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3568• Le poste de Secrétaire Général de l’OTAN (‘leadership de l’alliance, pour faire court), cela s’achète : une énorme base en Roumanie est un prix acceptable. • Le président roumain Iohannis, au terme de son mandat, a donc absolument toutes les qualités requises pour faire un excellent chef de guerre dans son fauteuil à Evere. • La base devant être grande, sinon monstrueuse, et coller aux régions russe, représentera une nouvelle “menace existentielle” contre la Russie. • Il ne faut pas s’attendre que nous nous en tiendrons à l’Ukraine : nous aurons cette guerre avec l’OTAN.
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A tous ceux qui attendent et espèrent avec une passion rationnelle une solution, soit négociée, soit arrangée, du conflit ukrainien, – bonne chance et que Dieu les garde. Les faits et intentions se multiplient pour nous faire attendre le contraire : non seulement en Ukraine mais au-delà, vers les pays de l’OTAN.
Et les mêmes “ceux” qui comptent sur l’Article 5 pour faire du bloc-OTAN une impénétrable forteresse de solidarité armée, nous leur recommandons de lire attentivement l’Article 5. Il signifie que la solidarité, dont la manifestation est du jugement de chacun, va de l’intervention massive armée pour secourir l’ami en danger (dernière option envisagée !) aux bons vœux pieux pour s’en sortir, éventuellement avec l’envoi de cinq (référence à la numérotation de l’Article) infirmiers pour aider aux soins médicaux. Nous en avons souvent parlé pour pouvoir le rappeler dans son exacte signification :
« Pour rappel, toujours, ce fameux article, avec notre propre souligné en gras: “Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties, et en conséquence elles conviennent que, si une telle attaque se produit, chacune d'elles, dans l'exercice du droit de légitime défense, individuelle ou collective, reconnu par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, assistera la partie ou les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et d'accord avec les autres parties, telle action qu'elle jugera nécessaire, y compris l'emploi de la force armée, pour rétablir et assurer la sécurité dans la région de l'Atlantique Nord.” »
Si nous commençons ce commentaire de deux articles sur le projet de formation en Roumanie d’une base massive quasiment (dite, – nous ne le dirons qu’une fois, – Mikail Kogaliceanu) sur la frontière de régions russes ou russophones, c’est parce que nous sommes intimement persuadé que l’Article 5 sera un jour, pas très lointain, d’une brûlante actualité. Nous nous trouvons, dans ce cas, non pas dans le cadre d’un plan d’une guerre antirusse poursuivie par l’OTAN volant de victoire en victoire, mais dans le cadre de l’avancement aveugle d’une bureaucratie toute tournée vers l’expansion et totalement indifférente à la succession aussi méthodique qu’une Messe de Bach de catastrophes toutes éclairées de la lumière aveuglante du lugubre crépuscule de l’Occident.
Le premier texte décrit ce que sera cette base et quelles seront ses conséquences militaires, et le second, de Dimitri Babich, les causes essentielles, disions “stratégiques” pour fleurir notre propos, qui se résument simplement à permettre au président roumain Klaus Iohannis, en fin de mandat, d’emporter le jackpot et de devenir Secrétaire Général de l’OTAN. Nous volons à très haute altitude dans les sphères de la pensée stratégique et des capacités militaires et diplomatiques.
Quelles seront les caractéristiques et les conséquences de cette base ? Dans le premier texte, Ekaterina Blinova a interrogé Leonid Rechetnikov, lieutenant général à la retraite du Service russe de renseignement extérieur (SVR). Quant aux caractéristiques techniques de cette base, qui sera énorme (deux fois la surface de la base principale de l’USAF en Europe, Ramstein en Allemagne), otanienne et bien entendu américaniste jusqu’en bout de piste, la première en importance de la région Sud de l’Europe, voire de l’Europe, mais quasiment collée à la frontière russe par le biais de région russophone de Moldavie et sa proximité de la Crimée :
« Cette [base] pose certainement un défi sérieux à la sécurité de la Russie, aux activités des forces armées russes dans la région de la mer Noire, ainsi qu'aux relations de la Russie avec la Turquie en ce qui concerne la politique d'indépendance ou d'autonomie [d'Ankara] au sein de l'OTAN. Il s'agit d'une tentative très sérieuse des États-Unis et de l'OTAN de contrôler une vaste région... »
Pour ce qui concerne les effets de cette base sur la stratégie et les efforts militaires de la Russie en Ukraine, – pour l’instant, et nous disons bien “pour l’instant”, – ils seront d’une intensification maximale des efforts militaire en Ukraine et de la nécessité de conduire tous les objectifs de l’Opération Militaire Spéciale à leur terme, – et peut-être même, s’il le faut et c’est notre avis, bien au-delà...
« “Ce sera une réponse puissante si nous garantissons la sécurité des nouveaux territoires russes, si nous retirons Kiev du jeu et si nous atteignons les objectifs que Poutine a proclamés il y a deux ans, – démilitarisation, dénazification de ce que sera l'Ukraine une fois que nous aurons achevé le processus de paix. libération des territoires qui font déjà partie de la Russie, ainsi que de ceux qui sont historiquement des territoires russes”, a suggéré Rechetnikov.
» Le lieutenant général à la retraite a souligné que la Russie n'avait d'autre choix que d'accomplir ses tâches principales en Ukraine ; sinon, la présence élargie de l’OTAN en Europe de l’Est et du Sud constituera non seulement une menace militaire stratégique mais aussi une menace existentielle pour la Russie en tant qu’État souverain et intégral. »
Si nous rappelions plus haut la véritable signification de l’Article 5, c’est parce que cette base marque la volonté aveugle de la bureaucratie militaro-politique de l’OTAN de poursuivre ses efforts d’encerclement agressif de la Russie, quoiqu’il arrive en Ukraine, et bien que cela devrait conduire quasi-automatiquement à des incidents d’intervention de pays de l’OTAN, notamment limitrophes et en tant que tels, et par conséquent à une riposte russe dans ces pays de l’OTAN.
La réélection triomphale de Poutine et ce qu’elle a montré de conviction populaire que la Russie est en guerre existentielle et que rien ne doit entraver sa riposte, signifient que la président russe abandonnera de plus en plus sa prudence envers les pays de l’OTAN, limitrophes et plus lointains, donc que la guerre s’étendra. On verra alors combien l’Article 5 interprété par chacun selon son humeur, après la défaite en Ukraine, est de loin le plus grand diviseur commun, jusqu’à l’éclatement, de l’alliance atlantique. Le crépuscule sera encore plus lugubre qu’on croit pour l’instant.
“L’éclatement de l’alliance atlantique” ? En effet, face à cette prospective terrible évoquée à l’occasion de la base en Roumanie, on trouve des pays, États-Unis en tête, – mais ceux-là, surtout si Trump est élu, se dégagerons bien vite du piège européen, – lancés dans un effort de réarmement qui se heurte à une extraordinaire impuissance non seulement économique mais également technologique qui confirmeront le danger également “existentiel” pour l’Ouest d’affronter l’armée russe. Sur ce dernier point de l’ikmpuissance technologique, on doit avoir à l’esprit le cas des missiles hypersoniques russes et de la “riposte“ US :
« Mais rien ne se fait vraiment dans une Amérique paralysée dans une sorte d’absurde jeu de haines antagonistes. Voyez combien les alarmes à propos des armes hypersoniques russes du général Cotton, chef de STRATCOM (Strategic Command) en mars 2024, ressemblent à celle du général Hyten, chef de STRATCOM en mars 2018 : rien n’a été fait. »
Deux articles se suivent ci-dessous, de ‘SputnikNews’, l’un de Ekaterina Blinova (« Comment la nouvelle base de l’OTAN en Roumanie donne d’autant plus de motil à la Russie à gagner en Ukraine »), le second de Dimitri Babich (« La nouvelle base de l’OTAN en Roumanie est un moyen pour Klaus Iohannis d’obtenir le leadership de l’alliance »).
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La Roumanie a commencé à construire ce qui pourrait devenir la plus grande base européenne de l'OTAN, près de la ville portuaire de Constanta, sur la mer Noire. Comment la base pourrait-elle affecter la sécurité de la Russie ?
La Roumanie a lancé un projet de 2,7 milliards de dollars visant à agrandir la 57e base aérienne de l'armée de l'air roumaine Mikhail Kogalniceanu afin d'accueillir jusqu'à 10 000 soldats de l'OTAN, ainsi que de nouvelles pistes, plates-formes d'armes et hangars pour avions militaires. La base modernisée devrait avoir un périmètre total de 30 kilomètres et couvrir une superficie d'environ 3 000 hectares.
“L'OTAN a mené et poursuit une politique d'expansion de son influence dans les zones qui constituent une menace pour la Russie. Hormis les bases au Kosovo, que les Américains ont construites au cours des dix dernières années, il n'y a jamais eu d'installation aussi sérieuse dans le Balkans”, a déclaré à Sputnik Leonid Reshetnikov, lieutenant général à la retraite du Service russe de renseignement extérieur (SVR).
Située près du port de Constanta sur la mer Noire, la nouvelle base de l'OTAN sera construite à seulement 130 km de la frontière ukrainienne et à environ 300 km de la ville portuaire d'Odessa. Cela signifie que l'alliance transatlantique se rapprocherait encore plus de la Russie, étant donné que la République de Crimée partage une frontière maritime avec la Roumanie.
"Maintenant, ils se rapprochent simplement de nos frontières", a poursuivi le vétéran du renseignement. "Il existe de facto une frontière maritime entre la Roumanie et la Russie. C'est pourquoi une immense base est en cours de construction pour contrôler la région de la mer Noire, la partie russe, la côte du Caucase, les détroits ainsi que la Turquie."
Au cours des dernières décennies, les États-Unis et l’OTAN ont construit une série de petites bases de départ dans les anciens pays du Pacte de Varsovie, situés sur la côte de la mer Noire. Cependant, la nouvelle base vise à étendre le contrôle de l'OTAN sur la mer et les régions voisines, selon Reshetnikov.
« Cette [base] pose certainement un défi sérieux à la sécurité de la Russie, aux activités des forces armées russes dans la région de la mer Noire, ainsi qu'aux relations de la Russie avec la Turquie en ce qui concerne la politique d'indépendance ou d'autonomie [d'Ankara] au sein de l'OTAN. Il s'agit d'une tentative très sérieuse des États-Unis et de l'OTAN de contrôler une vaste région", a déclaré le lieutenant général à la retraite.
Le vétéran du renseignement a précisé qu'une fois la base construite, l'OTAN sera en mesure de maintenir le contrôle des domaines aérien et terrestre tout au long de la région de la mer Noire, de la Turquie à la Roumanie. Il a averti que la Crimée, la mer d'Azov et ses côtes seraient à portée de frappe de la nouvelle base de l'OTAN, ainsi que la région russe de Krasnodar et l'Abkhazie.
La Russie peut néanmoins contrebalancer la menace posée par les nouvelles installations de l'OTAN en Roumanie en renforçant sa présence militaire dans ses régions du sud-ouest et en atteignant les objectifs de l'opération militaire spéciale, selon Reshetnikov.
"Ce sera une réponse puissante si nous garantissons la sécurité des nouveaux territoires russes, si nous retirons Kiev du jeu et si nous atteignons les objectifs que Poutine a proclamés il y a deux ans - démilitarisation, dénazification de ce que sera l'Ukraine une fois que nous aurons achevé le processus de paix. libération des territoires qui font déjà partie de la Russie, ainsi que de ceux qui sont historiquement des territoires russes", a suggéré Reshetnikov.
Le lieutenant général à la retraite a souligné que la Russie n'avait d'autre choix que d'accomplir ses tâches principales en Ukraine ; sinon, la présence élargie de l’OTAN en Europe de l’Est et du Sud constituera non seulement une menace militaire stratégique mais aussi une menace existentielle pour la Russie en tant qu’État souverain et intégral.
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'intention de la Roumanie de construire la plus grande base de l'OTAN en Europe, près de l'Ukraine, coïncide avec la tentative du président Klaus Iohannis de diriger le bloc.
Les projets de la Roumanie visant à construire la plus grande base de l’OTAN en Europe ont immédiatement suscité beaucoup d’intérêt. Il y a une raison à cela : située au bord de la mer Noire, au nord-est du pays, à la frontière de l’Ukraine, la base Mihail Kogălniceanu peut être considérée comme un symbole de l’expansion de l’OTAN vers l’est.
Mais comment expliquer le timing du projet : pourquoi les projets de construction d’une base de l’OTAN plus grande que Ramstein (Allemagne) ou Aviano (Italie) ont-ils été dévoilés maintenant ? Et pourquoi a-t-on décidé de charger un pays relativement pauvre d’un projet d’une telle envergure ?
Détail intéressant : la nouvelle de la « finalisation » du projet, en préparation depuis longtemps, est arrivée à un moment exceptionnellement bon pour le président roumain sortant Klaus Iohannis. Quatre jours plus tôt, il avait annoncé sa candidature au poste de secrétaire général de l'OTAN.
Iohannis a officiellement présenté sa candidature dans un article écrit pour Politico, un média américain avec une édition européenne. Le 12 mars, il a publié un article intitulé « Président roumain : une vision pour l’avenir de l’OTAN ». Le même jour, le principal quotidien roumain Adevarul a annoncé que le ministère roumain des Affaires étrangères avait reçu l’ordre officiel de soutenir par tous les moyens la candidature d’Iohannis.
Compte tenu de tous les risques que la Roumanie prend avec le projet de la base de l’OTAN, on ne peut échapper au sentiment que le président Iohannis a décidé de se faire aimer de l’OTAN, tout en briguant la première place au sein de l’OTAN. Les autres actions récentes d’Iohannis s’inscrivent dans le même schéma.
Lundi, Iohannis, dont le mandat touche à sa fin, a annoncé sa décision d'autoriser le transit par le pays du matériel militaire donné par la Finlande à l'Ukraine comme « cadeau ». Iohannis a ainsi suivi la ligne générale de l'OTAN visant à approvisionner Kiev en régime avec des armes meurtrières.
De tels approvisionnements ne violent pas seulement le droit international, qui interdit d’inonder les zones de conflits armés d’armes importées. Ils exposent également les pays fournisseurs, dont la Roumanie, au risque d’une confrontation avec la Russie.
Le ministère russe des Affaires étrangères a envoyé une note diplomatique à tous les pays de l'OTAN, y compris la Roumanie, les avertissant des « conséquences désastreuses » de telles actions. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a souligné que toute cargaison contenant des armes destinées à l’Ukraine deviendrait une « cible légitime » pour l’armée russe.
Tous ces avertissements ne semblent cependant pas déranger Iohannis. Le port roumain de Constanta sur la mer Noire, situé à proximité de la future plus grande base de l'OTAN en Europe, fait depuis longtemps partie du tristement célèbre « corridor sud » pour les expéditions d'armes vers l'Ukraine.
Dans son article « La candidature de l’OTAN » pour Politico, Iohannis écrivait il y a six jours : « Il n’y a rien de plus important aujourd’hui que de garantir que l’Ukraine l’emporte dans sa bataille existentielle, et nous pouvons le faire en lui fournissant tout le soutien nécessaire aussi longtemps que cela prendra. Nous avons également l’obligation morale, politique et stratégique de veiller à ce que l’Ukraine progresse régulièrement sur la voie d’une future adhésion à l’OTAN, ainsi que d’une adhésion à l’UE… Et la Russie restera la menace la plus importante et la plus directe pour l’Alliance dans un avenir prévisible. »
Cette perspective sur les relations de l'Europe avec la Russie donne plutôt à réfléchir, compte tenu des aspirations de celui qui cherche à devenir le nouveau secrétaire général de l'OTAN. La possibilité d’une confrontation avec une puissance nucléaire dans un avenir proche place la Roumanie dans une position précaire, notamment compte tenu de son rôle dans l’hébergement de la plus grande base de l’OTAN et dans la fourniture d’armes à l’Ukraine. Cependant, la prise de décision concernant ces actions échappe à l'influence des électeurs roumains sur l'avenir d'Iohannis.