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26 septembre 2003 — Un article de William Pfaff ce matin vient renforcer, et de façon très précise, des rumeurs de plus en plus insistantes sur le désengagement américain d’Irak. Pfaff donne ces précisions : « Despite the optimism at the Pentagon about Iraqi operations, Tuesday's speeches at the United Nations General Assembly may actually prove to be a step toward an American retreat from Baghdad, possibly before the end of this year. »
William Pfaff évoque une tactique à propos de laquelle des hypothèses ont déjà été faites : un repli des forces US sur des bases fortement protégées, la sécurité des centres urbains étant laissée aux Irakiens.
« The military in Baghdad is now planning how to get out of the present mess. What's being discussed is a military retreat into several well-defended bases well away from the capital and Iraq's other cities. These undoubtedly are mostly the same bases Washington had in mind before the war as permanent U.S. installations. »
» The idea is to hand over Iraq's security to newly recruited Iraqi police and militias, as well as to whatever multinational force the United States can put together. »
Cette perspective est dans l’air parce que, depuis quelques semaines et l’aggravation de la situation sur le terrain, la coalition interventionniste de l’équipe GW Bush s’est fractionnée, principalement en deux. Les “jusqu’auboutistes” néo-conservateurs sont de plus en plus isolés, tandis que les nationalistes interventionnistes menés par Rumsfeld envisagent de plus en plus un retrait. (Dans des déclarations faites hier devant le Congrès, Rumsfeld confirme cette analyse lorsqu'il présente les crédits de $87 milliards demandés par l'administration comme une “stratégie de sortie” d'Irak.)
Dans sa chronique du 17 septembre, Justin Raimundo faisait un long commentaire sur cette question (« Donald Rumsfeld, Peacenik? Rummy wants out – and the neocons are hopping mad »). La veille, sur atimes.com, Jim Lobe, qu’on sait particulièrement bien informé, avait largement développé l’hypothèse, en citant notamment l’excellent Charles Kupchan.
« Pentagon chief Donald Rumsfeld, on the other hand, is dead-set against deploying yet more troops to join the 180,000 now in Iraq and Kuwait. And while he, like the neo-cons, opposes conceding any substantial political role for the UN or anyone else, his preferred option is to transfer power directly to the Iraqis as quickly as possible, even at the risk that reconstituted security forces would be insufficiently cleansed of elements of the former regime's Ba'ath Party.
» “It's clear now that Rumsfeld is not interested in ‘remaking Iraq’,” said Charles Kupchan, a foreign-policy analyst at the Washington, DC, office of the New York-based Council on Foreign Relations. “He wants to get the hell out of there.” »
Les signes ne manquent donc plus pour envisager un “retrait stratégique” des Américains, dans tous les cas loin des zones à risque pour les forces américaines. D’ailleurs, ce même Jim Lobe nous avertissait, dès le début avril, sur la possibilité d’une politique de retrait de Rumsfeld, alors même qu’il n’était pas question de difficultés sur le terrain, bien au contraire. Nous sommes revenus sur le sujet, quelques jours plus tard, le 12 avril. Bien entendu, la dégradation de la situation a servi d’élément dramatique pour cette question du retrait.
S’il semble acquis qu’on aille désormais vers une sorte ou l’autre de retrait, ou repli américain, la crise n’en est pas finie pour autant. Simplement, elle va changer de “théâtre d’opération”. Elle va se déplacer vers le coeur de cet empire qui n’a eu ni le temps ni les moyens de s’affirmer, — et cela, justement, va peser lourd. Une telle évolution (retrait ou repli) signifie, qu’on le veuille ou non, une défaite majeure de la politique GW. Cela, en pleine année électorale. Toutes les grandes questions vont être posées, celle de l’empire, celle aussi de la stabilité d’un régime qui permet de telles aventures sans même en recueillir un succès décisif pour des campagnes aussi réduites que celles de l’Afghanistan et de l’Irak.