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2832• On attend toujours l’“invasion”, sans doute sous le nom de code de “En attendant Godotski/Godoutine”. • Le département d’État ne cesse de nous donner la date de l’“invasion”, de jour en jour, avec date et heure : “peut-être bien demain, sinon le jour d’après puis les jours suivants”. • La tragédie-bouffe semble complètement bloquée sur le programme bouffe-en-continu. • Zelenski, de son côté, montre des signes d’exaspération considérables du comportement de ses alliés. • Certains commencent à se demander si Zelenski ne va pas se tourner vers Moscou...
Le programme US pour la catastrophique subcrise ukrainienne ne cesse de montrer des signes considérables de folie compulsive : alerte-panique, conseils à Zelenski d’être prêt au combat, poudre d’escampette des soldats US présents ici ou là, puis rien ne se passe. Dans le vaste océan de la presseSystème ou associés passe parfois un éclair fugitif de lucidité. Ainsi de ce texte du blog ‘B2’ de Bruxelles du 13 février, qui suit avec constance et le plus grand sérieux, et y croyant, sans dévier de la ligne qui le sépare de l’antiSystème, la saga du bloc-BAO dans les institutions européennes saupoudrées d’un peu d’OTAN ; il s’agit d’une appréciation de la “Grande Politique” américaniste dans la région de l’Ukraine par un commentateur désolé puisqu’il juge bien propale la fameuse “invasion” :
« Le départ des Américains d’Ukraine. Imbécile et lâche
» Les mesures prises par les États-Unis samedi sont étonnantes. Il y a quelques jours encore, la Maison Blanche proclamait urbi et orbi sa solidarité avec l’Ukraine et sa volonté de désescalade. Aujourd’hui, c’est “Courage, Fuyons !” Décision qui encourage plutôt les Russes d’intervenir qu’elle ne les en empêche. Incompréhensible. »
On pourrait ironiser encore et encore sur cette posture occidentale vis-à-vis de l’“invasion”, pendant que CRS, policiers et gendarmes interpellent dans les rues de Paris de redoutables envahisseurs, avec leur “invasion” à eux, terroristes porteurs d’un factieux et douteux drapeau français, ou bien de tablettes de chocolat. Il est vrai qu’à côté de l’“invasion” de l’Ukraine par la Russie, il y a la terrible tentative de subversion factieuse et intérieure des “Convois dits-de-la-Liberté”... Par conséquent, on ironise puisque la pseudo-dictature en escarpins-bobos parvient à être plus bête que la “démocratie” dont elle est le monstrueux moutard :
« 10 personnes verbalisés pour manifestation illégale et port du drapeau Français, tablette de chocolat ainsi que des fraises tagada. Ça part en sucette, on est d’accord ? Faut se balader avec un drapeau européen si j’ai bien compris désormais ?
» Si certains doutaient encore de la réalité de la dictature sanitaire, il suffira qu’ils regardent les ordres fous donnés aux forces de l’ordre pour tenter de briser l’élan populaire qui accompagne les Convois de la Liberté.
» Ici, le témoignage de Français verbalisés hier soir : un monsieur qui avait un petit drapeau français qui dépassait de son sac à dos et une dame qui donnait du chocolat à des amis ! »
La curiosité de ce champ de foire est que, pour être éventuellement sérieux, il faudrait aller du côté de l’ami Zelenski, le comique télévisé fait président de l’Ukraine par la grâce de l’un des mille-et-un complots des oligarques de cette belle nation. En effet, l’hypothèse commence à se répandre, devant l’indigence extraordinaire de l’activité balbutiante des puissances en ligne, que le président ukrainien devrait bien, pourrait bien, céderait bien à la tentation d’aller voir ailleurs, du côté de chez Poutine.
Par exemple, Patrick Armstrong, grand spécialiste dissident des affaires russes, passant cet entrefilet dans son ‘Situation Report’ sur la situation russe, sur le site ‘Turcopolier.com’ du colonel Lang, ce 14 février :
« UNE SURPRISE POTENTIELLE. Je ne pense pas que Zelenski soit stupide. Il doit se rendre compte que ses “amis” ne sont pas ses amis : “Je pense qu'il y a trop d'informations sur une guerre totale déclenchée par la Russie, et les gens donnent même des dates. Le meilleur ami de nos ennemis est la panique dans notre pays, et toutes ces informations ne font que créer la panique, elles ne nous aident pas”. Commence-t-il à comprendre qu'il n'y a qu'un seul acteur dont il peut croire la parole ? S'il le fait, tout bascule soudainement. »
Karine Bechet-Golovko développe encore plus nettement cette hypothèse le 15 février. Elle prend en compte divers éléments dont nombre sont connus, qui décrivent un jeu à la fois vicieux, craintif et accordé aux seuls simulacres et narrative, et en aucun cas aux réalités, de la part des Occidentaux ; et bien entendu, parmi eux, principalement des Anglo-Saxons (Canada, UK, USA), qui tiennent ainsi à démontrer qu’il faut plus que jamais considérer respectueusement leur suprémacisme... Moyennant quoi, effectivement, l’on se prend à constater que les Russes et les ukrainiens sont les seuls, dans ce brouhaha démentiel, à assurer qu’il n’y a pas en vue l’“invasion” tant attendue, et qu’au bout du compte ce constat commun les rapproche.
L’hypothèse, si elle paraît audacieuse parmi les courants de la bienpensance, a le mérite de la clarté, de la simplicité, voire de la logique dont toute cette subcrise est jusqu’ici complètement dépourvue. Cela donne, en introduction et en conclusion, les attendus nullement sollicités de cette hypothèse.
« Alors que le premier cercle atlantiste pousse au conflit armé en Ukraine, le Président ukrainien a l'instinct de survie qui se réveille et fait le premier pas que les Européens n’ont pas eu le courage de faire : il appelle Biden à la désescalade et à donner un signal positif. Le second pas, qui pourrait être salvateur pour l'Ukraine, Biden ayant refusé la main tendue, serait un rapprochement avec la Russie, aussi surprenant que cela puisse paraître au premier abord : la menace ne vient pas de l’Est, mais de l’Ouest, et elle est vitale pour l’Ukraine.
» A l’occasion du conflit ukrainien potentiel, et tant attendu par certains en Occident, l'on voit très clairement une ligne se dessiner entre trois clans : le premier cercle atlantiste (USA, Canada, Grande-Bretagne), qui font monter la pression, pour faire enclencher par d'autres mains un mécanisme entraînant l'Ukraine in fine dans un conflit ouvert et plus ou moins localisé contre la Russie ; les pays européens, peu entrains, mais ayant malheureusement démontré leur inconsistance diplomatique actuelle ; l'Ukraine et la Russie, niant toute velléité russe d'agression militaire imminente de l'Ukraine. La répartition des forces peut surprendre et c'est justement cela qui pourrait faire sa force. [...]
» L’Ukraine et la Russie se trouvent finalement, par la force du fanatisme atlantiste, malgré tous les efforts pour les séparer, dans le même camp. Si l’Ukraine a suffisamment peur de la destruction pour pousser le courage à sa suite logique, il est urgent qu'elle entre en contact, hors caméras et mise en scène, avec son voisin - même s'il y a des désaccords, et il y en a toujours, l’ennemi est aujourd'hui le même. »
Pendant ce temps, le quadrille continue avec l’annonce de la fin de l’exercice militaire russe sur la frontière sud de l’Ukraine et l’annonce du retour des troupes dans leurs casernes. L’Ukraine est contente et l’OTAN également mais avec mesure, et des réserves également. Le porte-parole de Poutine annonce, lui, que Poutine a pris l’habitude de demander si l’on ne trouve pas, dans la presse occidentale, non seulement le jour mais l’heure de l’“invasion” qu’il doit lancer ; cela l’aiderait grandement à décider s’il peut ou non prendre quelques jours de vacances...
« Le président russe Vladimir Poutine plaisante parfois lorsqu’il entend les affirmations bizarres des médias étrangers sur la “date exacte” de l'attaque que Moscou aurait prévue contre l'Ukraine, a révélé son porte-parole Dmitri Pechkov.
» “Vous savez, il est difficile de comprendre [ces nouvelles], mais [Poutine] en plaisante même parfois : il demande à savoir si quelqu'un a publié l'heure exacte à laquelle la guerre va commencer", a déclaré M. Pechkov en réponse à une question sur la façon dont le président traite de tels articles. »
La gentille plaisanterie ne s’arrête pas là car le malheureux Pechkov n’avait pas pris garde qu’il parlait à des journalistes occidentaux, à qui l’honneur de la rigueur professionnalisme, de l’information vérifiée et recoupée, de la justesse des vérités rassemblées, imposait que l’on reprît le président Poutine au mot et au pied de la lettre. Ainsi, ‘Sputnik.News’ poursuit-il, en nous laissant le soin de décider jusqu’où la plaisanterie se poursuit et à partir de quand le simulacre sérieux reprend :
« Deux tabloïds britanniques, ‘The Sun’ et ‘The Mirror’, se sont empressés de rendre service et ont fourni au président russe l'information qu’il semblait tant attendre, – l’heure exacte à laquelle l'invasion commencerait.
» Peu après que Pechkov ait fait part de la plaisanterie de Poutine aux journalistes, les deux médias ont publié des articles affirmant que l'attaque débuterait à 3 heures du matin, heure locale (1 heure GMT), le 16 février. Dans le même temps, le ‘Mirror’ a fourni des prévisions contradictoires, affirmant dans la première partie de son article que l'invasion commencera “mercredi après-midi”.
» Les tabloïds ont cité des informations qu'ils auraient obtenues d'une source familière des services de renseignement américains.
» Le site US ‘Politico’ avait précédemment affirmé que l'invasion commencerait le 16 février, sans en préciser l'heure. La plateforme médiatique a cité des responsables anonymes dans son rapport. Le colportage du récit de l’“invasion de l'Ukraine” a atteint son apogée au début du mois, lorsque Bloomberg a eu la gâchette facile et a accidentellement annoncé et décrit la guerre entre la Russie et l'Ukraine, maintenant ce texte sur son site Web pendant une demi-heure avant d’admettre son erreur. »
» Bien qu’il ait maintenu la rhétorique d'une invasion possible “d’un jour à l'autre”, le conseiller américain à la sécurité nationale Jack. Sullivan a admis publiquement le 13 février que Washington n'avait aucun moyen de savoir la date et l'heure exactes du début de la prétendue invasion, ni même si elle commencerait. Moscou n'a cessé de dénoncer cette “hystérie” et de qualifier ces allégations de fausses et de campagne d’“info-terrorisme” contre la Russie. »
Il est difficile d’aller au-delà dans le commentaire, dans la mesure où la subcrise ukrainienne est elle-même son propre commentaire et que, finalement, de simulacre en simulacre, on entre aisément dans le domaine du bouffe auquel certains dirigeants, – Poutine en premier, semble-t-il, qui trouve là un moyen de se détendre, – finirait bien par se prêter obligeamment. C’est-à-dire, pour employer une autre formulation, qu’il est très difficile d’envisager de nouvelles péripéties, sérieusement ou pour pouvoir en rire, sans douter une seconde et pour autant qu’il y en aura nécessairement.
On signalera donc en passant, comme tangentiellement, le bruit que font les bruits nombreux continuant à circuler sur une autre hypothèse d’une stratégie conjointe des deux dirigeants anglo-saxons UK-USA ; hypothèse du type-‘Wag the Dog’, d’une guerre faite pour faire oublier les différentes escapades intérieures des directions anglo-saxonnes, le ‘Partygate’ pour Johnson et le rapport du procureur Durham menant le ‘Russiagate’ à mamy Hillary, amie proche de Biden et de tous les gauchistes démocrates, plutôt qu’à Poutine-Trump. Pourquoi pas, cette hypothèse ?
La seule chose qui pourrait paraître envisageable si l’on redevenait sérieux, c’est que les USA pourraient se trouver en position difficile entre cette folle hypothèse d’une convergence objective entre l’Ukraine et la Russie et les bruits de botte en retrait, avec des chars prévus pour l’“invasion” qui sont arrivés en fin d’exercice et sont en train d’être chargés sur des wagons transporteurs pour être ramenés à leurs cantonnements de temps d’apaisement, le tout couronné par des plaisanteries prises si sérieusement qu’on obtient à la minute près l’heure du rendez-vous. La plaisanterie, la moquerie, l’ironie, n’est-ce pas le meilleur moyen d’échapper aux insupportables pressions du mensonge hystérique et de laisser se faire les choses dont s’occupent les « fameuses forces suprahumaines » de PhG ?
“Oui”, répondrait Poutine avec un sourire complice ; lequel sourire serait aussitôt examiné à la sombre et lugubre lueur de la diabolisation et interprété dans le sens d’une dramaturgie wagnérienne, avec des touches de Shakespeare et de Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline. La conclusion serait évidemment laissée à Beckett : “En attendant Godotski” ou “En attendant Godoutine” ?.
Mis en ligne le 15 février 2022 à 21H00