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803La Blancheur américaine prend des couleurs sous des pincées d’opioïdes et opiacés.
L’étude menée par Angus Deaton et Anne Case, publiée en 2015, indiquait une progression de la mortalité des Blancs non Hispaniques d’âge moyen (45-55 ans) aux Us(a) entre les années1999 et 2013. au contraire de ce qui est noté pour la même classe d’âge dans les autres pays industrialisés comme pour les Hispaniques étasuniens.
De 1978 à 1998, la mortalité de cette catégorie de population chutait régulièrement de 2% par an et alors que cette amélioration se maintenait dans les pays riches, elle s’est mise à décliner de 1% chaque année pour les Blancs (et Blanches) non Hispaniques d’âge moyen.
Le suicide, la consommation d’alcool et de drogues sont pointés comme les causes directes et indirectes, cirrhose et autres maladies hépatiques, de la disparition prématurée de cette génération. Alors que les overdose étaient l’apanage des Noirs des classes défavorisées, elles ont davantage concerné les Blancs d‘âge moyen durant cette période.
Il existe un gradient net de cette surmortalité selon le niveau d’éducation scolaire, la fraction la moins éduquée est la plus atteinte.
En plus de mourir davantage, le Blanc d’âge moyen a vu sa condition physique se détériorer, il limite ses activités et restreint ses relations sociales et souffre aussi de troubles psychologiques.
Les raisons de cette inversion de la courbe d’augmentation de l’espérance de vie chez les Etasuniens Blancs d’âge moyen ne sont qu’imparfaitement comprises.
Les auteurs de l’étude ont noté, tout autant que d’autres chercheurs en santé publique et en économie, que cette épidémie correspond à l’utilisation dans les années 90 d’antalgiques opioïdes très abusivement prescrits. Ces mêmes années, le prix de l’héroïne avait chuté et sa qualité s’était accrue, les manœuvres brzeziskiennes en Afghanistan ont démocratisé son usage. Sous contrôle de la CIA, la production de l’opium afghan avait atteint en 1990 le sommet jamais encore égalé de 1600 tonnes/an. (Depuis 2001, on a fait mieux)
La firme qui a commercialisé et mis à disposition du marché américain l’hydromorphone, le fentanyl et l’oxycodone (*), s’était déjà illustrée dans les années 60-70. Purdue Pharma avait acquis auprès de Hoffman-Roche en 1963 le brevet du Valium.
Il a élu pour cet anxiolytique la population cible des personnes âgées de sexe féminin. Les deux dirigeants du laboratoire pharmaceutiques, les frères Sackler, avaient inventé à cette occasion le concept l’information scientifique à but commercial. Ils ont fondé des bulletins scientifiques et financé des études qui favorisaient l’expansion de la vente de leur drogue. Ils ont appuyé leur opération commerciale sur la réputation d’Arthur Sackler, l’un des deux frères, médecin psychiatre connu pour avoir commis un certain nombre d’articles parus dans des revues de bonne réputation. Le premier milliard de dollars généré par la vente du Valium a transformé un bon nombre de femmes au foyer américaines en accros à la benzodiazépine, elles sont devenues d’humeur volatile et ont développé des troubles de la mémoire. Leur enfermement dans des maisons individuelles construites en série loin de tout et la guerre du Vietnam ont pu être les facteurs anxiogènes qui ont facilité la dissémination du produit.
L’usage détourné de la molécule n’a pas tardé à apparaître, de même son commerce illicite et les premières morts par overdose.
Ces dernières années, il devenait difficile d’occulter le nombre considérable de morts liés à l’usage de l’Oxycontin® apparu sur le marché en 1996. La caractéristique de cet opioïde, l’induction d’une dépendance rapide, a été délibérément escamotée de la fiche-produit par la firme Purdue.
La comédie des fonds de pension (**) a été bien jouée et bien orchestrée. La capitalisation boursière des cotisations pour la retraite a fait fondre l’épargne et les salaires différés des travailleurs nord-américains sous les aléas des cracks boursiers.. En s’éliminant avec beaucoup d’à propos de la scène, Les Blancs non Hispaniques contribuent à retarder – eux aussi - l’effondrement financier de l’ex-première puissance mondiale.
La surmortalité qui atteint ce segment de la population étasunienne peut figurer l’onde en retour très amortie de l’hécatombe qui a décimé la population de l’ex-URSS. Le traitement de choc infligé par les servants de l’économie dérégulée et du FMI aidés des apparatchiks devenus oligarques a produits la disparition d’une vingtaine de millions de Russes, autant qu’une Grande Guerre. L’ancien homme du KGB, tant haï en Occident, a su redresser la courbe de ce déclin démographique qui semblait inexorable.
Aux Us(a), désormais, la fraction hispanique et afro-américaine, en meilleure santé et se reproduisant davantage, domine par son nombre les immigrés anciens ou récents originaires d’Europe.
En France, ce sont les femmes âgées de plus de 56 ans en moyenne qui sont les consommatrices régulières des tranquillisants et des somnifères. 136 millions de boîtes de ces psychotropes sont vendues par année. Des enquêtes effectuées auprès d’adolescents scolarisés indiquent une forte pénétration de la consommation des psychotropes non opiacés (20% en ont consommé au moins une fois au cours de l’année précédant l’étude) et 7% les associent à l’alcool.
Dans les sociétés traditionnelles, ce sont les mères et les grand-mères qui assurent la transmission du patrimoine immatériel. Il concerne en particulier la façon d’élever des enfants. La chaîne est désormais rompue. On jette l’enfant nouveau-né sous le pis d’une vache une fois le lait transformé par Nestlé….
La France paysanne n’est plus.
Celle des cadres du tertiaire de citoyenneté européenne est mort-née.
La grande Révolution Verte, Crédit Agricole plus Bayer, Novartis plus maintenant Monsanto bientôt racheté par Bayer, en a eu raison en moins de deux générations.
Le productivisme agricole a bouleversé le paysage sociologique du pays.
Les propriétés se sont agrandies afin de laisser libre champ au machinisme, elles se sont concentrées. Un immense exode rural a produit un déplacement massif de population, véritable émigration vers les villes et surtout leurs périphéries où se sont perdues identités locales et langues régionales déjà bien entamées par l’école républicaine.
La politique agricole commune menée tambour battant par une CEE puis une UE plus qu’élargie à en devenir obèse pathologique a transformé les travailleurs de la terre (ou ceux qui en vivent) en récipiendaires des aides européennes allouées si et seulement si ils se conforment aux prescriptions de Bruxelles. Changeantes, elles les enjoignant à pratiquer une monoculture sans contrôle sur les entrants imposés ni sur les prix de vente.
Sur les 500 000 agriculteurs résiduels (ils étaient 5,5 millions en 1950) le suicide parmi eux est un phénomène qui peine à émerger dans la conscience collective. Pourtant le chiffre de 200 par an, sous-estimé, est en progression, témoignant d’une souffrance croissante et de l’impossibilité de vivre dignement de son énorme travail pour les petits exploitants, espèce en voie de liquidation.
La disparition de ce qui constituait une France profonde attachée à son terroir et à ses traditions, a été contemporaine de la généralisation de l’enseignement secondaire et à un accès plus large à un enseignement supérieur délivrant désormais des diplômes sans assurer un emploi.
Récemment, l’achat de terres agricoles par des sociétés chinoises 3 fois leur prix contribuera au rétrécissement numérique de la paysannerie française, d’autant que ces firmes n’emploient que des salariés anglophones.
Les tracteurs et les moissonneuses-batteuses ne sont plus français, les engrais, pesticides et insecticides non plus, et si désormais les terres appartiennent à des consortiums étrangers et sont travaillées par des ouvriers étrangers, seuls les impôts qui alimentent la PAC prélevés sur une classe moyenne exsangue le demeureront même si leur destination est décidée en dehors des instances nationales.
Le système ira en s’accommodant de l’emploi de seulement 20% de la population qui aurait dû être active, voire d’un pourcentage moindre, la robotisation des tâches y compris du service à la personne, réputé non délocalisable et difficile à déshumaniser, désormais confié à des machines va en se généralisant.
Que restera-t-il en partage comme Valeur (***) à ceux qui sont en train de disparaître sous le cocktail RSA-Xanax-Kronenbourg pimenté d’un flot humain des pays du Sud que déstabilisent des guerres vouées à durer sans fin, vagues déferlantes guidées par la main bienveillante et bien visible d’un certain Georges Soros.
Il est vrai que depuis les décennies des Droits Humains et du sac de riz convoyé par des Médecins effrontés Sans Frontières aux affamés du Biafra, l’impératif est de courir plus vite avec la mini-jupe de Mary Quant pour jouir sans entraves, tout de suite et maintenant selon le désir impératif entonné par Mike Jagger.
Nous ne dénombrons plus les modes de disparitions qui nous affectent, nous amputent de notre histoire et de nous-mêmes.
Nos terres, nos langues, notre mémoire devenue lacunaire sous les effets d’un bombardement informationnel décousu disloquant la perception des causalités que multiplie l’usage des psychotropes de toute nature.
L’hypertrophie hystérique des réactions médiatiques et au plus haut sommet de l’Etat face à un comportement vestimentaire très minoritaire dans le pays, sans dangerosité aucune, indique qu’il y a réveil d’une douleur exquise. Celle suscitée par l’organe fantôme, celui de la mémoire personnelle et historique. Elle s’est perdue et son absence désorganise la cohérence toujours relative d’un corps social- il ne faut pas se leurrer, les serviettes de Neuilly ne se mêlent aux sans-dents bannis.
Les schizophrènes que nous sommes devenus errons sans passé et donc sans présent ancré dans le réel. Parmi nous, certain(e)s tentent de se reconstituer autour d’un passé qui souffre de l’effacement de plusieurs maillons dans sa transmission, ils le ressuscitent autour d’un bout de tissu. Ils croient.
Les trous construits par le diazepam ont-elles rendu toute image de pudeur insupportable car elles renvoient à une supposée plénitude délivrée par la croyance et la foi ?
(*) La molécule était connue et a été synthétisée dès la seconde guerre mondiale sans avoir été commercialisée. A comparer avec la technique des laboratoires dédiés aux génériques qui n’investissent que dans les cabinets d’avocats pour faire tomber les brevets et pas dans la recherche de nouvelles molécules.
(**) Reprise du titre « la comédie des fonds de pension » Jacques Nikonoff, Arléa 1998. voir ici un résumé de l’ouvrage : http://www.marchedesseniors.com/silver-economie/paro_robot/11056.
(***) Valeur s’entend être prononcé avec froncement du sourcil, menton pointant de l’avant, avec forte pénétration, il se doit d’être martelé avec d’autant de force et de décibels que le verbe sonne creux et apparaît de mauvais aloi.
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