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376Le sentiment général, les sondages, les impressions et les analyses s’entendaient ces derniers jours pour prédire une victoire considérable à Obama et aux démocrates. (Une défaite serait une considérable surprise, – pour l’instant et malgré un certain retour de McCain dans les sondages dans les deux derniers jours. Nous aurions alors tout le temps d’en analyser les circonstances et les conséquences. Tenons-nous en au plus évident aujourd’hui, à ce qui est désormais un fait politique, cette sensation du caractère irrésistible et puissant de la victoire d’Obama et des démocrates.)
Nous signalons ici un article de Pépé Escobar, sur Atimes.com, du 17 octobre 2008. Le texte d’Escobar, qui suit la campagne présidentielle aux USA, s’attache aux aspects les plus tendus, les plus explosifs de la campagne, – et il n’en manque pas. Concernant Obama (et McCain accessoirement, mais c’est surtout pour Obama que la chose compte), il est manifeste qu’Escobar a bien compris la caractéristique essentielle de la campagne, l’atmosphère politique qui l’accompagne et qui l’emporte, la psychologie des candidats et surtout d'Obama, la façon dont le caractère fondamental de la crise profonde où se trouvent les USA est pour l’instant écarté.
«Obama – always cool and calculating, carefully hedging his bets – still refuses to stare America in the face and admit that the real economy will tank, and the resulting mass unemployment will be proportionally as devastating as during the 1930s.
»Both McCain and Obama remain prisoners of the neo-liberal Washington Consensus. Obama's top economic advisor is Austan Goolsbee, a Friedmanite from the University of Chicago, not exactly someone capable of reasoning outside of the golden Goldman Sachs box.»
Escobar détaille bien entendu les caractéristiques de la situation aux USA. Il met en évidence les caractères cachées de la crise, notamment les sommes énormes qui en constituent les vertigineuses références. Il revient aux déclarations, notamment, de l’ancien directeur du GAO David Walker, dont nous sommes faits déjà l’écho lorsqu’il parlait de la stabilité menacée du gouvernement US à cause des conditions réelles de la dette.
«And that's nothing compared to warnings from former Comptroller General David Walker – the head of the US government's accountability office for 10 years. Walker told talk show host Bill Maher “both these guys that are running right now will only make it worse. The bottom line is both of their proposals will make our debts and our deficits worse.”
»Maher and Walker joked that the debt clock in New York has run out of digits. According to Walker, “The number that they were showing was over $10 trillion. We got over $40 trillion more off the balance sheet. This country is in a $55 trillion hole. That's $480,000 per household [compare it to median household income in America, which is less than $50,000 a year]. That's the number we need to be focusing on. It goes up by $2 to $3 trillion a year even with a balanced budget.” And all this on top of urgent, necessary reforms of social security, the health care system, and the tax system.»
La conclusion d’Escobar concerne Obama et son avenir comme “futur très probable” président des USA. Ce qu’Escobar envisage, sous forme d’une question fondamentale, c’est évidemment celle qui entoure désormais comme une obsession la candidature du sénateur démocrate.
«In Western Europe, there are already rumblings of “a new révolution” – the cultured classes talking about an insurrection of the analog against the virtual, of re-establishing the link between money and value. Conceptually, America is not that far advanced. But all the conditions seem to be in place at least for Obama to ditch the “war on terror” – and launch a war on poverty. Will he have the balls – and the means – for it?»
Poser cette question c’est retrouver ce que nommions l’“hypothèse Gorbatchev” puisque, à notre sens, si Obama emprunte la voie d’un réformisme fondamentale, il se heurtera nécessairement au système (d’abord avec les choix budgétaires, ensuite avec le reste). A ce moment-là, effectivement, il serait conduit, pour être confronté à un choix décisif, vers la possibilité de devenir un “Gorbatchev américaniste”, – un réformiste radical qui pourrait devenir le bourreau involontaire du système de l’américanisme.
Par ailleurs, Escobar nous aide à comprendre combien deux facteurs apparaissent de plus en plus évident:
• Combien la campagne 2008 ressemble désormais à la campagne 1932 (Roosevelt élu), dans la mesure où la formidable pression de la crise financière devenant rapidement crise économique se fait sentir chaque jour davantage. Selon la vue qu’on peut en avoir aujourd’hui, cette pression domine désormais toutes les autres, les sujets de politique extérieure autant que les obstacles insidieux (la question de la race), sans pourtant que cette situation soit assurée de durer, sans pourtant que des surprises jusqu’ici cachées ne surgissent pas au moment du vote (notamment le fait qu’Obama est un candidat noir, avec les réactions secrètes des électeurs).
• Combien Obama, malgré qu’on soit en “1932 recommencé”, n’est pas FDR malgré qu’il ait tout pour être FDR. L’explication conjoncturelle est que la crise économique s’est abattue sur la campagne, alors que les candidats s’étaient déjà définis, tandis qu’en 1932 elle précédait la campagne et il ne pouvait être question de se définir autrement qu’en fonction d’elle. L’explication fondamentale et psychologique est qu’Obama n’a pas voulu prendre le risque de devenir FDR, notamment selon l’argument rationnel qu’il n’a sans doute pas besoin de cela pour gagner. Mais en faisant ce choix implicite, il rend plus difficile une action réformatrice radicale lorsqu’il sera président, – si c’est le cas, – s’il le veut, d’ailleurs, devenir radical…
Mis en ligne le 20 octobre 2008 à 06H34
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