Petraeus versus Obama

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Après les premiers jours de l’installation dynamique de l’administration Obama commencent à apparaître les premières rumeurs concernant des batailles internes. On fait grand cas de l’article de Gareth Porter, publié sur le site CounterPunch le 2 février 2009, qui expose les détails d’un affrontement feutré entre le nouveau président et le général Petraeus, l’homme du “surge”, ancien commandant en Irak et chef aujourd’hui du grand commandement Central Command. Porther est un enquêteur réputé, avec d’excellentes sources chez les militaires, qui lui ont permis notamment de détailler, il y a deux ans, l’affrontement autour d’une possible attaque contre l’Iran.

Porther explique comment Petraeus a reçu, avec d’autres chefs, instruction d’Obama, le 21 janvier, de présenter un plan de retrait des forces US d’Iran en 16 mois; comment il avait présenté, à cette réunion du 21 janvier, un plan différent, envisageant un délai plus long et des dispositions différentes, et faisant cela avec une certaine maladresse, croyant sans doute que GW Bush était toujours à la Maison Blanche («Petraeus made the mistake of thinking he was still dealing with George Bush instead of with Barack Obama»); comment Obama a repoussé ce plan alternatif de Petraeus et confirmé sa volonté d’un retrait en 16 mois; comment, depuis, Petraeus prépare une contre-offensive pour faire pression sur Obama et obtenir d’autres dispositions. Petraeus s’appuie notamment sur le général Odierno, son successeur à la tête du théâtre d’opérations en Irak, et sur divers généraux à la retraite, très actifs dans les différents réseaux d’information US.

«The opening argument by the Petraeus-Odierno faction against Obama's withdrawal policy was revealed the evening of the Jan. 21 meeting when retired Army Gen. Jack Keane, one of the authors of the Bush troop surge policy and a close political ally and mentor of Gen. Petraeus, appeared on the Lehrer News Hour to comment on Obama's pledge on Iraq combat troop withdrawal.

»Keane, who had certainly been briefed by Petraeus on the outcome of the Oval Office meeting, argued that implementing such a withdrawal of combat troops would “increase the risk rather dramatically over the 16 months”. He asserted that it would jeopardise the “stable political situation in Iraq” and called that risk “not acceptable”.

»The assertion that Obama's withdrawal policy threatens the gains allegedly won by the Bush surge and Petraeus's strategy in Iraq will apparently be the theme of the campaign that military opponents are now planning.

»Keane, the Army Vice-Chief of Staff from 1999 to 2003, has ties to a network of active and retired four-star Army generals, and since Obama's Jan. 21 order on the 16-month withdrawal plan, some of the retired four-star generals in that network have begun discussing a campaign to blame Obama's troop withdrawal from Iraq for the ultimate collapse of the political "stability" that they expect to follow U.S. withdrawal, according to a military source familiar with the network's plans.

»The source says the network, which includes senior active duty officers in the Pentagon, will begin making the argument to journalists covering the Pentagon that Obama's withdrawal policy risks an eventual collapse in Iraq. That would raise the political cost to Obama of sticking to his withdrawal policy. If Obama does not change the policy, according to the source, they hope to have planted the seeds of a future political narrative blaming his withdrawal policy for the “collapse” they expect in an Iraq without U.S. troops.»

Cette affaire Petraeus-Obama est le premier signe des conditions intérieures agitées que va connaître l’administration Obama, face à la situation washingtonienne faite de multiples centres de pouvoir, d'influence et d'intérêt, installée durant l’administration Bush. On ne peut parler précisément de lignes politiques qui s’affrontent (par exemple, ce cas où Petraeus paraît du côté des “durs” n’empêche pas Petraeus d’avoir été l’un des premiers, au début janvier, à suggérer qu’il pourrait y avoir une coopération entre les USA et l’Iran dans la guerre en Afghanistan). Il s’agit véritablement de “politiques personnelles” qui sont en jeu, d’affrontements d’influence, etc. Il s’agit donc du pur jeu politicien et bureaucratique, dont Washington est un centre actif, où le général Petraeus s’est déjà montré extrêmement habile.

Pour Obama, c’est de loin le danger le plus grave, si l’on accepte l’hypothèse que le nouveau président a des intentions réformistes, ou de “changement” selon le mot d’ordre de sa campagne. Ce type d’affrontements et de tensions est générateur d’enlisement, de batailles de retardement, de paralysie générale avec les tensions bureaucratiques et politiciennes. Dans le cas précis de Petraeus, il s’agit d’un “général politique” aux ambitions effectivement politiques non dissimulées, dont on a dit déjà qu’il avait des ambitions politiques pour les présidentielles de 2012, notamment si Obama rencontre des difficultés à établir son programme pendant son premier mandat (Petraeus pouvant alors apparaître comme le leader naturel d'un parti républicain à la reconquête du pouvoir). Dans de telles conditions, Petraeus pourrait juger effectivement habile de se construire une réputation d’opposant feutré à un président Obama qui serait dénoncé comme trop conciliant dans les affaires extérieures, trop “colombe” dans les affaires de défense et ainsi de suite. Manœuvres politiciennes classiques, certes, où la question irakienne est surtout là comme faire-valoir. Dans tous les cas, une bonne mesure des prodigieuses difficultés qui attendent Obama dans l’exercice de ses fonctions, éventuellement dans la réalisation de ses ambitions.


Mis en ligne le 4 février 2009 à 07H14

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