerres extérieures à-la-neocon, juge déplorablecet épisode.
Il est vrai que Trump est un peu revenu sur ses pas en menaçant la Turquie, tandis que des sources au Pentagone “tempéraient” les déclarations de dimanche. Depuis, Trump, à nouveau et dans l’autre sens, est revenu à une charge furieuse d’une façon plus générale et sensationnelle, qui met en accusation les USApour toutes leurs interventions extérieures depuis 9/11 et radicalise d’une façon ontologique sa dimension antiSystème, et l’opposition des extrémistes du bellicisme.
Quoi qu’il en soit, on n’étonnera personne en observant que nous sommes ici encore dans une dynamique de confusion si caractéristique du “système (?) Trump”, que l’on en vient à conclure que la problématique des “guerres extérieures” devrait surtout conduire à “ajouter du désordre au désordre”, et il n’est pas aisé de distinguer malgré la corruption pro-Système du parti républicain comment un regroupement anti-Trump dans ce domaine pourrait acquérir une puissance décisive jusqu’à peser indirectement en faveur de la destitution.
Dans les situations que l’on a décrites où est menacée l’existence des deux ailes (démocrates et républicains) du “parti unique”, écrasées par leur corruption et leurs liens infâmes avec divers centres d’intérêts particuliers, privés et subversifs, US ou non-US, on distingue au-delà du cas de la destitution une situation exemplaire de menace de la désintégration totale de tout l’arrangement bipartisan du système du pouvoir de l’américanisme. De même et parce que ces situations sont surtout faites d’arrangements de corruption de circonstances, sans autre buts que le lucre et la sauvegarde, et cela sous une pression extérieure énorme et hors de tout contrôle humain et de toute force partisane organisée, comme une force suprahumaine, on en arrive très rapidement et évidemment à émettre des doutes fondamentaux sinon décisifs concernant le caractère purement idéologique que certains veulent donner à l’affrontement en cours, de la guerre civile potentielle à “D.C.-la-folle”.
En actant toutes ces données objectives de désordre et de chaos, on est conduit à chercher une explication plus haute, plus fondamentale, de la situation. C’est ainsi que nous présentons l’hypothèse du “modèle dostoïevskien”, qui vaut bien entendu pour “D.C.-la-folle”, et aussi pour tous les autres foyers et incendies, hors des USA, qui peuvent être liés directement ou indirectement à ce que nous nommons la Grande Crise d’Effondrement du Système.
Le cas spécifiquement métahistorique choisi ici est inspiré par la thèse de Mircea Marghescu, dont nous avons déjà parlée, dans son livre Homunculus sur une ‘Critique dostoïevskienne de l’anthropologie’. Accordant une importance quasiment sans égale sur la signification et l’analyse très originale et décisive de la modernité dans son affrontement avec la Tradition, dans l’œuvre de Dostoïevski, Marghescu écarte l’explication idéologique au profit de l’explication décisivement fondamentale de l’ontologie.
« Deux hypostases de l’humain s’affrontent, ontologiquement différentes puisque chacune à son ouverture au monde spécifique… […] La transgression dont Raskolnikov se rend coupable et qui plus tard ne fera que se répéter avec le meurtre, n’est pas idéologique mais ontologique ; “avant” et “après”, ce n’est pas d’un même homme puisque le second a une conscience nouvelle dont les compétences ont été “élargies”.[…] On comprend mieux ainsi la teneur du conflit dostoïevskien, – qui n’a rien de commun avec le débat idéologique… »
Marghescu oppose ainsi, dans l’univers dostoïevskien, l’“homme normal”, également désigné plus précisément comme “homme traditionnel”, et “l’homme nouveau”, qui est le moderne et qui pourrait être “l’homme moderne“, – Raskolnikov nous étant présenté comme l’archétype de l’être qui, changeant d’“être”, passe de l’un à l’autre. On comprend ainsi que, loin d’être un progrès dans le sens de la valeur qualitative, cette évolution, qui passe sous les fourches caudines de cette inversion diabolique du progrès qu’est “le Progrès selon le moderne”, représente une complète catastrophe ontologique présentant aujourd’hui les comptes décisifs qu’il importe de régler, dans le cadre absolument contraignant comme un Temps de la Grande Crise de l’Effondrement du Système.
L’“homme nouveau” « voit s’achever l’aventure commencée à la Renaissance puisqu’il a épuisé ses projets dans l’action et qu’il n’en a pas d’autres. […] Au moment même où Zarathoustra, – et les naïfs, – se croient encore aux aurores et appellent un “homme nouveau”, Stavroguine et Raskolnikov savent que la nuit tombe et que “l’homme nouveau” a vécu… ».
En prenant cette approche Marghescu/Dostoïevski, nous ne prétendons pas une seconde, cela va de soi, que la crise américaniste se ramène au conflit entre l’“homme traditionnel” et l’“homme nouveau” ; nous prétendons que dans un sens opérationnel précieux pour l’analyse, “tout se passe comme si la crise américaniste se ramenait au conflit entre l’‘homme traditionnel’ et l’‘homme nouveau’”. Dans ce sens précisément et seulement dans ce sens, malgré et en dépit des singularités extraordinaires des USA et du citoyen des USA qui n’ont finalement leur utilité que parce qu’ils constituent le détonateur exceptionnel de la crise les détruisant eux-mêmes et le reste de notre contre-civilisation, la crise américaniste est absolument similaire à toutes les autres crises, elle est la plus parfaite représentation de la crise du monde et de la Grande Crise d’Effondrement du Système ; et encore plus, et par conséquent comme justification de notre démarche analogique, elle est la plus parfaite représentation par interprétation de la crise fondamentale, – modernité contre Tradition, – qu’illustre le “modèle dostoïevskien”.
Pour Dostoïevski, l’“homme normal” (encore au XIXème siècle), plus sûrement “homme de la Tradition”, est l’homme qui naît dans un monde où existent un cadre transcendant qu’il importe de respecter comme la nature même du monde dont il doit faire partie ; une multitude de “liens” transcendants, c’est-à-dire des structures qui forment le cadre de la nature du monde, qui vont dire à cet homme, de façon impérative, dans quel sens et de quelle façon doivent aller ses actes et sa vie. L’“homme nouveau”, ou “homme moderne”, c’est l’homme dont la conscience a pris le pas sur le reste et décidera “de façon impérative dans quel sens et de quelle façon vont aller ses actes et sa vie”, et donc qui soumet la “nature du monde” dont il tend de plus en plus à douter de sa pertinence sinon de son existence au jugement triomphal de sa conscience. « Chaque lien, naguère transcendant, perd son statut pour devenir relation permanente et, de ce fait, précaire… » (“précaire”, et bientôt crisique, puis catastrophique comme on le voit aujourd’hui).
Notre idée est donc que les USA crisiques, au travers de leur crise fondamentale (ontologique, certes !), se sont transformés, passant d’un affrontement pseudo-idéologique, en un affrontement ontologique sans que les acteurs de la chose en soient nécessairement conscients, – ce qui n’a strictement et absolument aucune importance.
(Ce dernier membre de phrase situe où nous nous trouvons dans cet affrontement, où nous nous plaçons, combien nous prenons en compte cette interprétation et qui peut l’emporter, et qui ne peut en aucun cas, en aucune façon, jamais l’emporter.)
Bien entendu, dans notre schématisation :
• les adversaires des progressistes-sociétaux (plutôt que “partisans de Trump”, circonstance tactique importance mais devenant anodine) représentent les “hommes traditionnels” bien qu’ils ne le soient absolument pas stricto sensu puisqu’ils sont au départ fils des USA, donc des “hommes nouveaux” fidèles aux principes des Pères fondateurs qui ont engendré la modernité ;
• Les progressistes-sociétaux (les ennemis de Trump) sont effectivement des “hommes nouveaux”, ils ne s’en cachent pas et même s’en revendiquent ; mais “hommes nouveaux” qui font la démonstration de la catastrophique absurdité que constitue cette “nouveauté” qu’est la modernité puisque, poussant à l’extrême ses “valeurs” (égalité, individualisme, hybris par rapport à la nature du monde, etc.) qui sont, elles, idéologiques, ils arrivent complètement, cliniquement à la démence, en même temps qu’à la destruction de leur civilisation et du monde.
Autrement dit, la crise US est une incarnation (mais nullement un simulacre) du paroxysme de la catastrophe originelle qui a frappé notre civilisation, l’a transformée en contre-civilisation et la conduit vers la néantisation, à l’entropisation, – qu’elle atteindra d’une façon ou l’autre, pour laisser place à “autre chose” qui reprendra la chaîne interrompue (voir Toynbee). Comme l’on voit, cette crise US n’a aucun lien direct, disons décisif, avec les divers gadgets idéologiques dont on nous rebat les oreilles, y compris avec le capitalisme qui n’est qu’un outil de la Chute…
Comme l’on voit c’est et ce ne peut être qu’une crise destructrice, comme partout ailleurs, et une crise destructrice du Système. Tous les moyens sont bons pour l’activer dans toute sa puissance. Les acteurs jouet à faux-emploi et s’avèrent fort efficaces : les “Tradis” sont en fait des “hommes nouveaux” trahis et manipulés et reprenant les revendications des “Tradis” ; les “hommes nouveaux”, poussant jusqu’à l’extrême de la démence et de la déroute totale les exigences de la modernité, deviennent des caricatures infâmes de ce qu’ils prétendent être, et ainsi premiers dénonciateurs paradoxaux de ce dont ils prétendent faire la promotion. Et dans cette bataille à faux-nez, des arguments des uns peuvent être utilisés pour servir la cause assez mal identifiée de leurs adversaires.
Crise absolument destructrice, crise de déstructuration d’une structure (le Système) conçue pour déstructurer la nature du monde. Il s’agit donc pour l’instant de détruire, Delenda Est Systemum. Après, l’on se comptera et l’on verra … Après, la loi du monde reprendra ses droits.
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