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525On peut dire que c’est depuis la fin du mois d’août et, sans désemparer depuis le 1er septembre, qu’a commencé le déferlement d’articles sur le thème de l’attaque 9/11, essentiellement dans la presse anglo-saxonne. (Les Britanniques ne sont pas en reste, marquant combien cet événement, en même temps qu’être américaniste, est également et fortement anglo-saxon, tant par ses implications politiques que par l’esprit de la politique dont il est à la fois la sanction et le dernier et désespéré levier de relance.) La cause du tsunami est bien sûr qu’on commémorera dimanche prochain le 10ème anniversaire de l’événement. (On voit dans Ouverture libre de ce 6 septembre 2011 des indications et des citations de deux articles que nous jugeons intéressants.)
Il est d’ores et déjà impossible de “contrôler” et de mesurer quantitativement, dans le sens de l’analyser précisément dans ses tendances, encore moins de le comptabiliser, ce torrent de communication, ce tsunami médiatique… Les images de catastrophes naturelles et de force inarrêtable viennent en effet très vite sous la plume pour caractériser l’événement, pour rendre justement compte de son aspect incontrôlable et indescriptible dans le détail. Au reste, et si l’on consulte quelques-uns de ces articles, sans recherche systématique nécessaire, il apparaît très vite, évidemment, que l’image de “catastrophe” peut aussi bien convenir, d’une façon indirecte, à leur contenu qui rend compte en général d’un état du monde évidemment catastrophique, aujourd'hui et non pas en 2001. On peut donc proposer l’idée, d’une façon plus générale et sur le sens de la chose, qu’il serait en effet bienvenu de parler précisément d’un “événement” en soi, et de l’identifier comme tel, pour caractériser ce flot d’articles et de commentaires qui déferle d’ores et déjà. On détacherait même cet événement-là de celui, spécifique, de la commémoration du dixième anniversaire du 11 septembre 2001 ; on lui accorderait alors une importance psychologique et de communication significative, jusqu’à envisager qu’il produise lui-même des effets spécifiques par rapport à la situation présente.
Considéré de ce point de vue, il s’agit d’une indication puissante, caractérisant le sentiment général d’une époque qui n’a plus rien de commun avec l’événement (9/11) qui l’a enfantée avec une brutalité extrême. On veut dire par là que l’événement du 11 septembre 2001, dans sa brutalité de rupture, est effectivement le géniteur de la situation présente, en 2011, dix ans après, mais que la situation présente n’a évidemment et absolument plus rien à voir, dans sa forme et dans l’état de l’esprit qui le caractérise, avec l’époque du 11 septembre 2001. Ce constat confirme effectivement qu’il est justifié de faire de ce déferlement médiatique et de communication un événement différent de celui de la commémoration, qu’il s’agit effectivement de l’événement caractérisant l’état d’esprit de notre époque par contraste complet avec celui de l’époque du 11 septembre 2001, que le commémoration tentera poussivement et pauvrement, et sans le moindre espoir de réussite bien entendu, de ressusciter.
L’événement médiatique et de communication constituerait alors une manifestation de la crise générale qui nous affecte, dont l’événement du 11 septembre 2001 a été l’un des détonateurs-révélateurs. Il serait une façon d’interroger le passé, et plus précisément un événement marquant et symboliquement exceptionnel dans le passé, dans l’espoir évidemment futile que le passé et l’événement répondent aux questions angoissées et furieuses que notre grande crise générale, notre GC3 (Grande Crise de la Contre-Civilisation), suscite dans nos esprits. Le sentiment existe en effet que l’événement du 11 septembre 2001 contient en lui-même, même si d’une façon dissimulée, dans son déroulement, dans sa structure, dans ce qui l’a provoqué et dans ce qu’il a provoqué, dans l’effet formidable qu’il a induit dans notre psychologies, nombre d’indications qui, éclairées par l’intuition, permettent de bien mieux comprendre notre grande crise et l’effondrement en cours du Système. D’une certaine façon, cette activité actuelle presque paroxystique, sinon hystérique, de la communication et des médias, essentiellement anglo-saxons, nous conduit à envisager que la commémoration du 10ème anniversaire de l’événement sera, par cette sorte d’“à-côtés”, une crise en soi, datant, elle, de septembre 2011, et bien entendu aussi substantielle que la commémoration sera, elle, sans le moindre substance. Le lien serait alors fait entre les deux 11 septembre, et la signification qu’il faut donner au premier par rapport au second : le premier 9/11 a servi de révélateur psychologique, grâce à un choc dont l’effet a été monstrueusement démultiplié par le système de la communication ; ce révélateur a été celui de la vérité de la situation de notre civilisation, ou contre-civilisation ; le second 9/11 (l’“événement” du tsunami médiatique et de communication), lui, prendra acte de cela et ne pourra trouver dans le premier 9/11 que la confirmation de ce qu’il constate aujourd’hui, – l’immense champ de ruines de notre grande crise générale et de l’effondrement du Système renvoyant, comme par prémonition renversée, au champ de ruines de Ground Zero. Ce qui prouverait que 9/11, le premier, a servi à quelque chose…
Mis en ligne le 6 septembre 2011 à 09H38
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