Ping-pong libanais

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Le ping-pong libanais


15 mars 2005 — Au Liban, c’est la surenchère des manifs’, répondant en cela à l’imagerie de la démocratie qui enflamme le monde et aux diverses “révolutions” qui rebondissent de pays en pays, de couleur en couleur et de symbole en symbole (“de velours”, “rose”, “orange”, “pourpre”, “des cèdres”). La dernière en date est l’énorme manifestation de l’opposition et des anti-Syriens hier (le 14 mars était une date symbolique, un mois après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Hariri).

Le Los Angeles Times, le The Times de Londres, le Washington Times, entre autres, situent cette manifestation anti-syrienne largement au-delà de celle du Hezbollah du 8 mars (« The protest easily dwarfed the pro-Government rally of some 500,000, held last week by the Shia Muslim group Hezbollah », selon The Times). On peut être sûr que les partisans du Hezbollah pourraient revendiquer que la manifestation des 500.000 du 8 mars en fait ne faisait pas 500.000, que les estimations allant jusqu’à 1.600.000 personnes avaient été un peu trop vite écartées. Le Hezbollah a été accusé de faire venir des Syriens en bus pour manifester, les anti-Syriens riches (il n’en manque pas dans cette révolution également qualifiée de “révolution BMW”) d’emmener leur personnel asiatique, philippin, etc, aux manifestations. D’ores et déjà, avec les plus grandes manifestations additionnées des camps adverses, on approche à grands pas des 4.000.000 (nombre d’habitants du Liban) et un jour, pourquoi pas, on les dépassera.

Un commentaire plus intéressant est celui de Juan Cole, signalant que, la veille, le Hezbollah avait organise une manifestation en province largement passée inaperçue (Reuters s’en est fait l’écho: « The spectacle of over half a million protesters coming out in Beirut while 200,000 to 300,000 came out on the other side in Nabatiya in the South the day before is worrisome, given Lebanon's recent history of sectarian violence. »

Le commentaire de Juan Cole sur la situation libanaise éclaire les points essentiels de cette situation :


« In the duel of the demonstrations in Lebanon, the political opposition (a coalition of Christians, Druze and some Sunni Arabs), brought out hundreds of thousands of demonstrators in downtown Beirut on Monday, the one-month anniversary of the assassination of former Lebanese PM Rafiq al-Hariri.

»Ash-Sharq al-Awsat says there had been a demonstration of 200,000 to 300,000 called by Hizbullah at the southern city of Nabatiyeh Sunday, this one made up largely of pro-Syrian Shiites. Reuters reported on this rally, but it was not widely covered in the US. At the Nabatiyeh demonstration, protesters held up placards saying ''US Out!'', mocking the Lebanese opposition slogan of ''Syria Out!''

»Lebanon isn't that big a country — the total population is a little less than 4 million. So by now most everybody must have been involved in a demonstration.

»The country appears deeply divided over how much presence Syria should have in Lebanon, and on where to place the blame for the death of former PM Hariri. a recent scientific poll by Zogby International, half of Maronites and Druze blame Syria for Hariri’s death. Only 14% of Shiites do, while 70% of Shiites blame the US and Israel. Shiites are probably over 40 percent of the Lebanese population, while Maronites are probably only about 20 percent (Lebanon may now be as much as 70 percent Muslim if Druze are counted in that group).

»The spectacle of over half a million protesters coming out in Beirut while 200,000 to 300,000 came out on the other side in Nabatiya in the South the day before is worrisome, given Lebanon's recent history of sectarian violence. »


Qui est plus fort que qui? Qui est plus nombreux que qui? Ces questions sont assez accessoires à côté de l’enchaînement lui-même et de la surenchère, de manifestation en manifestation, avec l’atmosphère de tension et d’affrontement en train de se mettre en place parallèlement. L’enjeu est de moins en moins les références de départ (affirmation de l’opposition, départ des Syriens, riposte du Hezbollah), et de plus en la situation de confrontation.

En un sens, pour les néo-conservateurs, on pourrait reprendre la vielle expression soviétique : “tout se déroule selon le plan prévu”.