Pas d’attaque contre l’Iran pour l’instant

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A la bourse des possibilités d’attaque contre l’Iran, les possibilités sont très faibles pour l’instant, nous dit Simon Tisdall, du Guardian, le 16 mai.

Tisdall semble donner une interprétation venue de sources modérées washingtoniennes, constatant l’actuelle paralysie du pouvoir, parfois en des termes expéditifs («Although technically George Bush still gives the orders, nobody — especially in Baghdad — is really listening any more»). Il faut observer que l’épisode de l’U.S. Navy et de l’amiral Fallon donne du crédit à cette interprétation.

L’intérêt du texte de Tisdall est le processus implicite qu’il décrit, notamment la descente dans l’impotence complète du pouvoir de GW Bush tandis que des dispositions commencent à être prises, — ou, dans tous les cas, Tisdall l’annonce, — pour préparer le début du retrait US d’Irak. L’annonce de ce retrait graduel pourrait être faite en septembre prochain, alors que le général Petraeus annoncerait que l’actuelle “offensive” ne marche pas. Il va sans dire, selon Tisdall, que l’idée d’une attaque de l’Iran dans de telles conditions est complètement farfelue.

«Shadow-boxing over Iran, pitting hard-right American neo-cons against European liberal progressives, is obscuring a reality neither camp cares to acknowledge: the threat of a US or Israeli military attack on Iran this year has receded to the point of invisibility.

»Those in Europe who believe otherwise fail to understand the extent of the political paralysis now gripping the Bush administration in Washington. This is mostly but not entirely a consequence of the Iraq quagmire. Although technically George Bush still gives the orders, nobody — especially in Baghdad — is really listening any more.

»The question that matters, for Congress, for the 2008 presidential candidates, and for a vast majority of the American public, is when will the troop drawdown/withdrawal/retreat in Iraq begin?

»Bush's Iraq policy now amounts to little more than delaying the inevitable, according to one former senior administration official. And when General David Petraeus, coalition commander in Iraq, tells Congress in early September that the Bush surge has failed to turn the country decisively around, the White House will finally and irretrievably lose control of the policy.

»The idea that in such circumstances, lacking political clout, congressional support and influential allies (Tony Blair began a round of toady-ish farewells in Washington today), and with the US military over-stretched and overwrought, Bush is gearing up to launch another, even bigger military adventure in the Middle East is unrealistic.»

Par contre, Tisdall ne repousse pas l’hypothèse d’un projet d’attaque ressuscité dans un an, lorsque le retrait d’Irak aura commencé et lorsque Bush sera proche de son départ. Il pourrait vouloir laisser une “trace” de plus dans l’Histoire en voulant tenir sa promesse de ne pas permettre à l’Iran de devenir une puissance nucléaire : «By then Bush may feel the worst of Iraq is behind him. His Republican party and its presidential nominee will be looking for ways to rally voters ahead of the November election. Iran will be a year closer to nuclear weapons capability but not, probably, quite yet there (and therefore unable to retaliate on a nuclear scale). And like his pal Blair, legacy issues will on the president's mind.»

Si l’idée d’une attaque contre l’Iran paraît aujourd’hui effectivement très improbable, et cela pour des raisons évidentes d’absence d’autorité de la présidence et d’absence de moyens militaires, par contre le processus que décrit Tisdall est plus contestable. Tisdall décrit une mécanique en marche, rendant irréversible un retrait progressif à partir de septembre 2007. Il avance que GW ne pourra plus s’opposer à cette perspective, qui deviendrait ainsi la politique officielle US. C’est, à notre sens faire beaucoup de crédit à trois choses :

1). La capacité des forces politiques washingtoniennes de se mobiliser d’une façon coordonnée et efficace pour obtenir du pouvoir civil terriblement affaibli qu’il accepte d’ordonner le retrait progressif. Le désordre est partout à Washington, chez GW mais aussi dans le reste de l’establishment, et le comportement du Congrès le montre bien. La concurrence pour les présidentielles est un facteur de plus de ce désordre. Cette situation ne favorise pas l’unité nationale nécessaire pour obtenir la décision d’un retrait.

2). L’acceptation de GW Bush de sa défaite, en acceptant le retrait progressif d’Irak. L’idée est d’autant plus contestable que, par ailleurs, Tisdall donne à GW Bush assez de crédit pour admettre qu’il puisse finalement ordonner tout de même une attaque contre l’Iran. Cet état d’esprit de refus d’abandonner ses projets existera chez Bush pour l’Irak en septembre prochain, autant que pour l’Iran en mai 2008.

3). Que la situation en Irak soit assez “sous contrôle” pour permettre un retrait ordonné et une résolution politique dans ce sens à Washington. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et l’on voit mal que ce soit le cas en septembre.


Mis en ligne le 18 mai 2007 à 05H47