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1288J’étais passé par la case France quelques jours en décembre 2015, et j’avais assisté après le Bataclan au triomphe du PS aux régionales. J’avais d’ailleurs lu le Canard enchaîné. Tout guilleret le Canard, dans sa page des ragots éternels, expliquait que son copain Hollande était content de son score. « Qui aurait cru que nous sauverions cinq régions ? ». Qui en effet?
Car Hollande est un boss (lisez Cochin&Ostrogorski), et il avait sauvé cinq régions en laissant le vil FN humilié en PACA et je ne sais plus où. Il triompha en retirant des troupes ici pour tout gagner un peu plus loin. Là il nous refait le coup, il s’en va, son apprenti aussi. Les messianiques classiques de l’extrême-droite (on va bientôt être à notre place, depuis Maurras ou même Boulanger) et les antisystèmes croient qu’il s’agit d’un énorme échec du système et de son plus blafard représentant ; et bien sûr ils se trompent.
Le PS triomphera, peut-être même aux législatives (même si la chambre ne sert plus à rien) et Hollande sera président de la communauté européenne, puisque Micron (dixit PhG) lui devra bien ça. Président à 39 ans, comme le regrettable Renzi.
Le prochain triomphe du PS aux élections, dû au retrait de Hollande et de Valls ? L’électorat français est tellement aveuglé de bandeaux télé qu’il pense que voter Macron-Hamon-Mélenchon ce n’est pas voter PS. Dont acte.
Il n’y a pas de PS puisqu’on nous dit en bandeau qu’il n’y a pas de PS.
Cela devient du Philip K. Dick !
Le PS garde son sang-froid, les clés de ce royaume et ses paramètres ; il change juste les marionnettes, et tous foncent dans le panneau. Cela montre que l’électeur reste très bienveillant et y trouve son compte : la fin du nucléaire français, les attentats, la guerre contre la Russie, les hausses d’impôts, la dévastation du monde arabe, le micro-bourgeois avale tout ça. Sapir, Bonner, ces éconoclastes me trompent, l’économie va bien…
J’en viens à Pareto car il explique déjà tout ça. Pour lui François Hollande est le renard. Lisons le maestro italien :
« Si, au contraire, ils n'usent pas de la force parce qu'ils estiment plus judicieux d'employer d'autres moyens, on a souvent l'effet suivant. Pour empêcher la violence ou pour y résister, la classe gouvernante recourt à la ruse, à la fraude, à la corruption et, pour le dire en un mot, le gouvernement, de lion se fait renard. La classe gouvernante s'incline devant la menace de violence, mais ne cède qu'en apparence, et s'efforce de tourner l'obstacle qu'elle ne peut surmonter ouvertement. A la longue, une telle façon d'agir produit un effet puissant sur le choix de la classe gouvernante, dont seuls les renards sont appelés à faire partie, tandis que les lions sont repoussés. »
Hollande est le renard de la fable, plus que celui du Roman médiéval qui selon Aroux s’en prenait au clergé romain et à son bras séculier. Il sait y faire sans avoir lu Sun Tsu :
« Celui qui connaît le mieux l'art d'affaiblir ses adversaires par la corruption, de reprendre par la fraude et la tromperie ce qu'il paraissait avoir cédé à la force, celui-là est le meilleur parmi les gouvernants. »
Le lion est toujours gêné même dans sa version dégénérée (Sarkozy). Quant à l’agneau catho qui aime le cashmere, on n’en parlera pas.
Pareto encore :
« Celui qui a des velléités de résistance et ne sait pas plier l'échine en temps et lieu est très mauvais parmi les gouvernants, et ne peut y demeurer que s'il compense ce défaut par d'autres qualités éminentes… »
Pareto ne se fait pas plus d’illusions que Nietzsche ou Tocqueville.
Les illusions c’est bon pour se faire élire :
« L'individu prévaut, et de beaucoup, sur la famille ; le citoyen, sur la collectivité et sur la nation. Les intérêts présents ou d'un avenir prochain, ainsi que les intérêts matériels, prévalent sur les intérêts d'un avenir lointain et sur les intérêts idéaux des collectivités et de la patrie. On s'efforce de jouir du présent sans trop se soucier de l'avenir. »
Et Pareto annonce même les guerres sans risque, étasuniennes et pétrolières :
« Une partie de ces phénomènes s'observent aussi dans les relations internationales. Les guerres deviennent essentiellement économiques. On tâche de les éviter avec les puissants, et l'on ne s'attaque qu'aux faibles. »
Orwell aussi recommandait de s’en prendre au faible. Sans oublier Esope !
Quant à Hollande il est parfaitement aligné dans ces trois lignes :
« On pourrait croire que du côté des « renards », et de celui des patrons, on se sert de dérivations directement opposées, puisque les intérêts sont opposés ; mais cela n'a pas lieu, ou a lieu d'une manière atténuée, en sourdine. »
Leur pensée :
« … les «renards» ont généralement peu de courage ; ils ne sont soulevés par aucun idéal ; ils se gênent presque de leur action, et agissent sans l'oser dire. »
Mais tant que l’élu plaira à son électorat…
Eugène Aroux – Les mystères de la chevalerie, 1858 (archive.org)
Pareto, traité de sociologie générale, volume deux, §2187
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