On sait maintenant qui le futur F-22 nippon menace : la Corée du Sud

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Une phrase récente avait échappé à notre sagacité, — ou, dans tous les cas, nous l’avions interprétée dans un sens un peu trop conventionnel, d’une autre époque. Evoquant la volonté japonaise d’acquérir des F-22 Raptor, la mention avait été faite dans plusieurs articles de la possibilité que d’autres pays alliés des USA réclament cet appareil, notamment la Corée du Sud. Des sources à Séoul ont même été jusqu’à estimer que le gouvernement pourrait envisager d’abandonner une partie de sa commande de F-15 passée il y a quelques années, en se reportant sur le F-22. Notre naïveté (ou notre inattention) avait pris le dessus. Nous avions interprété cela comme la volonté de la Corée du Sud de s’armer, comme le Japon, contre les mêmes dangers (les méchants Chinois, les épouvantables Nord-Coréens et ainsi de suite).

Errare humanum est.

Un texte que publie Defense News le 7 mai (accès payant) remet les choses au point, d’une façon un peu contrite (de même, les articles cités ci-dessus restaient eux aussi encore plus vagues, ce qui excuse en partie, nous l’espérons, notre naïveté-inattention). Après tout, la déclaration initiale qui découvre le pot aux roses remonte au 27 avril et l’on a mis du temps à en détailler la substance explosive. En réalité, nous apprenons que la Corée du Sud veut des Raptor pour contrer les Raptor… japonais.

(Du coup, nous apprenons également que les USA assurent les Sud-Coréens que cette vente au Japon n’a guère de chances de se faire, alors que la presse US claironne par ailleurs, quand il est question du seul Japon, que cette vente a toutes les chances de se faire. Pas de chance.)

Quelques passages du texte :

«Japan’s quest for the F-22A Raptor has alarmed South Korea, despite U.S. assurances that such a sale is unlikely. One day after media reports that Washington might approve a deal, officials in Seoul said April 27 that if their ostensibly friendly neighbor acquired the world’s most advanced fighter, South Korea would respond in kind.

»U.S. officials were quick to dampen the notion that the high-tech jet might be exported. (…)

»But the episode has revealed a growing South Korean wariness about Japan, which ravaged its Asian neighbors in the early 20th century, and which in recent years — and at Washington’s urging — has begun to relax the post-World War II bonds that constrained its military.

»On April 27, South Korean Defense Minister Kim Jang-soo hinted that Seoul might seek F-35 Lightning IIs or even Raptors of its own. “Japan is a rich country that can buy these fighters without difficulty. But we can’t in the same way,” Kim told reporters. “But I agree that we should have sufficient numbers of aircraft whose capacity is equivalent to them.”

»A spokesman for South Korea’s Ministry of National Defense was more blunt. “We can’t sit idly by as Japan is expediting efforts to seek air dominance in the region,” said Col. Kang Yong-hee. “Our Defense Reform 2020 calls for boosting defense capabilities in the long term to counter any regional military threats beyond the existing threat, North Korea.”

Japan has made no secret of its interest in the stealthy, supersonic jet. In a May 1 meeting in Washington, Defense Minister Fumio Kyuma pressed his U.S. counterpart, Robert Gates, for top-secret technical and performance specifications so Japanese officials could “see for ourselves and make [our] own decision” about buying the Lockheed aircraft.

“We have heard the capability is quite high,” Kyuma said. “But without more concrete information [being] disclosed, we won’t be able to know.”

»U.S. officials say privately that Japan is unlikely to get permission to buy the F-22, whose export is forbidden by the 1997 Obey Amendment. They have been pushing Tokyo to consider Lockheed’s F-35 instead, one senior U.S. military official said.

Regional experts say six-plus decades have not erased South Korean memories of World War II.»

On a rarement lu une telle avalanche de mensonges, de contradictions et de contre-vérités dans les affirmations des officiels US, qui vont exactement dans le sens inverse des commentaires qui sont faits autour de l’attitude des Japonais, depuis que ceux-ci ont décidé d’obtenir le F-22. Le cas (l’opposition Corée du Sud-Japon) à propos du F-22 est pour l’instant traité avec une certaine légèreté du côté US. Mais si l’on tient compte de la très forte volonté politique japonaise d’acquérir cet appareil d’une part, des problèmes que l’exportation du F-22 pose pour la législation US et la paranoïa américaniste, il est probable que nous soyons embarqués pour un nouvel imbroglio dont l’administration GW Bush a le secret. Il est manifeste que les USA, en accueillant avec faveur la demande japonaise, n’avaient pas prévu la réaction sud-coréenne.


Mis en ligne le 8 mai 2007 à 16H59