Objectif, ONU

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Objectif, ONU


8 mars 2003 — On peut être assuré que, lorsque cette guerre aura été faite et promptement gagnée, comme on vous l’annonce déjà, l’ONU deviendra l’objectif prioritaire du feu de l’administration GW. Ce sont les neo-cons qui nous le font comprendre, et quand ceux-là annoncent quelque chose on peut être sûr qu’ils décrivent l’avenir tel qu’on le conçoit aujourd’hui à Washington.

Nous affectionnons les petits “messages” que diffusent les néo-conservateurs par le biais de la lettre d’information du Weekly Standard, annonçant le prochain numéro de l’hebdomadaire. On y trouve résumés les grands axes de l’évolution politique de ce centre d’influence, qui a une influence directe sur le président, aujourd’hui plus que jamais.

Voici donc le Kristolgram (contraction de “télégramme de William Kristol”, du nom du directeur du Weekly Standard et l’une des têtes dirigeantes des néo-conservateurs). On peut y distinguer successivement quatre constats et consignes :

• Le président a eu tort d’aller à l’ONU, mais cette insistance a au moins mis en évidence pour tous que l’ONU est notre ennemie (i.e., l’ennemie de l’Amérique).

• Le président est d’ailleurs génial, car il se pourrait bien qu’il avait à l’esprit, dès l’origine, cette manoeuvre : aller à l’ONU pour mieux discréditer l’ONU. La suggestion laisse pantois par son énormité, — aller à l’ONU et y subir les défaites diplomatiques à répétition qu’ont connues les USA, sans compter le piège où cette affaire a mis le Royaume-Uni, pour en émerger victorieux parce que tout cela prouve que l’ONU est, comment dit-on ? “irrelevant”, c’est cela. Il ne faut pourtant pas écarter une certaine ingénuité dans cette suggestion, tant l’intoxication des esprits par le virtualisme à Washington est grande (croire qu’effectivement, toute cette désastreuse campagne onusienne des USA n’est rien, qu’il y a géniale manoeuvre de GW, etc). Le reste de l’explication est l’extraordinaire habileté et l’extraordinaire impudence des néo-conservateurs dans l’art de la flatterie, dont le sujet principal est l’esprit assez dépourvu de défense à cet égard du pauvre GW.

• C’est Colin Powell qui est le responsable de cette erreur, car dans le chef du conseil qu’il a donné c’est évidemment une erreur sinon une trahison. (On ne va pas plus loin que le rappel du rôle de Powell, on s’abstient de le critiquer, signe que Powell est aujourd’hui bien tenu en main par les néo-conservateurs ; néanmoins, à surveiller.)

• Il est temps d’avoir la peau de l’ONU et de trouver autre chose qui convienne mieux à l’Amérique. (On va reparler de l’idée de Richard Perle qui est rien moins que de faire de l’OTAN la nouvelle ONU, si possible sans les Français, ce qui sera mieux représentatif du monde according-to Perle. Les Européens doivent, sans sourire outre mesure de peur de pleurer très vite, envisager l’hypothèse que l’administration GW mette cette idée sur la table et commence ses pressions au bulldozer dans ce sens.)

Ci-dessous, le Kristolgram du 7 mars 2003 :


« The president's decision to go to the United Nations last September hasn't been an unambiguous success. But one benefit may, ironically, turn out to be a discrediting, or at least a debunking, of the U.N.'s claims to moral authority and political centrality. This would be a good thing. Is it too much to suspect that the president had this in mind when he accepted Secretary Powell's advice last fall? Who knows? In any case, David Gelernter and Robert Beisner, in next week's issue, debunk the past and future claims on behalf of the United Nations. Gelernter suggests that it is time seriously to consider alternative multilateral institutions. We do need allies; we may well not need the U.N.; it's time to have a serious debate about the role of the United Nations in American foreign policy.William Kristol »