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556Les Espagnols sont également (avec les Français notamment) en pointe dans le mouvement de renaissance de l’interventionnisme pour les questions économiques stratégiques. L’affaire Endesa (dont le rachat par l’Allemand E.ON a été bloqué par l’intervention du gouvernement en faveur de Gas Natural) est un sujet de polémique considérable entre les Allemands et les Espagnols.
Une intervention, hier dans les médias espagnols, du président directeur général de E.ON a illustré d’une façon remarquable, à la fois les enjeux de cette affaire et le climat régnant entre Allemands et Espagnols. Ci-dessous, un rapport sur cette intervention et divers à-côtés, de nos sources internes.
« Le patron du géant énergétique allemand E.ON, Wulf Bernotat, estime qu'il “ne restera rien du marché commun” si Bruxelles cède face à Madrid dans la question de l'OPA de son entreprise sur l'espagnol Endesa, dans un entretien paru mercredi dans deux journaux espagnols. “Si le gouvernement espagnol ou d'autres Etats ignorent l'autorité” de la Commission européenne, “ce sera le chaos dans l'UE. Si Bruxelles cède, il ne restera rien du marché commun ni de l'Union européenne”, affirme Bernotat dans les pages des quotidiens El Mundo et El Pais. “En cas de succès de l'Espagne dans cette opération, d'autres (pays) suivront son attitude et ce sera la fin de l'idée européenne“, martèle le patron de E.ON. “Bruxelles doit l'éviter...”, réclame-t-il.
» Bruxelles a durci mardi le ton dans cette affaire et le commissaire européen au Marché intérieur, Charlie McCreevy s'est dit prêt à ouvrir “bientôt” une procédure d'infraction contre l'Espagne. Bernotat admet que la réaction de Madrid l'a surpris. “Nous ne pouvions pas imaginer que la politique allait s'immiscer avec autant de force dans une opération de marché”, a-t-il dit. Le responsable de E.ON assure que son groupe ne pense pas retirer son offre comptant de 29 milliards d'euros sur Endesa, 30% supérieure à celle de Gas Natural. Il estime que E.ON “peut améliorer la capacité d'approvisionnement de l'Espagne, car si nous achetons Endesa nous renforcerons le secteur énergétique espagnol avec davantage d'investissements”. “Nous disposons d'une capacité financière que d'autres n'ont pas et nous pourrons investir davantage que prévu. En revanche, Gas Natural n'a pas d'argent et doit vendre des actifs pour pouvoir financer son OPA”, a-t-il indiqué. Bernotat doute que Gas Natural aurait “la taille suffisante pour survivre comme un groupe européen consolidé” s'il achetait Endesa. Une juge du Tribunal de commerce de Madrid a suspendu provisoirement mardi l'OPA hostile du groupe gazier espagnol Gas Natural sur Endesa, à la demande de ce dernier. “Nous sommes en train d'étudier les effets” de cette décision, “mais il est trop tôt” pour en connaître sa portée “car ni Endesa ni la CNMV (autorité boursière espagnole) n’ont dit ce qu'ils allaient faire”, a commenté le patron de E.ON. Selon Cinco Dias, le groupe allemand a l'intention de présenter son offre sur Endesa dans le courant de cette semaine à la Commission nationale de l'énergie (CNE). Le décret approuvé le 24 février par Madrid accorde au régulateur national de l'énergie un droit de regard sur toute opération impliquant l'achat de 10% ou plus d'entreprises du secteur de l'énergie, afin de protéger “l'intérêt général” de ce secteur contre des “risques significatifs”. »
Mis en ligne le 24 mars 2006 à 07H43
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