Pfaff en verve et la dent dure, — contre Washington-robot

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Le commentateur et historien William Pfaff a pris sa plume la plus excédée et l’a trempée dans une verve au vitriol pour décrire le paysage américaniste de l’avant-période électorale. Les candidats sont représentés comme des zombis, plus ou moins ahuris et plutôt plus que moins, répétant, ou plutôt ânonnant un discours pasteurisé et passé au moule du conformisme GW-9/11. Le titre de son article du 3 octobre nous en dit déjà beaucoup, — avant de passer à la substance de sa réflexion: «Dehumanizing America's Presidential Candidates»…

«The candidates of both parties have already lost much if not most of their human recognizability and have increasingly come to resemble synthetic creatures uttering programmed opinions that relate to a virtual rather than real national and international society.

»As a result of this two-year campaign passage to which these candidates are submitted, some already display strange behavior, incidents of uncontrolled or inappropriate public behavior, like Hillary Clinton’s inhuman laugh and Ralph Giuliani’s revelations of his private life.

»It is as if they might already be experiencing near-death out-of-body episodes, floating above the audiences or television studios and incredulously witnessing themselves answering the same meaningless questions for the millionth time, with a million more times to come before the campaign ends a year from November, and already near madness. The presidential campaign is an ordeal we should not inflict on sentient beings, even laboratory rats.

»It is a phenomenon of what Marx would not have recognized as post-modern capitalism, since this degree of dehumanization of individuals would have been unimaginable in a nineteenth century economic or political system. But today, the United States, under the Supreme Court-imposed doctrine that money spent on television political advertising is constitutionally protected free speech, has created a presidential election industry concerned totally with profit and virtually nothing with principle.

»If principle does survive the process, as it sometimes does, this surely is evidence that God has not yet forsaken the American nation.

»The electoral industry’s procedures are designed to adapt initially sane individuals to become golem-like creatures (to cite rabbinical literature), or Dalek clones (in the Brit pop-culture tradition), still human-like in form and meant to seem human to others, but actually simulacra of humanity, their brains and morality drained from them by the ultimate re-make surgery.»

Le diagnostic est impitoyable et rend compte sans aucun doute de la victoire de 9/11 et de GW Bush, le triomphe de la médiocrité imposée en fait de pensée politique. Il n’est pas impossible qu’à ce régime-là, les psychologies elles-mêmes soient touchées, conduisant les esprits à réellement penser aussi bas que l’exige le système. Nous découvrons alors que la combinaison de GW avec 9/11 n’a fait qu’exprimer avec ses fastes et ses exaltations une complète homogénéisation de la politique US et du monde politique washingtonien. Bien entendu, de tels candidats-robots ne peuvent que suivre les perspectives qu’eux-mêmes ont tracées pendant la campagne, c’est-à-dire l’énoncé d’une politique standard qui devient dès lors une politique-robot, et que Pfaff se fait un plaisir de nous énoncer sans grande surprise (voir aussi notre F&C du jour).

La campagne 2008 s’annonce infiniment plus contrainte et emprisonnée sur le fond des choses que celle de 2004 où l’on osait tout de même envisager la nécessité de mettre fin à la folie irakienne. Tout se passe comme si la paradoxale “grande ombre” de GW, improbable gardien du nouveau “dogme 9/11”, régnait désormais sur Washington. Il est très possible que nous soyons en train d’assister à un grand phénomène de lobotomie par la communication et la consigne de conformisme, affectant jusqu’aux psychologies des élus de la démocratie. La victoire du virtualisme pourrait alors être proclamée. C’est à ce point que certains en viendraient peut-être à regretter que que la Grande République dépende d'un système insensible aux tentatives de putsch.

Il ne nous reste plus que les surprises et l’imprévu.


Mis en ligne le 5 octobre 2007 à 16H44