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537L’élection primaire de Caroline du Sud (le 21 janvier) est un test important pour la course à la désignation républicaine dans les présidentielles US de 2012, pour le plus intéressant des candidats, Ron Paul bien entendu. En effet, Ron Paul est parti de très bas dans cet État, selon les sondages, et il était intéressant de voir si cette position se modifiait selon ses premiers résultats et la prise en compte officielle de son existence par les médias-Système. Le test est effectivement révélateur.
Dans trois sondages parallèles, Ron Paul monte à la troisième place : Rasmusen, le 13 janvier 2012, à 16% ; PPP, le 13 janvier 2012, à 17% ; ARG, le 13 janvier 2011, à 20%. Dans ces trois cas, Paul est derrière Gingrinch (24%-25%) et Romney (29%). Mais l’aspect le plus révélateur est l’évolution de la position de Paul sur le long et le court terme, comparée éventuellement avec celles de ses concurrents. ARG (American Research Group) donne un tableau très complet de cette évolution.
• Depuis avril 2011, Ron Paul a suivi l’évolution suivante : 1%, 2% (juillet 2011), 7% (octobre 2011), 8% (novembre 2011) et 9% (5 janvier 2012). La progression est absolument régulière, alors que celles de ses adversaires est chaotique. Gingrich, par exemple, et respectivement selon les mêmes dates, d’avril 2011 au 12 janvier 2012 : 9%, 3%, 8%, 33%, 24%, 25% ; Romney, d’autre part : 18%, 25%, 25%, 22%, 31%, 29%. Santorum, quasi-vainqueur surprise dans l’Iowa, est encore plus significatif dans ses résultats : 1%, 2%, 1%, 1%, 24%, 7%.
…De ce point de vue, les chiffres parlent. Ils marquent une différence remarquable avec ces candidats qui dépendent des accidents de communication et sont donc complètement des créatures de communication autant qu’ils sont des créatures de l’establishment, n’ayant à cet égard aucune substance en eux-mêmes. Romney a une position plus stable que les autres parmi les “créatures”, mais on parlerait alors d’une position figée, rejoignant le principal reproche qu’on lui fait en tant que choix évident de l’establishment, de ne pouvoir dépasser un quart, ou un gros quart de l’électorat des primaires, ne réussissant pas à faire varier cette position malgré ses premiers résultats. Romney semble à cet égard privé de dynamique. Au contraire, Paul dispose d’une dynamique positive puissante, absolument libre de toute attache avec l’establishment et ne dépendant nullement des “accidents” (les variations accidentelles) de la communication, – donc, le seul candidat jugé sur sa valeur propre, sur sa substance, simplement parce qu’il dispose de l’une et de l’autre, – au contraire des autres, là aussi.
• Un point de la campagne pour cette primaire de la Caroline du Sud est l’accentuation des affrontements “fratricides”, parfois avec des épisodes cocasses (si l’on veut). La bataille le plus féroce se fait entre deux candidats de l’establishment, tenant notamment à la haine personnelle de Gingrich à l'encontre de Romney. L’acharnement de Gingrich est absolument remarquable et porte essentiellement, sinon exclusivement, sur Romney. C’est une bataille “fratricide” de la sorte qui arrange Ron Paul, si l’on accepte l’équation fondamentale que cette campagne est d’abord caractérisée par un affrontement entre Ron Paul et l’establishment. La France ayant toujours son utilité, elle figure dans cet affrontement puisque la dernière attaque de Gingrich contre Romney est fondée sur le fait fondamental, nul n’en doute, que Romney parle français. (Chose affreuse, en général, selon la liturgie de l’establishment lorsqu’il se mêle d’être démocratique, puisque tout ce qui est non-US et étranger, spécialement lorsqu’il s’agit des “fromages qui puent”, est censé attiser l’hostilité hystérique de l’électeur)… Le Daily Telegraph du 13 janvier 2012 rapporte cet épisode à la fois affligeant, reposant, et dérisoirement significatif…
«The advertisement by Mr Gingrich tries to draw an unflattering parallel with another Massachusetts politician, John Kerry, the Democrat who lost to George W Bush in 2004. “The French Connection” paints Mr Romney as another tax-raising, moderate, elitist who will “say anything” to get elected – “anything”. Over Parisian accordion music, it continues: “And just like John Kerry he speaks French too.” It then delivers its coup de grace: a clip of a promotional video Mr Romney recorded for the 2002 Winter Olympics in Utah, which he served as chief executive. “Bonjours, je m'appelle Mitt Romney,” he says.»
D’une façon générale, ces préparatifs de l’élection primaire de la Caroline du Sud confirme les caractères exceptionnels de la campagne de Ron Paul, – sa stabilité, la puissance et la solidité de sa base, son potentiel d’expansion. Sa progression dans les sondages est un point remarquable et inattendu. En effet, la Caroline du Sud, où il y a une très forte communauté d’évangélistes activistes, n’est certainement pas un “bon” État pour Ron Paul, notamment à cause de la politique extérieure antiguerre qu'il préconise. (Les évangélistes sont souvent proches, par esprit millénariste, de la politique des neocons, ce qui est la raison de la bonne position de Gingrich.)
Mis en ligne le 14 janvier 2012 à 09H19