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4797“Sordides”, écrivent plus d’un commentateur indépendant, nous compris par conséquent, à propos de la première consultation des primaires démocrates, les caucus de l’Iowa qui ont été un mélange stupéfiant de maladresse, de tricherie, de corruption et d’incompétence. Étendant évidemment les pratiques démocrates à tout l’appareil politique du système de l’américanisme, Caitline Johnstone fait cette remarque situant le niveau de corruption et de pourriture de la démocratie-USA, exemple incontestable et phare éclatant du système du bloc-BAO sur lequel on compte essentiellement, sinon exclusivement, pour l’avenir chantant de l’humanité :
« Si de telles manigances aussi évidemment sordides avaient eu lieu en Russie ou au Venezuela, dans les minutes qui suivent Mike Pompeo aurait tenu une conférence de presse exigeant une nouvelle élection sous la supervision de l'ONU et la formation d’une coalition internationale de sanctions. Il est hilarant de voir comment les États-Unis organisent constamment des coups d'État, appliquent des sanctions et arment des milices violentes en se basant sur la référence que leur gouvernement est la parfaite illustration d’un processus démocratique illégitime, alors que ses propres procédures électorales les plus importantes feraient rougir de honte pour son incompétence dans la tromperie n’importe quel dictateur du tiers monde. »
Il est à la fois très difficile et inutile de tenter d’expliquer ce qui s’est passé, ou plutôt ce qui ne s’est pas passé et ce qui s’est mal passé, tout comme ce qui est en train de se passer et ce qui se passera demain. La direction du parti démocrate de l’Iowa invoque des difficultés techniques pour un système électronique nouveau qui n’avait pas été testé malgré les nombreux avertissements, – mais il n’est pas vraiment utile de s’attarder à toutes ces bagatelles. Il reste que nous avons vu une caricature d’une caricature d’une chose pourrie baptisée “démocratie”, couronnée par la panique de la direction du parti (DNC, ou Democratic National Commission) de voir l’incontestable favori effectivement affirmer sa position, – on parle bien sûr du vieux “socialiste” Bernie Sanders. Biden a fait une contre-performance notable et malgré toutes les bouées de sauvetage il devrait rapidement disparaître.
Le choix actuel (pour quelques jours) de l’establishment qui pagaye à la dérive va plutôt vers le jeune Buttigieg, et plutôt par défaut qu’autre chose bien entendu. Buttigieg a été curieusement (?) déclaré “vainqueur” en nombre d’“équivalents de délégués de l'État” (?), à 62% de voix dépouillées alors que Sanders a mené constamment en nombre de voix et devrait mener jusqu’au bout et peut-être l’emporter finalement même en nombre d’“équivalents de délégués de l'État” (??). Buttigieg a 38 ans, il est tout à fait dans le sens du vent puisqu’homosexuel, et surtout, surtout, c’est un ancien officier du renseignement de l’U.S. Navy (Naval Intelligence) qui nous a déjà donné de grands serviteurs du Système (Bob Woodward, l’un des hommes du Watergate, venait de Naval Intelligence)
Enfin, pour nous donner un aperçu du Democratic Circus de l’Iowa en l’an de grâce 2020, quelques paragraphes stupéfaits de l’article du jour de WSWS.org :
« Le retard d'une journée dans la communication des résultats des votes des caucus démocrates de l’Iowa de lundi soir est un événement sans précédent, même selon les normes sordides de la politique capitaliste américaine.
» Pendant une vingtaine d’heures après que 175 000 personnes, selon les estimations, aient participé aux réunions des caucus, le parti démocrate de l’Iowa a refusé de communiquer un seul vote, invoquant des difficultés techniques dans l’application utilisée pour communiquer les totaux des caucus des circonscriptions au siège du parti.
» Lorsque les totaux partiels des votes ont finalement été publiés à 16 heures mardi, heure locale à Des Moines, c'était pour seulement 62 % des quelque 1 800 caucus de circonscription. Le président du parti, Troy Price, a refusé d'expliquer comment ces 62 % avaient été sélectionnés, ou ce qui les distinguait des 38 % qui n'avaient pas encore été communiqués. Il a écarté les questions répétées de l’instant pour après le décompte final.
» Quelles que soient les intentions spécifiques des dirigeants du parti de l’État de l'Iowa, chaque action qu'ils ont entreprise dans la crise des caucus a été au détriment du sénateur du Vermont Bernie Sanders et au profit de l'ancien maire de South Bend, Pete Buttigieg. L'ancien officier de renseignement de la marine a été déclaré vainqueur des caucus par les médias parce que, dans les résultats compilés pour 62% des circonscriptions, il s'est classé premier dans l'obscure catégorie des “équivalents de délégués de l'État”, la mesure mise en évidence par le parti de l'État.
» Dans le même tableau, Sanders a remporté le plus grand nombre de voix, à la fois dans le décompte initial et au second tour, après que les candidats “non viables”, – ceux qui avaient moins de 15 % de soutien, – aient été éliminés. De plus, une grande partie des votes non comptabilisés provient de villes universitaires et industrielles où le sénateur du Vermont a affiché ses meilleurs résultats. Il est tout à fait possible que Sanders soit également en tête pour les équivalents de délégués une fois qu’un décompte final aura été effectué... »
Bref, ces élections présidentielles (USA-2020), à peine entamées, ne ressemblent déjà plus à aucune autre parmi celles qui ont précédé, notamment pas à celles de 2016 (USA-2016) qui, elles-mêmes, ne ressemblaient à aucune autre parmi celles qui avaient précédé. Il y a une continuité remarquable dans la pente de l’effondrement du système de l’américanisme dans le plus complet désordre chaotique chaos et les labyrinthes procéduraux de manipulation, exprimant en cela la courbe actuelle générale du Système. Le tout est couronné par les mystères de “The App” (pour “application”), le système de contrôle et de transmission des votes développé pour les primaires démocrates et dont personne ne semble pouvoir maîtriser la structure et le fonctionnement, ni au fond n’y comprendre grand’chose. Le processus électoral a toujours été manipulé aux USA, mais jusqu’ici, si l’on met à part 2016 qui prépare bien 2020, c’était avec habileté, et dans une fanfare de déclarations bombastiques.
Les questions que soulèvent les caucus de l’Iowa sont du type pressant et de l’ordre de l’incompréhensible par rapport aux vertus que les jugements communs accordent à la machinerie du pouvoir du système de l’américanisme (« Si vous parvenez à détruire l’esclavage dans le Midi, il y aurait au moins dans le monde un gouvernement aussi parfait que la raison humaine peut le concevoir », disait Germaine de Staël à son ami Jefferson en 1816, citation que nous donnions déjà en mars 2015 dans un article sur “La déstructuration de 2016”, à l’ère d’avant-Trump)... On peut en retenir deux pour le temps courant, en n’oubliant pas que tout peut changer du jour au lendemain dans les priorités et les pressions diverses :
• Le parti démocrate parviendra-t-il à désigner un candidat apparemment consensuel à opposer à Donald Trump ?
• Le parti démocrate existera-t-il encore en tant que tel pour les élections de novembre prochain ?
... C’est en effet cela, – la désintégration du parti démocrate, – que nous annonce sur son site Sic Semper Tyrannisle vénérable colonel Lang (“IMO” : “In My Opinion”), qui n’est pourtant pas un adepte du commentaire de sensation :
« Le conflit interne entre l’aile gauchiste du parti et les autres s'est manifesté à plein régime dans l’Iowa la nuit dernière, exacerbé par l'incompétence administrative. Comme le disait en se lamentant Christopher Matthews, de MSNBC, à la fin d’une soirée chaotique, “on n’aurait même pas réussi à réunir trois voitures pour des funérailles modestes”.
» Que s'est-il passé ? Ce n'est pas encore clair, mais je suggère que les plaintes des directeurs des bureaux de vote qui se plaignent que le décompte des votes dans leurs bureaux ne correspond pas à celui produit par “The App” ne devraient pas être ignorées. Le département fédéral de la sécurité intérieure avait proposé d'examiner cette “application” et l'offre a été rejetée par le parti démocratique de l'État. Hmmm.
» Une “théorie de conspiration” ? Bien sûr que oui ! Écoutez-moi ! Il y a de vraies conspirations dans ce monde imparfait.
» Qu’est-ce qui va émerger de ce qui semble être l'inévitable dissolution du Parti démocrate ? IMO, il y aura un parti de centre-gauche composé de “vieux” démocrates, mais la grande nouveauté sera un parti d'extrême gauche composé de ceux qui souhaitent voir une révolution dans la société américaine. »
Bien entendu, tout cela présente un spectacle de désordre chaotique à propos duquel on n’arrête pas s’exclamer, quoiqu’on soit un peu à court de qualificatifs. Le même cirque qu’en 2016 se reproduit, mais en bien pire, en bien plus rapide, et dans une situation déjà tendue à craquer. Le DNC, après avoir navigué dans les complots antitrumpistes depuis 2016, s’aperçoit que le parti s’est “gauchisé” dans l’intervalle et que Sanders est sans aucun doute le candidat le plus populaire. Biden, corrompue et les mains baladeuses, se révélant la vieille baderne sans intérêt qu’il n’a jamais cessé d’être, le DNC se replie sur le non-gauchiste le plus proche, et c’est Buttigieg, qui en plus suppose-t-on a le soutien du complexe militaro-industriel aussi bien que des LGTBQ, qui sort du chapeau du prestidigitateur. Dans un tel remue-ménage, Trump finirait par apparaître comme une figure raisonnable, une référence de stabilité.
Mais il ne faut pas s’y tromper, nous ne sommes pas à Disneyland. Trump reste Trump : il arrive devant le Congrès pour prononcer son discours sur l’état de l’Union (SOTU), s’installe à la tribune en ignorant la main poliment tendue par Nancy Pelosi, Speaker de la Chambre et ennemie jurée du président, prononce ce SOTU à sa propre gloire et où il promet qu’“on n’a encore rien vu” (ce qui implique qu’il se juge d’ores et déjà réélu et nous parle de son second mandat) ; il termine très satisfait de lui-même tandis que, derrière lui, Pelosi déchire ostensiblement toutes les pages du texte du discours dont elle disposait... Ambiance.
Encore ajoutera-t-on que demain, conformément au fantôme de la destitution ratée, on acquitte le président comme, – un peu comme l’on dirait “On rase gratis”. Au temps de l’Empire de Rome, les Césars et les Augustes avaient trouvé les jeux en plus du pain pour leur assurer le soutien de la populace. Aujourd’hui, dans l’empire de “D.C.-la-folle”, ce sont les Césars et les Augustes eux-mêmes qui assurent la représentation, qui sont eux-mêmes les jeux censés distraire la populace. Ils interprètent la tragédie-bouffe comme jamais, effectivement réduits à l’état de personnages bouffons d’une tragédie qui les dépasse.
Mis en ligne le 5 février 2020 à 15H25