Partie d’Arizona, la révolte s’étend…

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La “loi inique” de l’Etat d’Arizona est en train de faire école, comme il était à prévoir. De nombreux Etats, signale le Washington Times du 10 mai 2010, sont en train de préparer une législation similaire, – la Géorgie, le Colorado, la Pennsylvanie, les deux Carolines, l’Oklahoma, le Minnesota, le Maryland, le Texas, le Missouri, le Nebraska, l’Idaho… Personne ne dit encore ce mot, mais il s’agit bien d’une “révolte” contre le “centre” qui ne fait rien, absolument rien pour défendre les citoyens des Etats-Unis contre l’immigration illégale.

La querelle n’est pas morale (droits de l’homme, racisme et autres sornettes), elle est fondamentalement souveraine. Elle parle du droit souverain des Etats contre l’impuissance du système (“the system is broken”) de Washington à remplir ses devoirs institutionnels.

«A controversial law passed in Arizona giving state and local police the right to arrest anyone reasonably suspected of being an illegal immigrant is catching on nationwide, with lawmakers and others in several states considering similar legislation.

»Concerned about the federal government's failure to secure the nation's borders, legislators and political candidates from Georgia to Colorado have introduced bills to beef up local immigration enforcement, have promised to do so or said they would support such legislation if offered.

»“With the federal government currently AWOL in fulfilling its constitutional responsibilities to protect American lives, property and jobs against the clear and present dangers of illegal-alien invaders, state lawmakers … are left with no choice but to take individual action to address this critical economic and national security epidemic,” said Pennsylvania state Rep. Daryl Metcalfe.

»Mr. Metcalfe, a Republican who introduced legislation last week modeled on the Arizona law, said his bill would give “every illegal alien residing in Pennsylvania two options: Leave immediately or go to jail.”

»His bill would, among other things, give state and local law enforcement officials full authority to apprehend Pennsylvania's estimated 140,000 illegal immigrants and require law enforcement officers to attempt to verify the immigration status of suspected illegal immigrants. It also would make it a criminal offense for illegal immigrants to fail to register as foreigners or to have proof that they did.

»South Carolina state Rep. Eric Bedingfield, a Republican, has sponsored a bill in that state allowing the verification of a person's immigration status and providing for the "warrantless arrest of persons suspected of being present in the United States unlawfully.”…»

Notre commentaire

@PAYANT Dans le langage militaire US, AWOL signifie “Absent Without Leave”, – en un mot plus net: “déserteur”. La phrase du Représentant Daryl Metcalfe du Congrès de Pennsylvanie peut dont être ainsi mieux appréciée : «With the federal government currently AWOL in fulfilling its constitutional responsibilities to protect American lives, property and jobs against the clear and present dangers of illegal-alien invaders, state lawmakers…» (“Avec le gouvernement fédéral actuellement porté déserteur et n’assurant pas ses responsabilités constitutionnelles, … les élus des Etats ont décidé d’agir”). L’argument n’a rien à voir avec les habituelles chansonnettes moralisantes et humanitaires mais avec le devoir des gouvernements élus, l’impuissance du système et donc sa légitimité, etc. C’est en effet le fond inaltérable du problème, ce qui rend le cas de l’Arizona particulièrement fascinant, et le transforme en un problème constitutionnel national qui met en jeu et en balance le pouvoir central, impotent et inopérant, et les pouvoirs des Etats, retrouvant de plus en plus rapidement les prérogatives de leur souveraineté. A côté de cela, les insipides considérations sur la moralité ou pas de cette loi pâlissent de ridicule, tant l’on semble alors suivre une de ces interminables querelles sur le sexe des anges.

On pourrait se demander d’où vient l’aveuglement du gouvernement fédéral de ne pas comprendre l’urgence de cette affaire, et la nécessité pour lui d’agir très vite pour ne pas laisser se créer et se répandre un précédent constitutionnel essentiel, – lequel est en train de se répandre effectivement à la vitesse d’un incendie lorsqu’on considère la liste des Etats de l’Union qui s’apprêtent à imiter l’Arizona? (Mais nous avons bien entendu notre explication: le gouvernement washingtonien est composée de robots entrés dans le système de l’américanisme et dépendant désormais entièrement de lui; lequel système, et par conséquent ceux qui le servent, dont l’aveuglement, derrière sa carapace de puissance illusoire, est une évidence à vous aveugler vous-même si vous ne prenez garde.) Pendant ce temps, l’administration Obama continue à étudier, à son train de sénateur, ou, disons, de bureaucrate, la constitutionnalité de la loi décidée par l’Arizona. Que fera l’administration si elle la juge effectivement inconstitutionnelle et que 48 ou 49 Etats auront effectivement adopté une loi similaire? Proclamera-t-elle comme “inconstitutionnels” ces 48-49 Etats ou portera-t-elle leur cas devant la Cour Suprême?

Et si, devant la tâche impossible qui l’attend, la même administration recule et laissez aller cette loi de l’Arizona parce qu’elle sera devenue loi pour une majorité d’Etat, que deviendra son autorité? A cet égard, on peut constater que Washington joue avec le feu, en ne distinguant pas combien ce conflit larvé, plus ou moins oublié entre une bombe d’amateur à Central Park et une fuite de vrai professionnel dans un forage pétrolier dans le Golfe du Mexique, contient de potentialité déstructurante pour la structure déjà si fragile de l’Union. Mais la bureaucratie de Washington peut-elle imaginer que quelque chose de fragile existe dans les tout-puissants USA ? Peut-elle imaginer une seconde qu’on puisse mettre en question la plénitude de l’autorité que donne la puissance vaniteuse du “centre”? Il est vrai que Washington s’en fout, tout occupé à guerroyer en Afghanistan, au Pakistan, au Soudan, à menacer l’Iran, à négocier avec Israël pour qu’il n’y ait pas trop rapidement d’attaque contre l’Iran, – et ainsi assuré de remplir ses “devoirs constitutionnels”, et rassurés sur la reconnaissance que lui en portent les citoyens.

George Friedman parlait du besoin de “re-légitimation” des gouvernements occidentaux, notamment celui de Washington. Heureux homme! Il s’imagine qu’une loi-bidon concernant Wall Street fera l’affaire et donnera une nouvelle légitimité au système. Tous ces grands penseurs, qui pensent à hauteur de leur nez, sont totalement incapables de distinguer combien le sol sur lequel ils posent leurs pieds est en train de se déplacer sourdement sous la puissance des mouvements tectoniques qui affectent les Etats de l’Union.

A cause du caractère massif de l’événement, de son importance politique, de la sensibilité considérable de la matière traitée, nous voyons, sous nos yeux, se créer un énorme cas de jurisprudence affectant l’unité des USA sous la direction du “centre”. L’événement se passe sans trop de bruits ni de considérations savantes. C’est donc, évidemment, une preuve de plus, s’il était nécessaire, de son importance.


Mis en ligne le 10 mai 2010 à 13H34