Perle versus Schröder

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Perle versus Schröder


6 octobre 2002 — Dans le quotidien Washington Times, le chroniqueur James Morrison publie, sous le titre de « Embassy Row — Schroeder told to quit » un commentaire sur une intervention publique de Richard Perle, une interview de Perle dans un journal allemand.

Perle critique de façon véhémente le chancelier Schröder pour ses prises de positions contre la guerre en Irak. Il lui recommande de démissionner, avec l'habituelle tentative de “démonisation” de l'Allemagne, qui oublierait ce que les USA firent pour elle après la Deuxième Guerre mondiale (ce qui permet de rappeler implicitement ce que l'Allemagne fit pendant la Deuxième Guerre mondiale).

Cette intervention n'est pas gratuite, comme n'est pas gratuite sa reprise dans le Washington Times, quotidien conservateur proche du groupe Perle. On connaît la position d'énorme influence de Richard Perle au coeur de l'administration, bien qu'il ne soit soumis à aucune règle de réserve dans sa qualité de président du Defense Policy Board : si Perle intervient ainsi, c'est que l'ensemble de la faction neo-conservative, avec les hommes en place dans l'administration (Wolfowitz, mais aussi Rumsfeld, qui est proche d'elle), est prête à intervenir de tout son poids pour forcer à la poursuite des pressions contre l'Allemagne. On tire plusieurs enseignements de cette intervention de Richard Perle et de sa reprise dans le Washington Times.

• Comme toujours à Washington ces derniers temps, les pressions des extrémistes du camp de Perle seront déterminantes. L'administration GW ne cesse de se trouver attirée vers la droite extrême pour ne pas prêter le flanc à la critique de cet extrême, et parce que cette administration est effectivement de cette tendance. Il est très probable que cette circonstance (le cas allemand) verra se poursuivre cette tendance.

• On en conclut que la politique de l'administration GW à l'encontre de l'Allemagne n'est pas prête de changer, même si Powell obtient ici ou là quelques adoucissements temporaires. Elle sera très dure, arrogante et publiquement cassante, à l'image du comportement de Rumsfeld avec le ministre allemand de la défense lors de la réunion de l'OTAN à Varsovie en septembre.

• Schröder ne pourra pas revenir sur une position de conciliation vis-à-vis des USA sur l'Irak, à supposer (ce qui est probable) qu'il l'ait envisagé et qu'il l'ait voulu. Il va être continuellement rejeté dans une position d'opposition par les rebuffades US, pressé par ailleurs par opinion publique et par les manoeuvres de secours des Français (“front uni” Chirac-Schröder contre l'activisme US à l'ONU). Une fois de plus, on précise qu'il ne s'agit pas d'une politique volontaire, voire courageuse de Schröder, mais d'une fatalité où le poussent les divers facteurs envisagés ici. Pour le reste, le pouvoir allemand reste toujours aussi faible dans ces matières de sécurité (par exemple, son évolution politique n'implique nullement que Schröder va envisager plus de dépenses militaires allemandes pour renforcer l'Europe ; une seule chose peut l'y conduire : des pressions françaises, conditionnant un soutien politique face aux USA à une augmentation des dépenses militaires de l'Allemagne).

• L'affrontement Washington,-Berlin n'est pas prêt de cesser et il va contribuer puissamment à la poursuite et à l'accélération de la dégradation des relations entre l'Europe et les USA.


Embassy Row, Schroeder told to quit — James Morrison, The Washington Times

« A top Pentagon adviser is calling for German Chancellor Gerhard Schroeder to resign because he so badly damaged relations with the United States during the German election campaign when he disparaged President Bush's policy on Iraq.

» “Never in my life have I seen relations with a close ally damaged so fast and so deeply as during Chancellor Schroeder's election campaign,” Richard Perle said in an interview appearing in today's edition of Germany's Handelsblatt newspaper.

» Mr. Perle, chairman of the Defense Policy Board, added, “It would be best if he resigned, but he's not going to do that.” He also said Mr. Schroeder appeared to be forgetting the role of the United States in the reconstruction of Germany after World War II. “The chancellor threw all that out the window,” Mr. Perle said in remarks released yesterday ahead of publication.

» During the campaign, Mr. Schroeder dismissed as an “adventure” Mr. Bush's desire to remove Saddam Hussein from power in Iraq. He declared repeatedly that Germany will have no part of any military campaign against the Iraqi dictator. The relations fell further during the campaign when Justice Minister Herta Daeubler-Gmelin compared Mr. Bush to Hitler. She was dropped from the Cabinet by Mr. Schroeder. »