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889Un des grandes thèmes des lamentations hexagonales et germanopratines, c’est l’insupportable marginalisation de la France, son notable manque d’influence dans le concert remarquablement dynamique et soudé des (autres) alliés, parce que la France n’est pas assez “européenne” d’une manière atlantiste, pas assez pro-américaine, vraiment un peu trop française, etc. Le gémissement vaut pour toutes les matières et toutes les enceintes, mais il vaut naturellement et précisément pour l’OTAN bien entendu (l’OTAN et comment en sortir, ce pêché capital de la France…).
Voici donc, comme illustration de la justification de ce jugement général, un exemple de cette marginalisation et de cette non-influence de la France dans l’enceinte jugée si importante de l’OTAN.
Le sujet qui nous importe est dans le fait que l’OTAN, habile et avisée comme toujours, a conclu que l’Afrique est désormais un terrain stratégique essentiel. (Curieux: les Américains ont conclu cela il y a quelques semaines. Comme les grands esprits se rencontrent.) L’annonce est faite que la NATO’s Respond Force (la NRF, où le contingent majoritaire est français, précision intéressante) effectuera sa première grande manœuvre dans les îles du Cap Vert, l’année prochaine. C’est le SACEUR, le général Jones, qui l’a annoncé le 13 avril, expliquant : « NATO should be prepared to engage in missions anywhere it needs to go. ». L’exercice, LiveEx06, durera autour d’un mois, avec plusieurs milliers de soldats de la NRF: « LivEx06 will be a real good final exam for the NRF. » (Jones).
Le récit des manœuvres diverses qui ont précédé cette décision est résumé par ce commentaire sur le sujet. On pourra juger du rôle et du poids de la France dans cette occurrence :
« The announcement by Gen. James L. Jones ended a dispute between the US and France. France blocked a U.S. proposal earlier this year to hold the exercise in Mauritania. France wants to limit NATO's influence in Africa, and the decision to hold the exercises in the archipelago nation is a compromise which reflects this concern as it reflects the U.S. concern to develop greater military involvement in Africa. (...)
» France has been wary of greater NATO involvement in Africa, where this country has traditional interests. Paris would prefer to see outside military involvement led by the EU. Last year, NATO quietly dropped an offer to provide backing for African peacekeeping efforts in Sudan's western Darfur region after France objected. Instead, the EU is giving logistical support to a mission by the African Union. Jones reflected this situation when it said NATO's military headquarters has done “prudent” planning in case it is called upon to prepare a mission in Darfur, but officials said the alliance could not act without a request from the African Union. »
Mis en ligne le 14 avril 2005 à 12H30