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1367Dans la ville d’Oakland, en Californie, il y a eu l’intervention de la police le 24 octobre, pour faire évacuer du parc qu’il occupait (le parc Frank Ogawa) le contingent type-OWS, en l’occurrence Occupy Oakland ; il y a eu des violences durant l’opération, et un jeune vétéran du Marine Corps, qui participait à l’“occupation”, a été grièvement blessé dans un incident avec un policier, incident assez confusément rapporté mais qui a constitué un événement spectaculaire. La maire d’Oakland, Jean Quan, avait ordonné l’évacuation pour des “raisons sanitaires”, affirmant que les “indignés” n’étaient désormais plus “les bienvenus” dans ce parc où ils s'étaient installés (tout en affirmant que leurs revendications étaient partagées par beaucoup à Oakland).
Après l’incident d’Oakland, les réactions ont été très nombreuses, notamment en raison de l’extrême médiatisation et de l’extrême sensibilité du sujet. Dans son fameux show télévisé, Keith Olbermann demandait, le 26 octobre 2011, que Quan mette à pied le chef de la police d’Oakland ou qu’elle démissionne elle-même. Le même jour (voir Truthdig.org du 27 octobre 2011), il était annoncé qu’Occupy Oakland avait lancé un appel à une grève générale dans la ville pour le 2 novembre. Enfin, ce même 27 octobre 2011, Jean Quan effectuait un virage complet en annonçant sur son blog qu’elle “soutenait” l’opération d’“occupation” d’Occupy Oakland et que le parc Ogawa était rouvert aux protestataires après avoir été nettoyé, que la présence policière y serait minimale et ainsi de suite…
«After playing a key role in sparking a night of violence and bloodshed, Jean Quan, the mayor of Oakland, issued a statement late Wednesday saying that the city is in “support” of the “Occupy Wall Street” demonstrations taking place around the nation. The position is stunningly different than what Mayor Quan published to her personal Facebook account on Tuesday morning, shortly after police forcibly evicted the peaceful demonstrators from their camp.
»Then, her line was that “[m]any Oaklanders support the goals of the national Occupy Wall Street movement,” adding that for health and sanitation reasons, protesters would no longer be welcome to occupy Oakland’s Frank Ogawa Park at night. Later that day, protesters took to the streets and a police officer shot a U.S. Marine veteran in the face with what many believe to be a tear gas canister or bean bag round, leaving the young man in “critical condition.” It only took about 24 hours after that for Mayor Quon to change her tune dramatically.
»“We support the goals of the Occupy Wall Street movement: we have high levels of unemployment and we have high levels of foreclosure that makes Oakland part of the 99% too,” Quon wrote late Wednesday night. “We are a progressive city and tolerant of many opinions. We may not always agree, but we all have a right to be heard.
»“I want to thank everyone for the peaceful demonstration at Frank Ogawa Park tonight, and thank the city employees who worked hard to clean up the plaza so that all activities can continue including Occupy Wall Street. We have decided to have a minimal police presence at the plaza for the short term and build a community effort to improve communications and dialogue with the demonstrators.”»
Au point où elle en est, on jugera la séquence révélatrice de l’impuissance des pouvoirs en place au nom du Système face aux protestations qui se répandent. Dans le cas US et dans le cas du mouvement “OWS et le reste”, la sur-médiatisation joue un rôle démultiplicateur absolument fantastique et concourt à faire de tous les évènements entourant ou parcourant ce mouvement des événements nationaux qu’on peut juger extraordinairement disproportionnés. Par ailleurs, cette disproportion joue comme un rétablissement de l’équilibre en rendant très pressant auprès des pouvoirs en place le mécontentement populaire considérable et justifié par les conditions de la crise générale qu’exprime symboliquement OWS. Le sort du jeune vétéran des Marines est évidemment déplorable, mais il ne constitue certainement pas une tragédie nationale ; mais apprécié symboliquement, il justifie l’écho qui en est fait en témoignant à la fois du mécontentement populaire et de la stérilité de la réponse consistant dans la seule intervention de la police, souvent faite avec une brutalité tout aussi extraordinairement maladroite. (Ce sont les 700 arrestations du pont de Brooklyn dans une manifestation d’OWS le 1er octobre qui ont donné au mouvement un écho médiatique national qui n’a fait que s’amplifier depuis.)
Les autorités en place, – ici au niveau local mais en fait à tous les niveaux, – se trouvent devant un enchaînement qui les paralyse et les rend impuissantes. D’une part, elles sont conduites de plus en plus à réaliser, et dans tous les cas à croire, que le mouvement Occupy représente symboliquement une colère populaire potentielle extraordinairement dangereuse ; elles sont conduites à réagir en tentant de contenir, voire de réduire ce mouvement, mais avec des forces de police dont la finesse n’est pas la première vertu, et dont certains éléments sont par ailleurs peu sûrs ; enfin, elles sont souvent conduites, dans les cas extrêmes, à reculer devant l’écho très défavorable soulevé par ces interventions, achevant ainsi leur cycle impuissance-paralysie (on trouve ici, pour la situation intérieure locale, la même situation que dans le cas de l’administration Obama). Avec ce volte-face de la maire d’Oakland, c’est la deuxième “victoire” tactique et médiatique d’importance nationale du mouvement Occupy (après la décision annoncée puis abandonnée, le 7 octobre à New York, de faire évacuer la place où se trouvent les protestataires d’OWS, devant Wall Street).
Si le cycle se poursuit dans ce sens, les “indignés” US vont très vite devenir des “intouchables”, – s’ils ne le sont déjà, – symbolisant dans tous les USA une révolte ouverte installée et acceptée comme un défi permanent lancé au Système. L’option d’une violence confirmée et poursuivie contre les protestataires, de la part du pouvoir, semble de plus en plus se réduire, sinon à recourir à des moyens considérables s’apparentant à une sorte de coup d’Etat pour imposer un ordre policier… Mais cet “ordre policier” existe d’ores et déjà d’une certaine façon, et il s’avère inefficace ou impuissant à rétablir l’ordre ; le pouvoir lui-même est atomisé en un très grand nombre de centres de pouvoir, selon un schéma reflétant la structure fédérale US, et il paraît très difficilement capable de concevoir, de soutenir et de mener à bien une telle opération (la “sorte de coup d’Etat”). On se trouve dans une situation typique où la puissance s’affirme essentiellement au niveau de la communication et du symbolisme, et où la paralysie et l’impuissance du pouvoir au sein du Système sont à leur rendement maximum parce que le système de la communication joue dans ce cas contre lui (contre le Système).
Mis en ligne le 28 octobre 2011 à 06H39
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