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1450Cet après-midi, depuis quelques heures, l’effervescence est de mise dans toutes les institutions européennes. La cause en est ce terrible possible “non” irlandais, cet affreux probable “non” venu de ce “misérable petit bout d’Europe”comme on dit “misérable petit tas de secrets”. (Pensez : un peu plus de 4 millions de démocratiques créatures contre on ne sait combien de centaines de millions dans l’UE, – dictature de la minorité [l’Irlande par rapport à l’Europe] venue par la dictature de la majorité [le référendum en Irlande], – ce que Libé nommait aimablement et démocratiquement, avant que la catastrophe ne fût quasiment consommée, «le despotisme irlandais».)
Les Irlandais ont donc voté et il semble qu'ils auraient bien voté, – c’est-à-dire voté d’une façon éclatante, déstabilisante, déstructurante pour les copies conformes et autres “copiés-collés” qui nous gouvernent. Bons princes, nous ne dirons pas que nous le souhaitions et que nous le souhaitons, mais cela nous avait tout de même échappé de la plume.
Parmi les diverses choses que nos oreilles traînardes ont entendu, nous rapporterons celles-ci.
• Ce sont bien les oreilles de Barroso qui pourraient teinter. Ces dernières semaines, le Commissaire-en-chef de la Commission a fait un travail du tonnerre pour le “non”. En tonnant et en tonitruant contre les pêcheurs, les routiers, les paysans et ainsi de suite, tous ces gens qui se plaignent de la vie qui n’est pas simple grâce à notre système bien-aimé que verrouille la Commission, en les vouant aux gémonies et en réaffirmant la primauté des grands principes européens qui sont ceux du système, il a accéléré la marche vers le “non” encore plus que Kouchner, qui a fait sa bêtise coutumière trop tard pour qu’elle explique à elle seule le résultat probable. «Les déclarations de Barroso, ces dernières semaines, ont créé un véritable malaise, nous dit une source européenne proche de ces milieux institutionnels.Cela a joué un grand rôle en Irlande, où la perception a été que la souveraineté nationale était gravement mise en cause. Personne parmi les dirigeants européens ne s’est encore aperçu de la chose, de ce rôle “objectif” de Barroso, mais cela pourrait venir si l’on cherche un coupable, ou un bouc-émissaire.» Une idée-suggestion? Se pourrait-il que le Commissaire-en-chef ait ainsi compromis le deuxième mandat (pour 2009) auquel il rêve jour et nuit? On verra. Le seul obstacle, pour les chefs d’Etat et de gouvernement, s’ils décident de ne pas le reconduire, sera de trouver un autre prétendant aussi médiocre pour lui, – pour maintenir la tradition suivie après le départ de Delors.
• L’alerte et l’évaluation de la crise dans les institutions européennes se feraient, selon les premières observations dont nous avons été gratifiées, selon un axe transatlantique. Le scénario de crise, à en juger par l’orientation de la réflexion, reviendrait à ceci: “comment va se comporter une Europe ainsi affaiblie dans un ensemble transatlantique où l’Amérique est déjà en crise, et en pleine crise de succession de surcroît?”.
Le “non” semble bien être parmi nous. L’Irlande-2008 a pris le relais de la France-2005. La crise se poursuit, plus pétulante que jamais. Et c’est ainsi que se construit l’Europe.
Mis en ligne le 13 juin 2008 à 16H42
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