Petite scène en a-parte entre Blazy Kouchner et Bernard Douste

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Jeudi, passation de pouvoir entre anciens et nouveaux ministres. Au Quai d’Orsay, l’ambiance est chaleureuse. On se retrouve entre “French Doctors”, bien curieuse génération de successeurs de Vergennes et de Talleyrand. Entre Douste et Kouchner, on se tutoie ostensiblement, on s’embrasse et on s’adore. Douste fait un rapide petit discours, chaleureux, presque emporté, avec à côté un Kouchner consensuel et souriant de toutes ses dents qu’il a en nombre impressionnant.

Douste est au bout de sa petite gâterie. Il entend clore sur le ton léger et complice qui convient, si possible par une chute à mesure, qui doit tirer des rires détendus et joyeux. «Et voilà, tu arrives, je m’en vais…» Puis, suspendu une ou deux secondes, parlant à nouveau et réalisant déjà, en le disant, l’ambiguïté gênante de son propos, déjà tentant de rattraper ce qu’il craint d’être une gaffe, — quelque chose comme ceci : «… Enfin, ça peut changer.»

Effectivement, l’on peut comprendre que le propos s’adresse à Kouchner et matérialise ce que tout le monde chuchote en ville et proclame parfois à haute voix dans les débats télévisés : que Kouchner est là comme cache-sexe pour les législatives, qu’on le surveillera de près, qu’il ne fera peut-être pas long feu une fois gagnées les législatives et consommée la gâterie faite à la gauche. Douste tend déjà un bras amical et pressant pour rattraper Kouchner qui s’est écarté insensiblement.

En effet, rangeant toutes ses dents et soudain pincé comme une vieille cabotine prise en flagrant délit de dépit après avoir découvert une réserve derrière un compliment d’usage, Kouchner s’est écarté et l’on entend sa voix, comme s’il s’agissait d’une voix off, effectivement pincée, vexée, d’une petite fureur contenue : «J’ai compris…»

Nous aussi?


Mis en ligne le 19 mai 2007 à 13H51