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1120Il s’agit là d’un événement de très, très faible importance quantitative, mais de très, très grande signification qualitative, – occurrence du plus grand intérêt pour nous. Sur le site de Occupy Wall Street, en date du 6 novembre 2011, on trouve un court reportage sur ce qui est sans aucun doute l’Occupy le plus petit des USA, avec Occcupy Mosier, dans l’Oregon. Avec une population de 430 habitants, Mosier est un bourg typique de l’Amérique profonde, rurale, l’Amérique en général oubliée ou vilipendée c’est selon…
Nous avons choisi de reprendre l’intégralité de texte, qui se place évidemment hors de toutes les normes commerciales habituelles, pour bien montrer toutes les spécificités du cas. Ce reportage permet de rendre compte des dimensions et des implications du mouvement Occupy, et, plus encore, de ses potentialités.
«There are no stoplights, the only gas station closed years ago and there is not a single multinational corporation within five miles. With a population of just 430, Mosier, Oregon will become the smallest U.S. town to have an active Occupy camp. Participants from Mosier and other small communities of the Columbia Gorge are working to highlight their vision for a family-friendly camp that includes music, movies and round-table discussions with the community. While the group has stressed its solidarity with Occupy camps in urban cities across the United States, Occupy Mosier is adopting tactics and strategies they say reflect Wasco County’s rural community values.
»“Rural communities have been hit harder than anyone by the policies the Occupy movement has formed to fight,” said Corie Lahr, Mosier resident. “If we do this right, we can attract a lot of rural people to the movement.”
»Multiple speakers, workshops and movies are being planned in Mosier on a range of issues from reining in corporate control over U.S. politics and an shrinking an oversized military budget to supporting local credit unions, fighting plans to ship coal through the Columbia Gorge to China, and addressing wage inequality and related issues. “People have asked us if we are getting a permit,” said Lahr. “We had to laugh because we don’t have sidewalks, let alone a city park where people could gather on city property for a protest. We are doing everything we can to communicate with the City of Mosier, public safety officials and the public about what we are planning and our goals.”
»The group expects 15 or more tents to be set up with hundreds of people visiting the camp over the next week. The group has also invited local area Tea Party activists to the camp to share tea and round-table discussion about areas where the Tea Party and Occupy movements can agree. “We think planning a 7-day camp and allowing for the possibility of another camp in a nearby town is a good way to spread awareness about the issues Wasco County cares about, such as Wall Street’s control of our economy and corporate power in our government.,” says ten-year Mosier resident Brent Foster.
»Cara Shufelt, director of the Rural Organizing Project, is working with over 30 rural communities across Oregon who are involved organizing around the Occupy movement. ““Rural and small town Oregonians are indentifying with the message of the occupy movement. As far as we can tell, Oregon has more rural communities involved in Occupy actions than any other state. The Occupy Mosier camp is really unique,” said Shufelt. “We believe Mosier is the smallest U.S. town with an Occupy camp.”
»Bo Vanderkloot lives across the Columbia River from Mosier in Bingen, WA. Vanderkloot is a single father motivated to join the Occupy Mosier camp because of his banks refusal to refinance his home loan following his divorce. “When the bank told me I was going to lose the home my son was born in, it was a real motivator to get involved,” says Vanderkloot. “I know I don’t agree with many of the National Tea Party’s positions, but I think some of my Tea Party neighbors would agree that kicking me and my son out of our house even though I make every mortgage payment isn’t right.”
»As with other Occupy protests, the Occupy Mosier and Occupy the Gorge participants have a diversity of primary interests. Most participants share goals such as reducing corporations’ power over politics and communities, prioritizing spending on health care and education over runaway military spending, increasing environmental protections, and reforming national trade, monetary and financial policies to better support all people in our communities, regardless of race, class or gender.
»While Mosier will serve as a base camp, activities are being planned throughout the Gorge from November 4 -11. Saturday, November 5 at AM, Occupy Mosier will travel to the “Break Up With Your Bank” event at the Dalles Bank of America where people will close their accounts in protest of policies that bankrupt and foreclose on local community members. “If we can organize an Occupy event in Mosier, anyone in any community can be a part of this movement,” says Lahr.»
En plus du texte, qui a attiré nombre de commentaires, on citera un extrait d’un commentaire d’un lecteur, qui met justement en évidence l’un des points essentiels du texte. Il s'agit de la convergence entre Occupy et Tea Party, dont nous avons déjà parlé.
«“The group has also invited local area Tea Party activists to the camp to share tea and round-table discussion about areas where the Tea Party and Occupy movements can agree.” This is what I'm talking about. We must all unite to win our country back. […] If we make that our primary goal, the entire nation will rally, and we can institute real change.»
Effectivement, cet exemple de Occupy Mosier est absolument saisissant dans son exemplarité, comme le sont les mentions des contacts établis et des rencontres qui ont suivi entre membres de Occupy et membres de Tea Party. Tout cela n’a pas l’abondance du “Règne de la quantité” pour soi, mais nous nous en passons aisément, quand on voit où ce règne nous a conduit. Au contraire, l’enseignement est lumineux, car l’exemple de Mosier nous fait réaliser combien le mouvement Occupy, malgré le folklore apparent des groupes les plus médiatisés, et les commentaires qui sont à mesure, aussi grossiers et bardés de lieux communs que l’on peut imaginer de la part de la presse-Système, combien Occupy n’a absolument rien à voir avec les événements des années 1960, ni même avec les événements qu’on serait tentés de classer idéologiquement “à gauche”, – toutes ces choses qui ont été complètement récupérées par le Système et sont toujours destinées à être récupérées par le Système. Occupy Mosier est l’exemple-type de l’Amérique profonde, qui n’a pas nécessairement de vertu intrinsèque et qui est d’ailleurs en général fort méprisée par les beaux esprits, mais il s’agit bien de l’Amérique qui souffre et qui s’inscrit dans ces stupéfiants et très récents statistiques sur la pauvreté, – en Amérique, cette lumière de la modernité… Que la consigne Occupy ait touché un tel lieu, et qu'elle y ait inspiré un tel mouvement dans un tel lieu, montrent combien le mouvement de dissidence per se rencontre une formidable attente psychologique de la population.
Certes, si l’exemple de Occupy Mosier se répand comme il a commencé à le faire, le mouvement acquerra une dimension populiste touchant toutes les catégories de la population, y compris les milieux ruraux et agricoles qui sont eux-mêmes très durement affectés par les pressions du Système et les crises que la crise centrale du Système génère. Il s’agit alors de l’entièreté de la population US, dans une dynamique où Occupy ne se distinguerait plus guère de Tea Party, tandis que la dimension du localisme interviendrait d’une façon de plus en plus dévastatrice, contre les normes du Système et ses nécessités de “centralisme bureaucratique” dont on connaît bien les caractères.
L’Amérique est un pays qui est caractérisé par des spécificités extrêmes, qui ont jusqu’ici été exploitées par le Système à son avantage, pour cadenasser ce pays et empêcher la moindre expression politique de contestation. Des nouvelles comme celle de Occupy Mosier montre que la dynamique actuelle tend à renverser le sens de ces spécificités, cette fois contre le Système. Potentiellement, c’est une dynamique qui peut conduire à l’installation d’une dissidence générale vis-à-vis du Système, aux USA même. On se trouverait alors devant une situation inédite qui ne manquerait pas de charme.
Mis en ligne le 8 novembre 2011 à 1201