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1886Forecast International Inc., firme spécialisée dans l’étude prospective du marché de l’armement, prévoyait un avenir prometteur avec des ventes en progression pour ses clients en Afrique. Sous la plume d’un de ses analystes, Matthew Ritchie, l’appréciation habituelle que ce marché reste marqué par une corruption latente et des acquisitions subventionnées par l’aide extérieure doit être révisée.,
Certes, la dépense globale africaine dans l’armement a crû de 9% par an de 2004 à 2008 pour ralentir à 3% en raison de la baisse mondiale du prix des matières premières. Elle ne connaîtra pas de bond spectaculaire de façon immédiate.
Mais il existe désormais de bonnes opportunités dans des segments spécifiques.
Tous les pays producteurs d’énergie fossile sont de bonnes cibles, en particulier l’Algérie, la Lybie, L’Angola, le Soudan et le Nigéria.
Ces prévisions datent de 2007 soit une véritable éternité à l’échelle du temps aboli et réduit à un pur présent. Avant donc que la crise du crédit immobilier étasunien ne se soit infiltrée dans le moindre espace de l’économie mondiale. Les produits financiers qui en ont été dérivés ont été vendus comme investissement spéculatif à l’ensemble des banques de la planète unifiée par le capitalisme qui en assure l’activité par son irrigation financière. Les banques ont perdu, certains banquiers se sont immensément enrichis et les peuples se sont appauvris.
Parmi les pays donnés comme objectifs par FCI, la Libye et le Soudan ont disparu.
La Libye s’était abondamment fourni en armement occidental, en particulier français, avant de disparaître dans un trou noir aménagé par ceux-là même dont elle est devenue le client en surveillance électronique et autre quincaillerie qui ne prémunit pas contre la destruction programmée.
Le Soudan a fini par se scinder, le Sud destiné à la sécession depuis les années cinquante est, après son indépendance en juillet 2011, la proie d’une guerre civile atroce depuis 2013 qui emprunte le masque de rivalité ethnique quand s’opposent des appétits féroces pour le contenu d’un sous-sol très riche.
L’Algérie est en voie de négocier une transition dont l’issue reste incertaine. La paix sociale obtenue par la redistribution infime de la rente pétrolière devient difficile à assurer, le cours pétrolier est au plus bas en lien avec une offre trop abondante. Le clan des ‘Français’ risque de l’emporter. L’Algérie confie à Total l’exploitation de gaz de schiste, compromettant l’équilibre écologique du Sud du pays avec destruction programmée d’une nappe d’eau fossile appartenant à tous les pays riverains du Sahara.
L’état-FLN a réorganisé ses services de renseignement, police politique et contre-espionnage, mutations et évictions ont concentré tous les leviers du pouvoir du Chef des armées qui est aussi le chef de l’état. S’il reste secret, le budget alloué à la surveillance et aux opérations spéciales est sans doute colossal. Quant à l’armée, l’état-FLN lui dédie 20% de son budget, loin devant l’éducation nationale.
Le Nigéria est le théâtre de ‘turbulences’.
Premier producteur et premier exportateur de pétrole du continent, il en est le pays le plus peuplé. Entre 2005 et 2013, son PIB a crû de 6,8%. Il est la 26ème économie du monde tout en n’étant classé que 121ème pour son revenu par habitant. Malgré les succès d’une économie qui n’est plus basée exclusivement sur la rente des hydrocarbures, la pauvreté s’est aggravée et les inégalités se sont davantage creusées.
La secte BokoHaram née au lendemain du 11-9-2001 recrute avec facilité parmi une jeunesse au chômage dans un contexte de grande disparité entre le Nord et le Sud. Son discours condamne la corruption et l’inégalité.
De ramassis de gangsters vivant de rapines et de rançons, elle est devenue une organisation militaire dotée d’armement lourd et dispose de plus de 30 000 hommes, bien entraînés. Son financement, à l’instar des autres entités sectaires et militaires qui se multiplient là où se trouvent noués des intérêts stratégiques et économiques d’importance, est assuré par les Séoud, les El Thani de la presqu’île qatarie et par une fraction de l’élite musulmane du Nord frustrée d’être écartée du pouvoir fédéral. L’autre similitude frappante avec les autres artefacts terroristes est qu’elle ne s’attaque jamais à des intérêts occidentaux. D’après Wikileaks, la CIA forme depuis 2004 des jeunes, armes et renseignement, pour les verser à la secte de BokoHaram (ce qui veut dire interdiction de l’école, sous-entendu occidentale).
La présence chinoise se fait ressentir de plus en plus dans le Golfe de Guinée. La China National Offshore Oil Corporation signe en 2006 un contrat d’exploitation pour deux milliards de dollars. La Chine accorde des prêts pour moderniser le chemin ferré et le matériel roulant.
Le géant africain doit être déstabilisé voire éclaté en petites principautés.
Par ailleurs, Israël est très impliqué dans la coopération avec les agences de sécurité fédérale. L’arrestation en 2013 d’hommes d’affaires libanais installés dans le Nord est à mettre à l’actif du Mossad qui a fabriqué des preuves de leur appartenance à une cellule du Hezbollah. Ce 21 décembre 2015, un centre cultuel shiite appartement à l’Islamic Movement of Nigeria dans l’état de Kaduna été totalement détruit par l’armée nigériane. Une semaine auparavant, l’armée avait ouvert le feu sur une procession se rendant à une cérémonie religieuse et fait douze morts. Le lendemain, le chef de IMN est arrêté à son domicile lors d’un raid de l’armée. Il y eut des centaines de morts parmi les fidèles qui ont tenté de protéger l’imam Zakzaki.
De quoi agrémenter durablement les futurs conflits.
Malgré (ou en raison du) le dispositif Africom et le chapelet de relais occidentaux établis en Centre Afrique, au Cameroun et au Tchad, le Nigéria s’adresse maintenant à la Russie et à la Chine pour acquérir un matériel militaire sophistiqué.
L’attaque au Radisson Blue Hotel le 20 novembre à Bamako, capitale d’un des pays africains les plus pauvres, par une équipe d’hommes lourdement armés et bien entraînés avait fait 27 morts. Parmi les victimes assassinées de sang froid, 9 étaient chinoises ou russes.
Les trois Chinois figuraient des personnalités importantes de la compagnie nationale chinoise des chemins de fer dont le PDG et le vice-président de China Railway Construction Cooperation International ainsi que le président de la division pour l’Afrique de l’Ouest. Fin 2014, Ibrahim Babacar Keita en marge du forum économique mondial avait signé un accord pour un projet de quelques 8 milliards de dollars qui réalisera la liaison ferroviaire Bamako-Conakry, quelques 900 km et la rénovation de la liaison Bamako-Dakar (15 milliards de dollars).
Les victimes russes travaillaient pour la firme de transport par cargo aérien de très grosse capacité, la Volga –Dniepr.
Les investissements chinois au Mali ne se limitent pas au seul réseau ferré, des milliers d’unités de logements, des usines hydroélectriques sont en projet pour les provinces de Kidal et Tombouctou, particulièrement déshéritées et pour cette raison traversées de tensions centrifuges sécessionnistes.
La Russie est devenue depuis 2013 le principal fournisseur d’armes au Mali.
La sous-traitance hollando-fabusienne du problème sahélien n’empêchera en rien l’intensification des relations économiques des anciennes colonies avec les « émergents ».
La présence du Président chinois à Johannesburg au deuxième sommet Chine-Afrique le 5 décembre 2015 a permis d’appuyer fortement la volonté bilatérale de hausser le niveau du partenariat et de coopération stratégique global.
L’installation davantage renforcée de la Chine en Afrique est un enjeu vital pour le moteur économique mondial. Surproduction, comme partout ailleurs et énormes surcapacités. Elle est en train d’élargir son système de crédit à la consommation à l’intérieur de ses frontières au travers d’un maillage très serré des réseaux sociaux.
Mais elle doit aussi exporter son argent qu’elle ne place plus à perte dans des bons de Trésor américain, son savoir faire et ses usines.
En se positionnant au Soudan, au Mali et au Nigéria, elle prend l’Afrique par la taille.
L’Afrique sera grosse de deux milliards d’habitants dans trois décennies, malgré le Sida, malgré le virus Ebola, malgré Bokoharam, Aqmi, FIS et autre GIA.
(1) Boeing, Lockheed-Martin, Raytheon, Northrop Grumman, Airbus, Bombardier…