Où est la bonne nouvelle ?

Ouverture libre

   Forum

Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 450

Où est la bonne nouvelle ?

En avril se commémorait la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. C’est à cette occasion que fut amorcée la Glasnost instituée par le liquidateur de l’Union Soviétique.

Fukushima ne semble pas avoir donné lieu à une réplique de la nature de celle qui avait bouleversé le monde, la disparition du bloc communiste et son installation dans l’ère du capitalisme sans contradiction aucune.

General Electric, coupable d’avoir localisé cette monstruosité sur un site connu pour être vulnérable à des secousses telluriques, vient d’être récompensé grassement. Il phagocyte Alstom récemment renfloué par l’État français, soit par une dette contractée au nom du peuple français auprès d’institutions financières privées le plus souvent non nationales.

L’insolente bonne santé financière de General Electric est due pour une part à une imposition sur ses bénéfices quasiment nulle. L’autre est à imputer à la bienveillance d’une Federal Reserve américaine source intarissable de liquidités dont l’utilité est d’acheter des bons du Trésor de l’État fédéral et de manipuler le ‘“Marché” dont la liberté est très circonscrite. Pfizer s’apprête à digérer de la même manière Astra Zeneca.

Bientôt plus aucun médicament ni de courant électrique qui ne soit étasunien ? Et pour le dire, il faudra le langage des sourds-muets afin d’échapper à la surveillance de la NSA.

Ces transactions de fusions-acquisitions qui sont en train de séquestrer entre les mains d’un très petit nombre des biens de nature publique se réalisent sans intention immorale.

Elles résultent d’un effet de structure, c’est la morphogénèse du capital. Pour plus de profit doit se gommer la concurrence et s’éliminer les gradients qui aplatissent les courbes de la rentabilité.

Hiroshima et Nagasaki ne suffisaient pas, il a fallu agrémenter l’archipel nippon d’un troisième noyau de radiations ionisantes alors que sa démographie a largement entamé sa décroissance depuis 2005.

Tchernobyl et sa ville satellite Pripiat devenue fantôme il y a trente ans dépendent administrativement de la province de Kiev, sises à quelques encablures au Nord de la capitale de l’Ukraine. Là où en novembre passé, le simulacre d’une révolution d’un genre nouveau a été produit. Quand les peuples des pays européens avaient eu l’occasion d’être consultés, ils avaient clairement exprimé leur refus de renoncer à leur souveraineté au profit d’une entité dont la caractéristique est d’être exemptée de tout contrôle ou même simple regard, même formel, démocratique. Dix ans plus tard, deux ou trois mille manifestants ont élu domicile face au Parlement sur la place Maidan pour réclamer la subordination de leur pays à l’Union Européenne. Leur encadrement par des unités militaires et paramilitaires et l’intervention opportune de tireurs d’élites ont permis les sacrifices humains nécessaires à la réalisation d’un coup d’État. L’Occident a rapidement investi l’équipe préalablement sélectionnée pour démettre le Président élu et son gouvernement.

Les feux d’une guerre contre les civils rétifs à la disparition de leur langue, leur culture et leur mode de vie ont été allumés sur une terre reliée au continent européen avec des figures inversées par rapport au foyer ardent syrien. Les “rebelles” ukrainiens sont d’emblée des terroristes alors que les oligarques appuyés sur des partis nazis incarnent la légalité. Bachar al Assad est un dictateur sanguinaire qui ne mérite pas de vivre et les takfiristes qui exterminent par décapitation, crucifixion, gaz neurotoxique tous ceux qui ne sont pas de leur obédience sont des héros révolutionnaires.

D’un côté des forces aveugles indifférentes au contexte qui les a engendrées.

De l’autre, une certaine conscience de soi qui n’obtempère pas à son annihilation.

Il n’y a pas de gouvernement étasunien.

Tout au plus un agrégat d’intermittents du monde de l’industrie en particulier militaire et de la banque.

Robert Rubin assez emblématique à cet égard passera à la postérité pour un modèle du genre. Appelé par Clinton en 1995, il quitte sa fonction de co-président de Goldman Sachs pour devenir Secrétaire au Trésor jusqu’en 1999. A ce poste il a entrepris l’abolition des réglementations qui ont encadré l’activité de l’industrie financière établies à la suite de la Grande Dépression, laquelle dérégulation produit ses effets à plein encore à ce jour. Il a rejoint ensuite la direction de la banque Citigroup.

William Cohen, quoique Républicain a été Secrétaire d’État à la Défense sous Clinton. Il travaille actuellement dans une firme qui produit des bâtiments militaires amphibies pour une clientèle européenne. Donald Rumsfeld avait travaillé pour la firme pharmaceutique Searle tout en étant Secrétaire Général à la Maison Blanche au début de sa carrière. Quand il a été nommé à la Défense sous Bush junior, le Pentagone a passé des commandes énormes de Tamiflu - inefficace pilule contre le virus de la grippe - à la firme Gilead qui l’avait alors gratifié de stocks options.

De tels personnages peuvent-ils œuvrer en dehors du périmètre assigné par leurs donneurs d’ordres, employeurs anciens ou futurs et financeurs de leurs campagnes électorales ?

De l’autre, une tentative de desserrer un étau d’abord économique et en second lieu militaire.

En août 2013, la Russie a restructuré la dette de Chypre. Elle a reculé de deux ans le début du paiement tout en abaissant le taux d’intérêt du prêt de 4,5% à 2,5%. A peu près le contraire de ce que les gouvernements européens fondés de pouvoir des banques européennes ont consenti à la Grèce. Malgré la menace du Royaume-Uni qui y dispose de deux sites militaires, Chypre a refusé que son territoire ne serve de base d’attaque occidentale contre la Syrie.

Poutine a fait coïncider l’annonce de sa décision de livrer la dernière version des missiles S 300 à la Chine populaire le dernier jour de la tournée d’Obama en Asie. Barak Hussein Obama l’avait initiée par une visite en Arabie aux mains des Séoud. Il ne pouvait s’agir de discussions stratégiques pour affaiblir la Russie en lui faisant surproduire le pétrole, en effet, à ce jour seul le Venezuela peut faire fluctuer significativement le niveau de production mondial. Le successeur de Chavez a fort à faire avec le mouvement estudiantin et ses provocateurs appointés. En cas de diminution par les procédés habituels de manipulation des cours des matières énergétiques de la valeur de la rente des hydrocarbures russes, l’extraction si onéreuse des gaz de schiste sur le sol nord-américain deviendrait plus qu’injustifiée. Cette fausse bravoure technologique en réalité pure aberration écologique doublée d’une absurdité économique est présentée depuis quelque temps comme la porte de salut des US(a) vers leur indépendance énergétique. La Russie détient dans son sous-sol 75 milliards de barils de gaz schisteux, soit une fois et demi les ressources étasuniennes.

Poutine peut en effet tenir le vent des sanctions dérisoires qui s’abattent sur les personnalités de son entourage. L’on sait déjà que les clients européens contourneront une éventuelle interdiction d’achat du gaz russe et selon quelles voies.

La Russie dispose d’une énorme réserve de change. Elle est certes sollicitée pour soutenir le cours du rouble affecté d’une dépréciation de 8% depuis un trimestre. Ce faisant, elle solde ses dollars ce qui lui permettra de la restructurer à terme autour d’une autre valeur de réserve et ce faisant, elle affaiblit le dollar. L’État russe n’est pas endetté, la dette publique représente 13% de son PIB versus une moyenne de 87% pour les États de l’UE. Peu lui chaut des humeurs des agences de notation qui fixent les taux d’intérêt auxquels peut prétendre une nation qui sollicite le marché financier international. Son déficit budgétaire est modeste 1,3% versus 3,3 % officiels pour l’UE malgré une politique de grands travaux lancée en 2013 en particulier la construction de voies ferrées transcontinentales à son orient vers le Kazakhstan.

La Russie après 13 ans de gouvernement Poutine assure quasiment le plein emploi avec 5,4% de taux de chômage.

La Russie n’obéit pas aux impératifs dogmatiques imposés par les Banques Centrales occidentales, imposant de contenir l’inflation au dépens du chômage.

Poutine est vu comme l’homme à abattre car dès sa prise en mains de la Russie post Eltsine, il a fait procéder à l’emprisonnement en masse de 100 000 délinquants en col blanc qui se sont partagés selon des procédés de brigands les biens publics de l’Union Soviétique.

Hollande et ses prédécesseurs ont cédé les bijoux de famille de la nation française et continuent de le faire. Quand un avion décolle d’un aéroport français, le bénéfice de son nettoyage effectué par des Français sous-payés et interdits d’activité syndicale va à des fonds de pension étasunien. Vinci, maintes fois soutenu par le contribuable sans contrepartie imposée par le gouvernement, lui a cédé ce ‘service’.

La Russie a certes une stratégie.

Très simple à lire et donc incompréhensible pour les tordus qui ont hérité des réseaux Gladio et prétendent assurer leur domination en écoutant aux portes et en surveillant les alcôves.

Persister à être dans sa singularité sans se faire piétiner et pulvériser. Mais c’est déjà offenser le Système car autour de cet attracteur s’agrègent d’autres singularités qui défendent leur existence.

Pour l’accomplir, elle dispose de quelques moyens en raison des interdépendances tissées par le Système lui-même.

Mais est-ce l’issue ?

Ne faudrait-il pas plutôt dévoiler que l’humanité peut vivre avec ce qu’elle a appris depuis l’aube sans cette compétition qui la conduit à son extinction ?

Il lui faudrait des prédicateurs inspirés et non des prêtres qui amassent des trésors pour des idoles ni des scribes qui rabâchent des rituels dans une langue ligneuse aussi vide de sens que les glossolalies des mystères delphiques.

Où et comment sera dite et entendue la parole libérée de la domination des fabricants de l’opinion taillée pour une préservation illusoire des richesses des marchands du temple ? Quelle sera leur teneur? La Parrhesia prisée dans le monde grec chez l’intellectuel a bientôt proliféré chez le prophète sémite hellénisant au Moyen Orient, elle s’est pratiquée quand prenaient fin les guerres entre Lagides et Séleucides et qu’un ordre mondial unipolaire naissait sous les assauts de Rome. Des communautés se fondaient, renonçant à la propriété privée, mettaient en commun leur patrimoine et leurs revenus et s’installaient aux confins du désert, prêtes à recevoir une révélation. Des maîtres de sagesse drainaient des disciples qui se donneront la mission de la diffuser. Dire la fraternité universelle a pu être pris pour un trouble à l’ordre politique puni par gouverneurs militaires par la pire des mises à mort, la crucifixion.

Dilatée au vaste empire, la parole des inspirés fut confisquée et remplacée par celle des prêtres et l’acuité de sa vérité perdue dans les ors des nouveaux temples.

Les Élus sont baptisés à la même eau contaminée au Césium ruisselant de Fukushima que les 99%. Dans celle de l’Oronte rougie de leurs œuvres, ils ont noyé leur idéal frelaté de la liberté et réduit en cendres à Odessa leur promesse de démocratie.

Badia Benjelloun