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406Le mouvement Occupy, qui ne fait plus “la une” de nos préoccupations en raison de la diversité du “spectacle crisique” du monde, continue à un excellent rythme. Un nouveau développement, d’un particulier intérêt, est son démarrage dans le monde universitaire, sur les campus des grandes universités américaines, particulièrement en Californie, berceau de toutes les contestations estudiantines (« At UC Davis, an encampment of some 100 tents has sprung up since Monday's rally. Encampments are also in place at UC Berkeley and other California campuses»). D’autres mouvements importants du même type sont signalés à New York.
Bien entendu, l’incident de Berkelery (voir notre Bloc-Notes du 21 novembre 2011) est pour beaucoup dans cette extension du mouvement. Le DVD montrant cet incident a été vu par plusieurs millions de personnes sur l’Internet. Le fait confirme une fois de plus l’extraordinaire puissance du système de la communication dans l’accélération des événements, ou dit en termes plus généraux l’accélération de l’Histoire, dans la contraction du temps événementiel, dans la dramatisation extraordinairement rapide des évènements.
Par ailleurs, dans ce cas également, nous considérons que cette extension rencontre un phénomène psychologique collectif, lui-même lié à l’impulsion de courants métahistoriques dans la logique même de l’extension du mouvement Occupy. (Voir notre F&C du 21 novembre 2011.)
C’est le site Alternet.org (déjà cité plus haut), reprenant des informations de Reuters, qui dresse le 25 novembre 2011 un tableau de la soudaine irruption d’Occupy sur les campus.
«Violent confrontations between police and protesters at two University of California campuses have drawn a new cadre of students into the Occupy Wall Street movement and unleashed what some historians call the biggest surge in campus activism since the 1960s.
»While Occupy Wall Street protesters have a broad set of grievances that include income inequality and perceived corporate greed, many students have more specific concerns: soaring tuition, campus budget cuts, and fear of heavy student loan debt and lack of job opportunities upon graduation. Student protests related to these issues have broken out sporadically on U.S. college campuses over the past few years, but the Occupy protests – and the police response to them – have swelled the ranks of campus activists in recent weeks.
»A crowd of about 2,000 students, professors and parents held a rally at UC Davis on Monday and called for university Chancellor Linda Katehi to resign after police last week pepper-sprayed students sitting passively on the campus quad. […]
»“We didn't really know what it was until we actually were here on the quad (quadrangle) seeing fellow students getting maced,” said John Caccamo, an 18-year-old biology student at UC Davis. The campus, near Sacramento, is not known as a hotbed of activism. “This is the first time in the 11 years I've been here that students have said – ‘Wait a minute, I need to wake up to where I am and what's going on,’” UC Davis art professor Robin Hill told Reuters at the Davis rally.»
Bien entendu, comme l’a vu évoqué plus haut, l’analogie avec le mouvement étudiant des années 1960 est dans tous les esprits. Comme on peut le lire, également dans le texte d’Alternet.org, les historiens en sont déjà à évoquer les similitudes et les différentes… La principale différence, incontestablement, se trouve dans la rapidité du démarrage du mouvement…
«New York University historian Robert Cohen said the Occupy movement on California campuses is accelerating quickly compared with the student movement of the 1960s. “If you date things from the Port Huron Statement and the summer of '62, it wasn't really until the fall of '64 that there was a mass student movement on campus,” he said. The Port Huron Statement was the manifesto of the Students for a Democratic Society, one of the key groups of the 1960s New Left movement in the United States.
»The 1960s and early 1970s were a time of great social unrest as college students rallied against the Vietnam war and in support of minority and women's rights. Angus Johnston, a historian at City University of New York, said, “What we have had up until now is something very similar to the early 1960s, where you had not a huge number of activists but a committed core who were working really hard but weren't getting huge amount of traction from media or fellow students.”»
Bien entendu, il y a d’autres différences avec les années 1960, et des différence considérables qui tiennent essentiellement au contexte. La situation US est aujourd’hui infinitésimalement plus grave qu’au début des années 1960, où le mouvement étudiant n’avait comme réplique initiatrice que le mouvement des droits civiques des Noirs, et aucune crise intérieure massive pour lui assurer une certaine cohésion et une certaine bienveillance de la part du public (le Vietnam en deviendrait une à partir de 1965-1966, 3 à 4 ans après le démarrage du mouvement estudiantin). Aujourd’hui, bien entendu, on connaît tous les phénomènes crisiques en cours (structure crisique, chaîne crisique, dissolution crisique) dans lesquels le mouvement estudiantin naissant devrait trouver à la fois son aliment et sa place naturelle.
Dans ce cas, la rapidité du phénomène, par comparaison à celui des années 1960, répond également aux conditions historiques et métahistoriques en cours. L’intérêt de ce mouvement, s’il se confirme, est de fournir une nouvelle masse de manœuvre importante à la crise générale qui frappe les USA, et à Occupy particulièrement.
Mis en ligne le 26 novembre 2011 à 12H58
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