Notre “esprit de 1793”

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Notre “esprit de 1793”

23 novembre 2012 – Ceci, qui suit, n’est qu’un exemple parmi un très grand nombre de démarches de communication similaires, recélant notamment des informations, voire des informations qui apparaissent importantes une fois qu’elles sont interprétées, y compris symboliquement, pour approcher leur vérité. Disons que cette démarche d’interprétation informative tombe à pic dans l’intention que nous avons d’étudier, pour un instant, mais un instant qui confirme le reste, tout le reste depuis 2008 au moins, l’évolution de la crise. Il s’agit d’un texte du site WSWS.org (du 19 novembre 2012), site de la quatrième internationale trotskiste, dont les analyses sont parfois très satisfaisantes, notamment du point de vue économique générale.

Cette fois, l’intérêt du texte est surtout que le site s’est arrêté, fort justement à notre sens, à un article du New York Times (NYT), sur le fait du quasi-silence des deux candidats aux élections présidentielles sur la question de la dette colossale du gouvernement fédéral, avec la mesure dite de séquestration qui doit être appliquée au tout début de l’année prochaine (le 2 janvier 2013). (La question de la séquestration est surnommée, avec une vision plus large s’appliquant à toute la dette, la “fiscal cliff”, littéralement “falaise fiscale”, signifiant la chute considérable qu’on imagine…) Le NYT explique, “avec un cynisme significatif” ajoute WSWS.org, qu’il y a eu un accord tacite entre les deux candidats, une des rares occurrences où il y a encore “accord bipartisan”, pour n’en pas parler, – ce que WSWS.org appelle, justement encore, une “conspiration du silence”, – une sorte de complot, par conséquent

«In the article, “Demystifying the Fiscal Impasse That Is Vexing Washington,” the Times asks, rhetorically: “Many Americans must be wondering: What is all this about a ‘fiscal cliff?’ And why did it receive so little attention during the presidential campaign?” The answer follows: “Well, it’s complicated—the so-called cliff, that is. And most solutions are politically painful. In a rare show of bipartisanship, or mutual protection, both parties ducked the debate until after the election.”

»This claim amounts to an admission that both candidates conspired against the American people to prevent any discussion of what Obama has called his “first order of business.” This is because the plans are “politically painful”—i.e., overwhelmingly opposed by the population.»

L’article du NYT se poursuit, sous l’appréciation vigilante de WSWS.org, pour expliquer qu’en fait, tout le monde (dans les directions dépendant du Système) est d’accord pour aboutir à d’énormes réductions des dépenses publiques, essentiellement dans les programmes sociaux. (Ce que WSWS.org soulignait, dans sa plate-forme électorale, en octobre dernier, de cette façon : «The plans of the ruling class for after the elections are being concealed from the American people. The next administration, whether led by a Democrat or a Republican, is planning huge cuts in Medicare, Medicaid, Social Security, food stamps, public education and other social programs.»)

…Suite du commentaire de WSWS.org : «Moreover, [the NYT] points to the bipartisan drive to give entitlement cuts, long regarded as the “third rail” of American politics, an aura of inevitability.

»After asserting that both parties “ducked” the issue of the austerity measures in the election, the article outlines how, in the years before the vote, the Democrats and Republicans set the stage for slashing social spending by constructing the “fiscal cliff.” “Since Ronald Reagan’s administration, with mixed results, presidents and Congresses have occasionally mandated a self-imposed future crisis to force themselves to agree on unpopular tax and spending actions. In that spirit, the idea behind the August 2011 deal was that Republicans would so greatly fear the military cuts, and Democrats the domestic spending cuts, that they would negotiate a deficit-reduction alternative by the Jan. 1 deadline.”

»The article goes on to note, “Such an agreement would set specific targets for new tax revenue and spending cuts to reduce deficits by about $4 trillion over a decade, giving Congress and the president more time to work out the details. If they failed to do so, presumably other automatic changes might be in store as an enforcement action — setting up yet another looming deadline.”»

Certes, nous aurions pu simplement nous pencher sur le cas de tel ou tel pays européen, en partant du cas de la Grèce bien entendu. Le constat aurait été similaire. Disons que l’occasion (USA, article NYT) tombait bien, et, surtout elle doit être prise comme une confirmation fondamentale, presque une “grande nouvelle”, évidemment subreptice comme sont aujourd’hui toutes les “grandes nouvelles”, pour ne pas affoler le public éventuellement, pour ne pas s’affoler soi-même après tout. La “grande nouvelle” concerne le cas énorme des USA, qui a jusqu’ici suivi une politique assez ambiguë, c’est-à-dire sans freiner les “dépenses publiques” (mais essentiellement pour aider les banques placées devant des dettes colossales, avec une très faible partie consacrée à la dimension sociale). Cela n’a bien entendu pas empêché une considérable détérioration de la situation sociale aux USA, mais cela a servi à différencier, du point de vue de la communication, les USA des pays européens, leurs compagnons du bloc BAO, dans leur attitude face à la crise (financière, économique et sociale).

Il n’empêche, l’article du NYT, tel qu’il est parfaitement débusqué par WSWS.org représente la première démonstration, à ce niveau public, presque officiel, du plan que le Système va développer pour tenter de résoudre la question de la dette du gouvernement fédéral, et cela portant sur un objectif initial minimum de $4.000 milliards de dépenses publiques sur dix ans. Nous parlons de “ce niveau public, presque officiel”, parce que le NYT joue aux USA le rôle que jouait la Pravda en URSS, d’être le porte-parole semi-officiel, ou “officieux” dans un sens sous-entendant une certaine inversion, du Système d’une façon générale. L’article a donc une signification importante : il est une information générale communiquée au public, surtout au public sélectionné des cadres du Système, pour l’informer sur le plan qui va être appliqué. La seule différence entre la Pravda et le NYT est que la première ne cachait pas vraiment sa fonction d’outil servile du pouvoir tandis que le second continue à exsuder toute l’hypocrisie et l’arrogance qui sont la marque principale de la faction, ou “bande”, libérale-progressiste du Système, celle qui manie le mieux l’apparence d’une vertu contente d’elle-même mise au service de la plus épouvantable machinerie, ou entité, ou égrégore, – dito le Système, – développée selon l’inspiration du “déchaînement de la Matière” pour détruire le monde par entropisation. (Voilà l’exacte mesure du NYT, qui n’a même pas le piètre courage d’être ce qu’il est, donc encore plus bas que la Pravda si c’est possible, puisque c’est possible...)

En d’autres termes, les USA vont subir effectivement, à leur manière, le sort de la Grèce… Or, les USA sont, d’ores et déjà, dans une situation qui, pour être dissimulée selon les arrangements habituels d’un système passé maître dans l’art de la “potemkinisation”, n’en laisse pas moins apparaître son état catastrophique de bien des façons. Nous ne parlons pas ici des informations contingentes et conjoncturelles de type “statistique”, cette science devenue un outil pour fausser par l’impératif des chiffres la situation de la réalité, sur l’évolution de telle ou telle situation économique ou sociale, comme l’emploi, qui sont largement manipulées et peuvent être présentées. Il s’agit d’informations dépendantes du système de la communication et utilisées comme telles, pour alimenter la narrative contingente et conjoncturelle dans l’immédiateté de l’information. Dans tous ces cas, et dans celui de l’emploi pour ce cas, les manipulations sont bien connues et l’on peut aussitôt corriger la perception faussaire du système de la communication en se référant aux chiffres de la réalité structurelle, passant ainsi, toujours pour le cas de l’emploi, des 8% de chômage conjoncturel de communication aux 18%-25% de chômage structurel de situation.

Le cas des food stamps est exemplaire, puisqu’il vient d’être mis en évidence par des informations sur l’état structurel de la situation, avec l’explosion de ce domaine qui constitue une adaptation “convenable” et arrangée par le système de la communication de la soupe populaire. On trouve notamment un article de Russia Today du 21 novembre 2012 et un article du 22 novembre 2012 de Examiner.com. Tous les rapports mettent en évidence l’explosion d’inscription au système des ”food stamps”, dans des conditions d’extrême ambiguïté («Talk show host Alex Jones has long warned that food stamps and other government programs are poverty traps designed to lull people into serfdom. People are highly delusional if they believe the government will take care of them, Jones says. Insidiously, the government is drumming up recruits for food stamps while simultaneously making plans to cut funding for the program.»)

Selon Examiner.com : «Reuters reported that “a record 47.1 million people used food stamps in August 2012, up from 45.8 million a year earlier.” “The reason for the explosive growth in food stamps isn't fraud or a sense of entitlement, as conservative pundits have claimed,” writes John Stoehr in the International Business Times. “It's because people don't have enough money, and given the government's job forecasts, this is not a short-term trend.” […]

»Talk show host Alex Jones has long warned that food stamps and other government programs are poverty traps designed to lull people into serfdom. People are highly delusional if they believe the government will take care of them, Jones says. Insidiously, the government is drumming up recruits for food stamps while simultaneously making plans to cut funding for the program. […]

»The picture is even bleaker because more people probably qualify for food stamps. According to Social Security Administration figures, about 75 million Americans are living at or slightly above the poverty line. Factor in soaring food prices and drought conditions we have a recipe for a famine. There’s another word for it: Genocide.

»Recent news reports outline proposed cuts to the food stamp program at a time when enrollment is record levels. Whether you believe cutting food stamps is good or bad, one thing is certain. We have a humanitarian crisis of epic proportions waiting on the horizon.»

“En d’autres termes”, écrivions-nous, “les USA vont subir effectivement, à leur manière, le sort de la Grèce”… Mais non, pourtant, car les USA ne sont pas la Grèce, nous voulons dire d’une entité qui n’est de même nature que la Grèce dans sa crise. La Grèce, et les autres pays de l’UE, sont dans une situation où les responsabilités sont diluées entre le gouvernement national, les orientations de plus en plus impératives de l’Union Européenne et le poids d’influence prépondérante de l’un ou l’autre pays de l’Union. Dans le cas de la Grèce, toujours pris comme exemple, la réaction populaire éventuelle est nécessairement divisée entre trois cibles possibles (le gouvernement national, l’UE, l’Allemagne). Le cas des USA est évidemment différent, puisque la responsabilité est aussitôt perçue comme étant celle, quasiment exclusive, de l’administration fédérale. C’est le gouvernement fédéral qui est directement responsable du Bien Public et gestionnaire de ce Bien Public, c’est le gouvernement fédéral qui est le garant du principe de souveraineté à cet égard bien que lui-même n’y souscrive pas (le gouvernement fédéral des USA n’est pas une entité dépendant d’une référence principielle, au contraire d’un véritable État ; c’est un artefact à cet égard, fabriqué pour rencontrer des intérêts divers formant la puissance oligarchique et systémique du pays).

La situation actuelle montre que le gouvernement fédéral manipule déjà le Bien Public dans une forme qui détruit le principe de souveraineté qu’il est censé défendre, notamment en détruisant les structures sociales et les psychologies à mesure… Il s’agit bien de la situation actuelle, alors que se préparent les plans qu’annonce le NYT, qui portent sur des attaques profondes et radicales des programmes sociaux, d’une puissance destructrice inouïe (dont les food stamps, envisagés plus haut), pour au moins $4.000 milliards en 10 ans, – estimation qui ne peut être prise que comme un plancher, la plus basse possible, susceptible évidemment d’être très fortement majorée selon l’évolution budgétaire catastrophique de l’administration. Tout cela se fait dans le cadre général d’une situation sociale déjà établie dans la dégradation et, pour certains cas, dans la terreur de zones absolument abandonnées par les structures légales et par l’intervention du Bien Public, donc déjà parfaitement déstructurées et en cours de dissolution. (Voir notamment les textes, sur le site STHF.plan.com, les 19 novembre 2012 et 20 novembre 2012, sur certaines situations urbaines.)

Dans cette situation et avec ces perspectives, on comprend le lien qui est fait en général, dans la presse alternative de l’Internet, avec les “précautions” des autorités, avec l’achat massif d’armes et de munitions pour ce qu’on nomme “les forces de l’ordre”, – les divers services de maintien de l’ordre et de répression, polices fédérales ou non, et divers services et agences du domaine. (On décompte au moins la fameuse nouvelle de l’achat en tranches, par le Homeland Security Department, de 750 millions de munitions, essentiellement des balles “dum-dum” destinées à l’armement standard des polices, dont l’emploi dans les guerres est interdit par la Convention de Genève.) La direction politique du système de l’américanisme intégrée dans le Système, – cette fois, donnons-lui sa fonction exacte, puisqu’il est question d’entente parfaite entre les deux ailes du “parti unique”, – s’attend clairement à des insurrections populaires. Sa démarche comprend tous les volets d’une agression fondamentale contre la société en tant que telle, au nom d’un Système engagé dans sa crise terminale et qui génère une telle agression marquée par la surpuissance de son action déstructurante.

(Nous laissons de côté, dans cette analyse, les hypothèses sur les réactions populaires possibles, sous quelle forme, etc., pour nous attacher au seul processus de la direction politique placée dans les contraintes de la politique-Système. Les réactions populaires, surtout aux USA qui représentent un cas très spécifiques dans l’esprit de l’organisation sociale, doivent être traitées à part, tant elles peuvent prendre une forme autonome, qui n’est pas directement dépendante de la forme de l’oppression du Système, bien que cette oppression serve évidemment de détonateur pour elles. Elles représentent bien entendu un facteur fondamental dans l’opérationnalité de l’évolution de la crise, mais nous n’envisageons ici que la tentative de description de l’évolution de la crise sous l’impulsion du Système)

Sommes-nous le 21 janvier 1793 ?

Pour poursuivre notre présentation et l’élargir, et surtout le grandir au niveau métahistorique qui convient, nous empruntons une analogie historique (métahistorique) symbolique déjà utilisée, dans sa première partie, à diverses occasions. Effectivement, nous avons, à plusieurs reprises (notamment le 14 juillet 2010 et le 12 février 2011), cité la référence de “1789”. Cette référence analogique et symbolique de 1789 s’ouvre, pour nous, avec la crise financière de l’automne 2008, et elle concerne évidemment la “psychologie de 1789”, bien plus que les événements à partir de 1789. Dans notre dde.crisis du 10 juillet 2010, nous écrivions effectivement :

«Il est de coutume, surtout dans la culture d’opposition au système, d’annoncer que nous sommes en 1789 et qu’une nouvelle Grande Révolution menace. Acceptons l’analogie. Ce n’est certainement pas pour annoncer pour demain matin (14 juillet 2010) la prise du bâtiment du FMI comme si c’était la Bastille, ni des émeutes de la faim qui renverseraient un régime tricentenaire. Nous considérons que ces schémas sont dépassés et montrent les limites de la raison humaine à concevoir sa propre crise terminale. (La plupart des opposants au système, ceux-là même qui annoncent que “nous sommes en 1789“, qui dénoncent un système asservisseur de la raison humaine consentante, sont eux-mêmes dépendants de cette raison humaine pour la prospective.) Par contre, ce qui, à notre sens, ressemble à 1789, c’est l’état de notre psychologie – la même fatigue, voulons-nous dire, d’une psychologie qui a trop subi de pressions à la fois du système et de la raison dont elle devrait être l’outil, qui lui imposent des perceptions différentes de la réalité.»

Dans notre rangement ainsi amorcé, il s’impose de constater que nous avons vécu depuis l’automne 2008 (ou, pour faire plus correspondant dans les chiffres en introduisant le “9”, disons l’hiver 2008-2009), selon “une psychologie de 1789”. Il s’agit d’une psychologie de plongée dans une crise fondamentale, de celle que Guglielmo Ferrero appelait “la Grande Peur de 1789”, de celle qui constitue à elle seule une époque, exactement à l’image de la Révolution française selon Joseph de Maistre (pour Maistre, la Révolution est «une époque» en soi, à elle seule). Durant cette période depuis 2008(9) (“depuis 1789”) a prédominé effectivement un “esprit de 1789”, c’est-à-dire l’esprit de considérer des événements extraordinaires et de les tenir sans aucun doute comme tels, sans en distinguer ni la continuité, ni l’intégration, ni la puissance irrésistible, ni l’originalité absolue. (Par cette expression d’“originalité absolue”, signifiant l’absence de précédent de cette “époque” dans la période historique qui l’a précédé et enfanté, – par conséquent cette “époque” “depuis 2008(9)” constituant effectivement la crise d’achèvement de tout ce qui a précédé depuis le “déchaînement de la Matière” [avec, notamment, la Révolution française]).

Nous faisons l’hypothèse qu’avec cette situation potentielle aux USA, dans ce centre bouillonnant du Système et lui-même (ce centre) d’une puissance inouïe aussi bien dans le sens du Système que potentiellement dans le sens antiSystème, cette explosion désormais possible sinon probable d’une mise en coupe sans précédent (réduction sauvage et inouïe des dépenses sociales) de la population au nom des nécessités de l’ordre-Système, nous entrons en 1793, dans “l’esprit de 1793” et dans la “psychologie de 1793”. Cela signifie, selon nous, que nous entrons dans notre équivalent-Système de cette période de la Révolution qu’on nomme “la Terreur”, ouverte par la décapitation de Louis XVI le 21 janvier 1793. Dans notre F&C du 3 janvier 2012, nous définissions le “courant de 1793” pour Joseph de Maistre, en donnant involontairement, de la même façon, la définition de l’“esprit de 1793” et de la “psychologie de 1793” :

«Le second courant (1793 et ‘cette crise d’une telle importance qu’elle ne peut être comprise sans la faire entrer dans sa dimension métaphysique’) est naturellement la perception intégrée de cette crise que nous désignons notamment comme ‘la crise terminale de l’effondrement du Système’. Cet effort d’intégration est, à son tour, favorisé, dans tous les cas indirectement, par d’autres segments du système de la communication qui rendent compte de plus en plus précisément des signes de la chose, sans en donner pourtant une objectivation ou une rationalisation par ailleurs bien difficiles à exprimer…»

D’un point de vue “opérationnel”, et pour marier ces appréciations conceptuelles avec l’introduction concernant la crise des USA et la façon dont elle va passer à un palier absolument catastrophique, nous sommes conduits à proposer la remarque fondamentale que le comportement de la direction américaniste va, pour la première fois de façon massive, faire pénétrer dans les psychologies, notamment dans les populations, l’idée absolument impérative et furieuse, sinon révolutionnaire que ces directions sont entièrement conduites, évidemment par le Système et la politique-Système, non pas à tenter de résoudre “la” (les) crise(s), mais, au contraire, à chercher continuellement (et inconsciemment, peu importe) à faire en sorte que la (les) crise(s) s’aggrave(nt), notamment en décidant constamment d’appliquer sans aucune hésitation ni le moindre amendement les mêmes mesures et les mêmes conceptions qui sont à la base conceptuelle de la crise initiale et qui en sont la cause opérationnelle. Il y a effectivement dans cette volonté de recommencer sans cesse la crise qui vient d’être vécue à partir des ruines que cette crise précédente a installées, en reconduisant la même doctrine, les mêmes conceptions, etc., une manifestation convaincante de la pérennité de l’application de cette politique-Système, et une explication acceptable de l’évolution, pour notre époque et pour notre crise, vers l’entrée dans ce que nous nommons l’“esprit de 1793”.

Pour poursuivre l’analogie, nous dirons donc que cette nouvelle phase de l’“esprit de 1793” est une entrée dans la phase de la Terreur, c’est-à-dire dans la phase ultime de la crise terminale du Système où l’on commence à admettre que les politiques suivies, les décisions prises, etc., qui reflètent essentiellement les pressions du Système et quasi-nullement les conceptions humaines, le sont dans le but de la destruction, – de la déstructuration et de la dissolution, jusqu’à l’entropisation. Nous parlons des USA, mais nous pourrions aussi bien parler de l’Union Européenne, et dans des termes extrêmement fermes et documentés ; nous parlerions alors, essentiellement pour notre documentation personnelle, de la partie de politique étrangère de sa politique-Système, où il apparaît de plus en plus que les politiques russe, iranienne et syrienne (pour être parfaitement précis, et tout aussi documenté en l’occurrence), marquées par la brutalité aveugle et l’affrontement nihiliste de la part des Européens, constituent des politiques que plus personne, y compris aux plus hauts échelons, n’est capable de maîtriser, et dont personne n’est capable de comprendre le mécanisme et le processus, – la seule chose apparaissant clairement étant la terrorisation des psychologies de la plupart des dirigeants devant ces politiques insaisissables et impératives.

Ainsi doit-il devenir évident que nous entrons dans “la phase de la Terreur”, où il apparaît que le but poursuivi objectivement par le Système et sa politique-Système est une aggravation constante de la situation, selon cette volonté de déstructuration-dissolution du Système... Pour nous, certes, cela signifie la fameuse logique de surpuissance embrayant ou s’abîmant dans la non moins fameuse, et dans ce cas profondément désirable, logique d’autodestruction, avec la dynamique de la chose à mesure. De même, en 1793 et avec la Terreur, s’ouvrit cette phase de surpuissance de la politique révolutionnaire (politique-Système) s’abîmant effectivement dans son autodestruction (poétiquement, “la Révolution [qui] dévore ses propres enfants”)  ; de même, en 2013, devrait-on voir, avec les événements provoqués par la politique-Système, le Système dévorer “ses propres enfants” dans son processus d’effondrement. Et pas question d’y échapper, sans doute, puisque, comme l’écrivait le comte Joseph, «[l]es scélérats mêmes qui paraissent conduire la révolution, n'y entrent que comme de simples instruments; et dès qu'ils ont la prétention de la dominer, ils tombent ignoblement.» Les “scélérats” de notre temps commencent à se douter de quelque chose, peut-on vous assurer, mais ce “quelque chose” n’est rien d’autre que leur complète impuissance.