Petraeus président? Nous n'en sommes plus à ça près

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Le général Petraeus étant la célébrité que l’on sait, il est plus que temps de s’intéresser à son passé, à son destin et à ses ambitions. Ce que fait Patrick Cockburn dans The Independent, aujourd’hui même.

Cockburn a rencontré un ancien conseiller du ministère de l’intérieur irakien qui a discuté avec Petraeus de ses ambitions présidentielles, — puisqu’il s’avère qu’il en a, évidemment. L’article revient également sur la carrière de Petraeus en Irak, pour mettre en évidence combien ce général a accumulé d’échecs opérationnels après avoir fait, en général si l’on ose dire, des succès médiatiques de ces mêmes actions.

Sabah Khadim, then a senior adviser at Iraq's Interior Ministry, says General Petraeus discussed with him his ambition when the general was head of training and recruitment of the Iraqi army in 2004-05. “I asked him if he was planning to run in 2008 and he said, ‘No, that would be too soon’,” Mr Khadim, who now lives in London, said.

»General Petraeus has a reputation in the US Army for being a man of great ambition. If he succeeds in reversing America's apparent failure in Iraq, he would be a natural candidate for the White House in the presidential election in 2012.»

Là-dessus, et pour notre information, rappel un peu plus détaillé sur les performances du général Petraeus… «General Petraeus went to Iraq during the invasion of 2003 as commander of the 101st Airborne Division and had not previously seen combat. He first became prominent when the 101st was based in Mosul, in northern Iraq, where he pursued a more conciliatory line toward former Baathists and Iraqi army officers than the stated US policy.

»His efforts were deemed successful. When the 101st left in February 2004, it had lost only 60 troops in combat and accidents. General Petraeus had built up the local police by recruiting officers who had previously worked for Saddam Hussein's security apparatus.

»Although Mosul remained quiet for some months after, the US suffered one of its worse setbacks of the war in November 2004 when insurgents captured most of the city. The 7,000 police recruited by General Petraeus either changed sides or went home. Thirty police stations were captured, 11,000 assault rifles were lost and $41m (£20m) worth of military equipment disappeared. Iraqi army units abandoned their bases.

»The general's next job was to oversee the training of a new Iraqi army. As head of the Multinational Security Transition Command, General Petraeus claimed that his efforts were proving successful. In an article in The Washington Post in September 2004, he wrote: “Training is on track and increasing in capacity. Infrastructure is being repaired. Command and control structures and institutions are being re-established.” This optimism turned out be misleading; three years later the Iraqi army is notoriously ineffective and corrupt.

»General Petraeus was in charge of the Security Transition Command at the time that the Iraqi procurement budget of $1.2bn was stolen. “It is possibly one of the largest thefts in history,” Iraq's Finance Minister, Ali Allawi, said. “Huge amounts of money disappeared. In return we got nothing but scraps of metal.”»

Bien, ce général a été promu, acclamé, sanctifié, etc., et accessoirement pris comme punching-ball par les sénateurs US. Mais il représente une autre caractéristique, complètement nouvelle.

Les ambitions présidentielles de militaires US, ce n’est pas chose nouvelle. Les présidents Grant et Eisenhower furent des soldats célèbres, devenus présidents une décennie après leurs exploits militaires. Des hommes comme Pershing et MacArthur furent sollicités pour la présidence. Aujourd’hui, Wesley Clark, commandant en chef de l’OTAN (SACEUR) lors de la guerre du Kosovo, est un candidat potentiel.

Mais tous ces militaires conçurent et déclarèrent leurs ambitions présidentielles après leurs exploits militaires et leur service dans l’armée. Petraeus introduit une nouvelle dimension. Il nourrit ses ambitions, et laisse dire qu’il en a puisqu’il ne s’en cache pas, alors qu’il est en service, en train de forger ses exploits. Difficile de ne pas voir un rapport entre ceci et cela. C’est une nouvelle sorte de général, qui fait la guerre pour mieux gagner la présidence. Il adapte sa mission à ses besoins médiatiques et conçoit sa tactique à mesure. Par conséquent, ses exploits peuvent être finalement des désastres militaires si, pour l’essentiel qui est le moment médiatique qui compte, ils apparaissent temporairement comme des victoires. Ses rapports avec le pouvoir civil sont de la même aune: calibrés pour préparer sa carrière politique plutôt que pour servir la mission militaire qu’il conduit.

Petraeus est la preuve rassurante que la corruption psychologique du système n’a épargné personne, et surtout pas les généraux.


Mis en ligne le 13 septembre 2007 à 12H00