Plutôt que des bombardiers russes à Cuba, pourquoi pas une station d’écoute?

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Sans doute les Russes s’amusent-ils, en s’étonnant de la vélocité avec laquelle les Américains s’emparent de toutes les suggestions concernant l’un ou l’autre déploiement de quincaillerie russe à Cuba. Il y a déjà l’affaire des bombardiers (avec un zeste de F-22). Bien que les “sources” annonçant la possibilité d’un tel déploiement soient bien imprécises et indécises, et qu’elles soient régulièrement démenties par le gouvernement russe, la chose a fait beaucoup de bruit à Washington.

Les Russes semblant goûter au jeu. On apprend, le 23 juillet, par Novosti, qu’une autre suggestion pourrait être : pourquoi pas une station d’écoute et de surveillance à Cuba, lieu idéal pour surveiller et écouter le continent?

«La Russie doit rétablir son radar à Cuba en réponse au déploiement d'éléments du bouclier antimissile américain en Europe de l'Est, a estimé mercredi Alexandre Pikaïev, chef du département pour le désarmement de l'Institut russe de l'Économie mondiale et des relations internationales.

»“Cuba est un pays unique où l'on peut effectuer un contrôle radio-électronique des États-Unis. A mon avis, on peut et doit remettre en exploitation ce radar pour faire face à la menace que les Américains font peser sur la Russie”, a indiqué M.Pikaëv lors d'une conférence de presse à RIA Novosti.

»“La Russie a droit à des mesures de rétorsion”, a-t-il ajouté.

»La Russie a décidé de fermer sa station de surveillance électronique de Lourdes, à Cuba, en octobre 2001.»

L’idée d’un radar de surveillance à Cuba est une autre bonne idée de “riposte” (au déploiement des anti-missiles en Europe) du point de vue de la Russie. En fait, toute hypothèse impliquant Cuba est une bonne tactique pour la Russie, dans la mesure de la sensibilité extrême des USA à la position de l’île, à son rôle ces cinquante dernières années, – d’une façon générale, à la mesure de l’obsession US vis-à-vis de Cuba. En mettant Cuba dans le jeu de la crise des anti-missiles en Europe, c’est-à-dire en élargissant le débat géopolitique de manière à impliquer les USA directement, la Russie utilise une tactique extrêmement efficace.

L’efficacité est d’autant plus grande, bien sûr, que les nouvelles concernant ces hypothèses sont officieuses et n’impliquent pas le gouvernement russe dans une querelle formelle. De ce point de vue, la déclaration du nouveau chef d’état-major de l’USAF, suscitée par des questions de parlementaires au Sénat, constitue une maladresse tactique. Elle met en évidence la sensibilité US à cette question cubaine, donc met en évidence une faiblesse psychologique, alors qu’elle n’engage en rien le gouvernement russe.

Il est manifeste que les Russes, s’ils veulent poursuivre la querelle sur le déploiement du système BMDE, ont trouvé le talon d’Achille de Washington. Les USA étaient assez indifférents aux possibles “ripostes” russes contre les pays qui devraient abriter le système BMDE; ils sont beaucoup plus nerveux si cette riposte est évoquée du côté de Cuba.


Mis en ligne le 24 juillet 2008 à 14H36