On ne prend plus de gants pour les consignes

Un sondage sur le sentiment du public britannique vis-à-vis des USA publié aujourd'hui par le quotidien londonien The Daily Telegraph (par ailleurs signalé par un lecteur dans le Forum de ce jour), salue la fête nationale des USA du 4 juillet. Drôle de salut : le sondage montre une hostilité extrême du public britannique pour les Etats-Unis (« Britons have never had such a low opinion of the leadership of the United States, a YouGov poll shows », commente sobrement le Telegraph).

Tous les résultats de ce sondage, qu’on trouve commentés dans un article du professeur Anthony King (également dans The Telegraph), donnent une image absolument catastrophique des Etats-Unis. Le sondage est au-dessus de tout soupçon : « YouGov elicited the views of 1,962 adults across Great Britain online between June 26 and 28. The data have been weighted to conform to the demographic profile of British adults as a whole. YouGov abides by the rules of the British Polling Council. » (King).

Certains commentaires valent le déplacement et l’attention soutenue. On lira l’éditorial du même Telegraph, qu’on aurait tendance à décrire comme quelque part entre l’extrême de la propagande et les débuts de la pathologie. Le titre nous donne l’avant-goût qui importe : « To hate America is to hate mankind. » (Lire aussi les commentaires de lecteurs qui saluent l’édito : la polarisation des opinions est extraordinaire.) Jusqu’ici, l’anti-américanisme était classé dans la même rubrique que l’anti-sémitisme ; désormais, c’est une case à part : c’est de l’anti-humanisme.

On retiendra aussi le commentaire de l’ambassade des USA à Londres, toujours dans le même quotidien, — commentaire qui vaut bien un commentaire.

Le commentaire de l’ambassade :

« A spokesman for the American embassy said that the poll's findings were contradicted by its own surveys. “We question the judgment of anyone who asserts the world would be a better place with Saddam still terrorizing his own nation and threatening people well beyond Iraq's borders.

» “With respect to the poll's assertions about American society, we bear some of the blame for not successfully communicating America's extraordinary dynamism.

» “But frankly, so do you [the British press].” »

Cela revient à dire que, si l’ambassade des USA n’a pas bien fait son travail de propagande, la presse britannique, frankly, n’est pas à féliciter non plus. Dont acte. On téléphone aussitôt à Rupert Murdoch.

Quant à vous, Britts, sachez bien que l’ambassade s’interroge sur l’équilibre de votre jugement et la santé de vos esprits. Il y a de quoi, Britts.

Mis en ligne le 3 juillet 2006 à 14H13