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323Nous nous attachons ici à l’incident fort sérieux qui a opposé la Speaker de la Chambre, la démocrate Nancy Pelosi, et l’équipe du président Obama, peu avant le discours sur l’état de l’Union. (Voir notre Ouverture libre du 28 janvier 2010.)
@PAYANT Il s’agit de la demande faite par Pelosi qu’Obama annonce l’accompagnement du “gel” de $250 milliards pour les dépenses intérieures, pour le prochain budget, par un “gel” des dépenses militaires. Le refus de l’équipe Obama a été catégorique, mais reposant sur des arguments dilatoires ou archi-rebatus, relevant de l’habituelle dialectique des “deux guerres” en cours, de la menace d’Al Qaïda, etc. Le contraste est très grand entre la fermeté de la position de la Maison-Blanche et la faiblesse de l’argument, indiquant par là qu’il s’agit d’une position de principe appuyée sur une analyse générale soutenue par divers centres de pouvoir contribuant à déterminer une situation d’équilibre jugée satisfaisant du système de l’américanisme dans ses diverses positions extérieures. Cette analyse générale n’est, pour l’instant, nullement soutenue de cette façon catégorique par les courants d’opinion à la Chambre.
Pelosi n’est certainement pas une femme politique radicale, encore moins révolutionnaire. Mais elle est évidemment sensible au climat de la Chambre, bien informée à cet égard, notamment au travers de certains de ses relais, comme son ami le Représentant démocrate John Murtha qui est un des leaders à la Chambre sur les questions de défense. Pelosi a observé que la décision du “gel” de $250 milliards des dépenses intérieures sans qu’on touche aux dépenses de défense avait provoqué un effet désastreux chez nombre de Représentants démocrates, qui vont devant les urnes en novembre prochain. Le problème n’est pas mince, parce que la Chambre est par définition une assemblée instable, très sensible aux poussées populistes, qu’elle est particulièrement concernée cette année par un climat politique bouleversé depuis le 19 janvier. Les démocrates ont beaucoup à perdre dans cette aventure, et Obama pas moins si la majorité de la Chambre passait aux républicains (l’hypothèse n’est plus exclue).
D’autre part, et ceci conduisant à cela, la Chambre est aussi imprévisible qu’elle est instable. On a failli s’en apercevoir l’année dernière, lorsque les Représentants furent à deux doigts de repousser la demande de crédits supplémentaires de l’administration pour l’Afghanistan (voir notre F&C du 26 juin 2006). Un incident semblable pourrait se produire cette année, à nouveau, et cette fois jusqu’à la consommation de la chose, avec d’autant plus d’arguments qu’il s’agit justement du domaine de la défense.
On touche là à un paradoxe de la situation actuelle. D’un côté, selon un aspect des choses qui suit la consigne d’appréciation générale des besoins du système, les dépenses de défense ne posent aucun problème. Elles sont votées sans le moindre débat, à l’image, il y a quelques semaines, du dernier budget du Pentagone augmenté jusqu’à $708 milliards (chiffre officiel, plus proche de $1.000 milliards en réalité). D’un autre côté, parfois surgit un incident, une conjoncture, un antagonisme dans d’autres domaines que la défense, et, comme si l’on revenait soudain à la réalité, se fait la réalisation de l’énormité de ces dépenses de défense. Bien sûr, ce genre d’“incident” imprévisible semblerait plus probable cette année, dans la conjoncture actuelle, avec la pression de la crise. Ce n’est pas tout à fait certain, notamment dans la mesure où l’administration devrait être sur ses gardes dans ce domaine et assurer la “surveillance” de la Chambre. Par contre, si tout de même un tel “incident” avait lieu, il ne fait guère de doute qu’existerait un risque considérable de déstabilisation, à la fois de la situation intérieure dans les rapports d’Obama avec la Chambre, et de la situation extérieure avec les effets de cette sorte d ‘“incident” sur la situation du Pentagone et des engagements extérieurs.
Mis en ligne le 28 janvier 2010 à 15H40