Nuances… “On travaille dur” ou “ils menacent” ?

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Voici un exemple intéressant de la subjectivité de l’information, du pris sur le vif, entre l’Inde et les USA. Ces gens parlent de la même chose et leurs descriptions sont révélatrices de l’évolution du langage des relations diplomatiques, à une époque où l’“objectivité temporelle et rationnelle” a complètement disparu. C’est une sorte de leçon de chose qu’il faut considérer comme une démonstration de notre approche décrite dans notre F&C du 22 mars 2012.

• Côté US, dans la bouche de la porte-parole du département d’Etat, Virginia Noland. Si l’on se laissait prendre par l’apparence, on aurait une impression presque chaleureuse d’un travail en commun, sous la direction éclairée et pleine de sagesse du système washingtonien, pour aider les pauvres Indiens à se tirer cette vilaine épine du pied, de s’être ainsi stupidement compromis avec ces Iraniens barbares. C’est la contre-civilisation venant, en tout altruisme et avec générosité, au secours de la brebis indienne un peu retardée, et évidemment égarée dans de telles mauvaises fréquentations pour le vil attrait du ppétrole. (Retranscrit par PressTV.com le 23 mars 2012.)

«“We are working hard with India to see if we can help with regard to reducing the country's dependence and the dependence of any of the other countries on Iranian crude, and looking at alternative sources of supply as well,” State Department spokesperson Victoria Nuland noted.

»Asked about actions that US may take against those countries importing Iranian crude including Turkey, Nuland added “I don't have anything to announce, and our bilateral consultations continue with a whole raft of countries that have not yet been exempted,” the Business Standard reported. “Our conversations continue with all the other countries that want to talk to us who continue to have issues with the amount of Iranian crude that they import. India is one of those countries,” she said in reply to a question.»

• Côté indien, le ton est net coupant, pour la première fois montrant de la part de la direction indienne pourtant connue pour ses faiblesses, par la voix de ceux qui s’en font les porte-paroles, une irritation considérable. Il s’agit de la même chose que précédemment, la description des “négociations” entre les USA et l’Inde sur la question du pétrole iranien que l'Inde continue à importer, qui se résument à une action unilatérale de pression éhontée des USA qualifiée par les Indiens de “veiled US threats” … (Nouvelle de Indian Today, le 23 mars 2012.)

«A senior government official described the US position as unfortunate. “This tone and tenor is unacceptable. Any move by the US to impose sanctions against any Indian financial institution or bank dealing with Iran will adversely impact Indo-US bilateral ties. This will alter the public perception in India towards the US,” the official said. The US sanctions censure dealing with the Central Bank of Iran and any other designated financial institution in Iran. But India has other mechanisms for oil payments to Iran. “Therefore such US sanctions do not apply in a blanket fashion,” another official said.»

…Il est totalement inapproprié de chercher plus avant la réalité du climat de ces échanges, ni de s’attacher à simplement énoncer les deux positions, sans autre commentaire, sous le couvert de ce qui est désormais une “objectivité” absolument faussaire et trompeuse. Il est absolument nécessaire de désigner le barbare dans cet échange, de souligner son impudence totale, sa grossièreté, son manque total de considération pour les principes essentiels de la civilisation, tels que la souveraineté, son emprisonnement dans le Système et sa servilité vis-à-vis du Système. Tout cela se dissimule à peine sous le visage avenant de Virginia Noland, dont la fonction de porte-parole du puissant département d’État ne lui donne plus aucune substance de la moindre légitimité et la conduit à exprimer d’une façon voyante et presque gênante (dito, on est gêné pour elle) le mensonge pur et simple du Système. Nous avons ainsi un exemple convainquant de ce qu’est devenue l’objectivité, ou la vérité incontestable d’une situation aujourd’hui, selon notre définition, dans cette situation où il est nécessaire de trancher d’une façon affirmée, sinon arbitraire d’un point de vue rationnel et temporel, en fonction de l’évidence, de l’expérience et de l’intuition. Il faut ajouter qu’à ce point de décrépitude de l’état du Système, la chose est aisée, tant l’évidence, soutenue par l’expérience et gouvernée par l’intuition, a pris une place prépondérante. L’affirmation n’est donc pas partisane (en faveur de l’Inde, contre le bloc BAO/les USA) mais effectivement objective, dégagée de tout engagement décrit d’un point de vue rationnel et temporaire. Il s’agit d’une description de la vérité.

D’un point de vue opérationnel, c’est-à-dire en marge de ces remarques et pour nous confirmer dans le choix que nous faisons de l’information à privilégier absolument, on observera que ces pressions de bulldozer, sous la forme d’une répétition incessante des mêmes interventions menaçantes, sont faites par Washington sans le moindre souci du contexte, avec une inintelligence, une absence de conscience remarquables de la situation. (Les individualités américanistes selon le standard du genre y sont aidées par les traits de leur psychologie-Système, l’inculpabilité et l’indéfectabilité.) L’Inde reçoit dans quatre jours, à Delhi, le sommet des pays du BRICS. On peut déduire aisément de la situation ainsi décrite combien ce pays qui assure la présidence du groupe pour cette année, soucieux d’affirmer sa position et son autorité aux yeux de ses pairs à l’intérieur du groupe, sera incliné à durcir, dans un sens anti-USA et anti-bloc BAO, sa position et les propositions d’action qu’il sera conduit à faire ou à soutenir ; combien il tentera de communiquer à ses partenaires son irritation pour le comportement des USA ; combien, dans le climat actuel et connaissant les sentiments des autres membres du groupe (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Russie), il trouvera autant d’oreilles attentives et approbatrices. Dans ces conditions, on peut envisager comme une hypothèse plausible que le sommet du BRICS nous sorte l’un ou l’autre lapin de son chapeau, qui ne fera pas précisément plaisir aux USA et à ses amis du bloc.


Mis en ligne le 24 mars 2012 à 05H19