On commence à paniquer à Washington: après Hagel, les démocrates avertissent GW à propos d’une attaque contre l’Iran

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Il est assez juste d’observer que, ces dernières semaines, le débat pré-électoral s’est déplacé de l’Irak vers l’Iran. Citant divers événements de ces mêmes dernières semaines, y compris les spéculations autour de la très, très grosse bombe MOP, Jim Lobe écrivait hier (souligné en gras par nous): «All of these moves, as well as the administration's issuance last week of new regulations that gave it the authority to impose sweeping financial sanctions against foreign companies and banks doing business with the IRGC, which itself owns a large economic empire in Iran, have propelled Iran to the center of the 2008 presidential race.»

Hier encore, nous signalions l’intervention de Chuck Hagel demandant, dans une lettre à GW Bush, des discussions immédiates et inconditionnelles avec les Iraniens. Aujourd’hui, nous signalons l’intervention de 29 sénateurs démocrates (avec un indépendant en plus), qui écrivent à leur tour à GW. L’AFP, par RAW Story en date du 1er novembre, rend compte de cette intervention.

«Thirty US senators wrote to President George W. Bush Thursday, warning he had no authority to launch military action against Iran, and expressing concern about the administration's “provocative” rhetoric.

»The senators, 29 Democrats and one independent, urged the resolution of disputes with the Islamic Republic through diplomacy.

»“We wish to emphasize that no congressional authority exists for unilateral military action against Iran,” the letter signed by senators including presidential candidates Hillary Clinton and Joseph Biden said.

»The letter warned that a resolution passed by the Senate in September, calling for the designation of Iran's Revolutionary Guard Corps as a terrorist group, should not be used as a pretext for war.

»It hit out at “provocative statements and actions” by the administration on Iran, after Bush last month warned Tehran must be barred from nuclear weapons to avoid the prospect of “World War III.”

»“These comments are counterproductive and undermine efforts to resolve tensions with Iran through diplomacy,” the letter, coordinated by Virginia Senator Jim Webb, said.»

Séparons nettement le cas de Hagel de celui des démocrates. Hagel est intervenu le 17 octobre, sans aucune pression ni nécessité politicienne d’aucune sorte (il ne se représente pas au Sénat en novembre 2008), simplement parce qu’il juge folle et absurde l’agressivité de l’administration contre l’Iran. Hagel fait son devoir de parlementaire responsable et informé, – l’un des derniers du genre à Washington. Les démocrates, c’est autre chose, – et surtout Clinton, parmi eux, puisqu’elle a voté la résolution Lieberman-Kyl demandant de classer la Garde Islamiste iranienne (IRGC) comme organisation terroriste. On voit dans les extraits du texte de la lettre que la chose est clairement spécifiée : le vote de cette résolution n’est en rien une autorisation du Congrès de partir en guerre. Clinton commence à paniquer, de crainte d’être entraînée dans un processus où elle pourrait être accusée d’une certaine responsabilité dans une attaque iranienne.

Les démocrates, dûment alertés par la lettre de Hagel et par les divers bruits bellicistes, commencent à réaliser que la situation est dangereuse. Ils ne veulent pas, en plus du chaos irakien, voir pendant la campagne électorale s’interférer une guerre contre l’Iran lancée par un petit groupe d’hystériques au sein de l’administration. (Cela ne signifie pas qu’une fois au pouvoir, si c’est le cas, ils seraient moins durs contre l’Iran que l’administration GW Bush, – c’est de ce point de vue que leur intervention diffère de celle de Hagel; mais, pendant la campagne électorale, avec un électorat clairement anti-guerre, c’est plus délicat.)

Cette intrusion de la crise iranienne dans la campagne est intéressante. Elle conduit la majorité au Congrès à durcir son attitude vis-à-vis d’une guerre, avec une épatante querelle constitutionnelle en vue en cas d’hostilité puisque la lettre fixe bien les choses: le président n’a pas l’autorisation du Congrès pour lancer une attaque contre l’Iran. L’événement ouvre le champ à bien des prolongements inattendus. Nous suivrons la chose avec un intérêt renouvelé.


Mis en ligne le 2 novembre 2007 à 11H23