Notre définition (1) — l'“américanocentrisme” de dedefensa.org

Le 10 septembre 2002

Un lecteur nous fait remarquer, au plus juste des propos, que dedefensa.org suit une tendance que nous nommerions nous-mêmes “américanocentriste” (Voir notre rubrique Forum, au 18 juillet). Cela est incontestable. Nous ne prenons évidemment pas ce commentaire comme une critique mais comme une remarque éventuellement interrogative. Cela nous invite à nous en expliquer, ce que nous faisons ici, nous espérons pour le bénéfice de tous nos lecteurs.

Ce n'est pas, — on nous en fera crédit — que nous ignorions que “le reste du monde” (ROW pour “Rest Of the World”) existe ; bien au contraire, ROW existe tant pour nous qu'il est, après tout, la cause essentielle de notre américanocentrisme ; c'est au nom de ROW que nous versons dans cette tendance.

Notre constat aujourd'hui, heureux ou malheureux, est que tout ce qui est important en matière de relations internationales et de sécurité dépend de l'Amérique et se fait en fonction de l'Amérique. Nous ne pensons pas que cela soit justifié, nous avons assez dit que nous pensions que la puissance américaine est d'abord virtualisme, qu'elle est influence sur la psychologie des autres pour faire croire à cette puissance. Explication intéressante, certes, mais qui justifie d'autant plus le constat de l'importance centrale de l'Amérique. Pour cette raison, encore et enfin, bien connaître l'Amérique et en connaître le plus possible sur l'Amérique est une tâche essentielle, pour elle-même autant que pour servir au “reste du monde”.

Il existe peu de sites sur Internet où l'on attende, plus que dans dedefensa.org, que le “reste du monde” se signale par autre chose qu'un suivisme apeuré des consignes de Washington ou une critique épisodique et vite remisée au magasin des audaces intempestives. Nous n'avons pas ménagé notre intérêt pour certaines manifestations du président mexicain Vicente Fox, non par intérêt particulier pour sa présidence ou pour les affaires mexicaines, mais parce que son comportement est à la fois un exemple pour bien d'autres, et un événement capable de modifier les affaires américaines dont nous dépendons tous, et enfin parce que Fox, répétons-le, est le seul chef d'État capable aujourd'hui de se comporter de façon digne et estimable vis-à-vis de la puissance autoritaire de Washington. Quelles que soient ses arrière-pensées et l'arrière-plan de ce comportement, quel que soit l'homme, le comportement en cette circonstance mérite tout l'intérêt du monde et nous ne le lui ménageons pas. Inutile de dire que si nous avions un de Gaulle aujourd'hui à Paris, — qui, lui, saurait bien y faire avec GW et sa bande, — nous suivrions ses faits et gestes avec passion.

Tout cela est dit pour asseoir notre conviction, que nos habitués commencent à connaître : l'Amérique, aujourd'hui, est le grand, l'immense événement de notre temps historique, et c'est bien la raison pour laquelle cette époque est celle du plus grand risque de décadence et/ou d'effondrement, par de multiples possibilités, que la civilisation en place ait jamais eu à courir. Il nous faut observer ce phénomène, le suivre de près, informer autant que faire se peut, commenter de même. C'est plus qu'un besoin, c'est un devoir.

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Post-Scriptum : ce texte pourrait bien apparaître comme le premier d'une série que nous publierions de façon irrégulière, selon l'air du temps, pour mieux définir ce que nous sommes et ce que nous développons comme analyse générale, à de defensa.org. Ce texte serait donc classé sous la dénomination : “Notre définition” (1)