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3051• Horreur ! Orban président du Conseil de l’UE, s’arrête quelques heures à Moscou pour parler avec Poutine des conditions et de l’éventualité d’une paix en Ukraine. • Avec un texte d’Andrew Korybko.
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Qui est ce monsieur Viktor Orban ? Plus précisément : en quelle qualité se déplace-t-il : premier ministre de Hongrie ou président du Conseil de l’UE depuis le 1er juillet et jusqu’au 31décembre ? Cela dépend de quel point de vue l’on se place, et avec quelle humeur, et de quelle visite il s’agit. Lorsqu’il est allé voir Zelenski à Kiev, les dents ont un peu grincé mais on n’a pas trop insisté parce qu’il s’agissait d’un déplacement d’habitude autorisé et même sanctifié, et malgré qu’il ait parlé, – scandale diplomatique sans précédent, – d’un plan de paix pour l’Ukraine. Mais rencontrer Poutine, dans sa forteresse du Kremlin, cela passe tout ! Orban a donc manœuvré pour atténuer les gémissements de colère venus de Bruxelles et de Varsovie :
« Selon lui, écrit Korybko, sa mission de paix consiste avant tout à voir quelles concessions chaque partie est prête à faire. Orban a précisé qu’il n’avait pas besoin d’un mandat européen pour cela puisqu’il n’agissait qu’en tant que médiateur à titre personnel et ne négociait pas au nom du bloc. Michel, Tusk et les autres sont donc légalement impuissants à l’arrêter. »
Il est extraordinaire de constater les réactions que soulève cette initiative, – tenter d’améliorer les conditions pour une paix entre l’Ukraine et la Russie, – chez des personnalités parfaitement représentatives de l’état d’esprit européen, horriblement choquées qu’on puisse rechercher la paix, travailler pour la paix. Ce fut le cas du président de la bureaucratie de l’UE Charles Michel, qui porte sur son visage les traces de la hauteur intellectuelle de son jugement, et du Premier ministre polonais Donald Tusk, qui assuma cette fonction européenne et place aujourd’hui son pays dont il est le premier ministre, dans le cadre d’une trahison de tous ses liens historiques (notamment avec la Hongrie), sous la protection d’une Allemagne épuisée, laquelle agit au nom d’une Amérique en lambeaux. Et tout ce beau monde ne veut que trois choses : du sang, encore du sang, toujours du sang. (Russe, de préférence, pour faire mieux fonctionner l’UE.)
L’absence totale de vergogne de ces personnages dans leur protestations vulgaires et leurs prestations sordides contre l’initiative de Orban nous donne une idée des causes de la chute vertigineuse du crédit des ZélitesZombies qui conduisent les pays de l’Occident narcissique-compulsif. Bien entendu, ils se rangent au côté des von der Leyen, Kallas (nouvelle ministre des affaires étrangères de l’UE, qui a pour habitude de manger une douzaine de Russes au petit-déjeuner), Macron, Biden, Johnson, éventuellement des Minc et Attali, et ainsi de suite sans reprendre son souffle.
Heureusement, il y a quelques aliénés...
« “Je tiens à exprimer mon admiration pour le premier ministre hongrois, qui s'est rendu à Kiev et à Moscou sans hésiter”, a déclaré [le premier ministre slovaque] Fico au cours de son discours de 15 minutes, qui a été ovationné.
» “Il n'y a jamais assez de pourparlers et d'initiatives de paix. Si mon état de santé [à la suite de l’attentat contre lui] me permettait d'y aller, j'aurais aimé me joindre à lui.
» “C'est précisément le conflit en Ukraine que l'UE et l'OTAN ont élevé au rang de priorité, en sanctifiant littéralement le concept d'une seule opinion correcte, à savoir que la guerre en Ukraine doit se poursuivre à tout prix pour affaiblir la Fédération de Russie. Quiconque ne s'identifie pas à cette opinion obligatoire est immédiatement qualifié d'agent russe et marginalisé politiquement au niveau international”. »
L’initiative d’Orban (parler avec Poutine à Moscou avant de se rendre en Azerbaïdjan) a mis en évidence les difficultés d’une négociation, qui s’avère ainsi d’autant plus nécessaire. Orban n’est nullement du parti de la Russie ; c’est une attitude d’autant plus remarquable lorsqu’on la compare à la politique de haine totale d’un vertige bureaucratique, UE complètement enchaînée à ses fantasmes d’une utilité et d’une nécessité guerrières qui achèvent d’en faire un double soumis, comme l’est une fille, de l’Amérique.
Mais Korybko, en présentant dans son texte ci-dessous (du 6 juillet 2024) cette balade bien préparée de Orban, va beaucoup plus loin. Il la présente comme une sorte de mise en place du cadre où devrait se développer, à l’occasion du G20, une initiative beaucoup plus ambitieuse, menée par la chine et le Brésil, pour tenter d’élaborer un plan de paix que la Russie attend avec intérêt.
A ce point de la prospective, l’UE écume de rage et nous évoluons dans une satisfaction assez inédite de voir se défaire ces grandes constructions impériales et impératives qui contraignent nos vies. Après tout, le Orban de la petite Hongrie abat un travail considérable au milieu des géants impuissants et hagards de la civilisation américaniste-occidentaliste en cours accéléré de décomposition.
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Le Premier ministre hongrois Viktor Orban s'est rendu vendredi à Moscou avant de se rendre le lendemain en Azerbaïdjan pour assister au sommet annuel de l'Organisation des États turcs qui s'y tient cette année. Cela s’est produit peu de temps après son voyage à Kiev, le premier qu’il a entrepris depuis le début de la dernière phase du conflit ukrainien qui a duré dix ans il y a près de 18 mois, au cours duquel il a discuté de la paix et des relations bilatérales avec Zelenski. Comme on pouvait s’y attendre, les principales personnalités européennes n’ont pas apprécié sa visite à Moscou.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a réagi en rappelant à Orban qu'il ne pouvait pas négocier au nom de l’UE pendant la présidence tournante de son pays au Conseil de l’UE, tandis que le Premier ministre polonais Donald Tusk s’est dit choqué par la nouvelle et a laissé entendre qu’Orban serait le manipulé par Poutine. Les propos du deuxième dirigeant mentionné étaient particulièrement surprenants puisque la Hongrie est le plus ancien allié de la Pologne et qu’ils célèbrent chaque année le 23 mars leur amitié séculaire.
Des divergences entre eux sont apparues depuis le début de l’opération spéciale russe il y a près de deux ans et demi, après que l’ancien gouvernement nationaliste-conservateur polonais ait montré toute sa froideur à ses homologues hongrois face à l’opposition d’Orban à l’armement de l’Ukraine et à la poursuite du conflit. Quoi qu’il en soit, ils s’abstinrent de faire les remarques manifestement grossières que Tusk vient de faire, motivées par la réaffirmation de son idéologie libérale-globaliste au détriment de leur amitié historique.
Michel, Tusk et leurs semblables sont très en colère contre Orban parce qu'ils craignent qu'il puisse réellement contribuer à faire des progrès tangibles dans la relance d'une sorte de cadre de pourparlers de paix russo-ukrainiens avant le G20 de novembre, ce qui pourrait dissiper le faux sentiment d'urgence pour leur “Union européenne”, d’établir des plans de “ligne de défense”. La Pologne a déjà amené l’Allemagne à accepter d’assumer une responsabilité partielle pour la sécurité de sa frontière orientale et il est probable que Berlin acceptera bientôt d’assumer le même rôle pour les pays baltes afin de les aider également à fortifier leur frontière.
Il est impératif que l’élite libérale-globaliste au pouvoir au sein de l’UE construise ce nouveau rideau de fer pour la nouvelle guerre froide afin de continuer à manipuler leurs populations pour qu’elles soutiennent des dépenses militaires record et restent subordonnées aux États-Unis après que ces derniers ont réaffirmé leur hégémonie en déclin sur eux en 2022. Ils ne veulent absolument pas qu’Orban utilise la nouvelle position européenne de son pays pour sensibiliser le monde à la généreuse proposition de cessez-le-feu du président Poutine et à tout autre compromis pragmatique.
À ce propos, le dirigeant russe a déclaré lors d'une conférence de presse après le sommet de l'OCS à Astana la semaine dernière qu'il ne s'engagerait pas dans un cessez-le-feu unilatéral après avoir été trompé par le cessez-le-feu partiel qu'il avait approuvé au printemps 2022 en retirant ses troupes de Kiev afin de faciliter la signature d’un accord de paix. Il a donc exigé que l’Ukraine prenne cette fois des mesures irréversibles afin de montrer qu’elle prend la paix au sérieux et qu’elle ne le mène plus par le bout du nez après avoir franchement admis en décembre qu’il avait été naïf.
Néanmoins, il reste ouvert au compromis, et c’est là que réside le rôle qu’Orban peut jouer pour aider à rapprocher la Russie, l’Ukraine et les États-Unis de ce résultat. Selon lui, sa mission de paix consiste avant tout à voir quelles concessions chaque partie est prête à faire. Orban a également précisé qu’il n’avait pas besoin d’un mandat européen pour cela puisqu’il n’agissait qu’en tant que médiateur à titre personnel et ne négociait pas au nom du bloc. Michel, Tusk et les autres sont donc légalement impuissants à l’arrêter.
Même si on ne peut pas en être sûr, il est possible qu'Orban se coordonne dans une certaine mesure avec la Chine et le Brésil – dont le consensus de paix en six points de fin mai pourrait jeter les bases de pourparlers soutenus par la Chine mais dirigés par le Brésil avant ou lors du G20 – ou en s’alignant indépendamment sur cette vision. La Suisse, qui a accueilli les négociations du mois dernier sur l’Ukraine, a déjà déclaré que les prochaines négociations n’auraient pas lieu à l’Ouest et incluraient la Russie, de sorte que le scénario précédent n’est pas improbable.
Toutefois, pour qu'il y ait une chance de succès, une vision claire des véritables lignes rouges de chaque partie – et non de lignes déclarées publiquement qui pourraient être qualifiées de démagogie – doit être comprise par un tiers bien intentionné afin d'élaborer lors du G20 des propositions pratiques de réduction des risques et de l'écart qui les sépare. Alors que le représentant spécial de la Chine pour les affaires eurasiennes, Li Hui, mène depuis des mois déjà des navettes diplomatiques à cette fin, les efforts d’Orban peuvent les améliorer de plusieurs manières importantes.
Contrairement au diplomate chinois, le dirigeant hongrois a des contacts réguliers avec ses homologues européens, ce qui lui permet de mieux comprendre les intérêts du bloc et jusqu’où ils pourraient raisonnablement aller pour la paix. Il peut également servir de canal de communication informel entre Moscou et Bruxelles.