On respire à Washington: on a trouvé un bouc-émissaire et la perspective d’une prochaine guerre

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La mobilisation pro-israélienne est absolue à Washington, avec des votes unanimes promettant tout aux Israéliens, y compris le beau temps et “on rasera gratis”. S’y ajoute désormais la perspective jubilatoire d’un Ennemi enfin complètement identifié pour au moins deux ou trois semaines (jusqu'aux vacances sans aucun doute), comptable de tous les maux du temps (le mauvais temps, l’endettement US, les embouteillages). C’est l’Iran. La veulerie intellectuelle de l’establishment washingtonien, dont GW s’avère le parfait représentant, est une machine qui tourne à plein régime aujourd’hui. Tout y est, jusqu’au retour du gros Friedman, le columnist le plus grossièrement influent de Washington, qui nous parle dans un langage de midinette chaussée de godillots des « little flowers of democracy that were planted in Lebanon, Iraq and the Palestinian territories [which] are being crushed by the boots of Syrian-backed Islamist militias… »

Jim Lobe nous raconte cette aventure dans sa plus récente analyse, en date du 21 juillet sur atimes.com. La description passe tout ce qu’on peut imaginer, avec un consensus

« In much the same way that Saddam Hussein was depicted, particularly by neo-conservatives, as the strategic domino whose fall would unleash a process of democratization, de-radicalization, moderation and modernization throughout the Middle East, so now Iran is portrayed as the ‘Gordian Knot’ whose cutting would not only redress many of Washington's recent setbacks, but also renew prospects for regional “transformation” in the way that it was originally intended.

» The notion that, as the puppetmaster behind Syria, Hezbollah, Hamas and Shi'ite militias in Iraq, an aggressive and emboldened Iran is the source of Washington's many problems has the added virtue of relieving the policy establishment in Washington of responsibility for the predicament in which the US finds itself or of the necessity for “painful self-examination, or serious policy revision”, said [retired Colonel August Richard Norton, who teaches international relations at Boston University].

» “Full speed ahead — no revision of fundamental premises is required. And even though we revel in being the sole global superpower, God forbid that anything the US has done in the region might have at least contributed to the present disaster scene,” he said. »

Observons le processus : la lâcheté du jugement le dispute à la jouissance de l’irresponsabilité dans une mesure étonnamment précise de la corruption de leur psychologie. Mais la perfection du processus n’est pas un gage de victoire. Leur mobilisation n’est pas promise à durer trop longtemps. (D’ailleurs, ils vont partir en vacances.)

Ces imprécations contre l’Iran vont se heurter rapidement, dans leur concrétisation, à quatre choses : 1) le fait que l’Iran, au contraire de l’Irak, est capable de prendre des initiatives qui vont lui amener des avantages opérationnels, et qu’il ne s’en privera pas ; 2) le fait que la proximité entre la Russie et l’Iran va amener la Russie, par ailleurs en position de force aujourd’hui, à jouer un rôle beaucoup plus actif dans cette occurrence que dans l’affaire irakienne ; 3) le fait que l’Irak, cette formidable démocratie sponsorisée par les USA, se rangera du côté de l’Iran (autant pour la “petite fleur” du gros Friedman), rendant la position des forces US en Irak extrêmement difficile, voire très dangereuse (William S. Lind croit à un risque d’anéantissement de ces forces) ; 4) le fait que les USA sont dangereusement à court de moyens militaires pour entreprendre quelque chose de sérieux contre l’Iran, — à part des mesures extrêmes (jusqu’à l’emploi du nucléaire) qui auraient des effets négatifs considérables, et que la direction US n’a d’ailleurs pas fondamentalement la capacité d’ordonner.


Mis en ligne le 20 juillet 2006 à 14H18