On commente la nouvelle de la guerre corrompue

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On commente la nouvelle de la guerre corrompue

25 mai 2003 — La question essentielle de la corruption des généraux irakiens, confirmée par un article de Defense News dont nous avons fait une présentation le 20 mai, commence à apparaître dans le domaine public, au travers de divers articles reprenant l’information. Nous avons signalé hier un article de The Independent signalant l’article et développant ses révélations.

Depuis, un autre article est venu à notre connaissance, publié auparavant sur le site Slate, sous la plume de Robert Kaplan, chroniqueur militaire du site. L’article, sous le titre « Smart Bribes — Centcom's real secret weapon », a été mis en ligne le même jour que nous publiions notre commentaire, le 20 mai. Voici, ci-dessous, la partie de l’article directement liée aux révélations de Defense News :

« A fascinating piece in the May 19 Defense News quotes Gen. Tommy Franks, chief of U.S. Central Command, confirming what had until now been mere rumors picked up by dubious Arab media outlets—that, before Gulf War II began, U.S. special forces had gone in and bribed Iraqi generals not to fight. “I had letters from Iraqi generals saying, ‘I now work for you,’ ” Franks told Defense News reporter Vago Muradian in a May 10 interview.

» The article quotes a “senior official” as adding, “What is the effect you want? How much does a cruise missile cost? Between one and 2.5 million dollars. Well, a bribe is a PGM [precision-guided munition] — it achieves the aim, but it's bloodless and there's zero collateral damage.”

» One official is quoted as saying that, in the scheme of the whole military operation, the bribery “was just icing on the cake.” But another says that it “was as important as the shooting part, maybe more important. We knew that some units would fight out of a sense of duty and patriotism, and they did. But it didn't change the outcome because we knew how many of these [Iraqi generals] were going to call in sick.”

» All of which further reinforces the vague sense that—for all the embeds, armchair generals, and round-the-clock news coverage—we still know startlingly little about what really happened in this war.

» The Defense News article raises what could be the biggest military question of all: Just what won this war so swiftly — the high-tech prowess and agility of the modern American military, or old-fashioned back-alley spycraft? Which was the real wonder weapon — the smart bomb or the greenback?

» I suspect a bit of both. But before we rush ahead and restructure the entire U.S. military on the basis of the lessons from the war, it might be good to find out for sure just what those lessons were. »

L’intérêt de l’article de Kaplan est qu’il soulève la question que nous avions nous-mêmes évoquée : que valent les prouesses militaires saluées à l’occasion de cette guerre s’il s’avère que les adversaires des Anglo-Américains avaient été neutralisés par la corruption, impliquant l’absence de réelle défense organisée ? L’article de The Independent ne s’attarde pas à cette sorte de spéculations, se contentant de citer un spécialiste interrogé pour l’occasion, qui, lui-même, ne fait qu’esquisser le débat : « John Pike, director of the Washington-based military research group, GlobalSecurity.Org, said: “It certainly strikes me that this is part of the mix. I don't think there is any way of discerning how big a part of the mix it is ... but it is part of the long queue of very interesting questions for which we do not yet have definitive answers.” »

Les diverses inconnues qui ont marqué cette guerre, — notamment celles qui sont désormais élucidées, l’absence d’armes de destruction massive et la corruption de l’armée irakienne — font surtout s’interroger sur la nécessité de l’énorme démonstration de force qui l’a caractérisée, et dont on commence à avancer qu’elle pourrait avoir fait plus de 10.000 tués civils irakiens, en plus des dégâts innombrables causés, du chaos installé comme on le voit aujourd’hui, de la légalité internationale taillée en pièces. On hésite avec une prudence compréhensible sur les qualificatifs que pourraient choisir les historiens pour qualifier la forme de guerre choisie par les représentants de la civilisation occidentale pour abattre le régime Saddam Hussein, — disons, entre “stupidité criminelle” et “cruauté barbare” ; il se pourrait qu’“aveuglement bureaucratique” fasse l’affaire, en résumant le tout.