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L’Étranger mesure son exil
Dans l’écart entre nuit et midi ombré du même jour
Quel est-il ?
Il frappe à l’entrée de la phrase
Les jupes de la tente relevées en hommage
A ce jour si incertain pour lui, qui débute
Il en est qui veulent effacer son nom,
Qui piétinent et fracassent de toute dureté
Les pierres en clôture du jardin de l’Étranger
Or il offense le chemin qui porte
du possible au champ de l’infertile.
De l’exilé, les racines sont subtiles
qui arriment fermement le ciel à sa terre
Ni le soc de la ruse aigue ni le tranchant de la haine
ne les rompent.
Elles sont le velours de la nuit qui s’y love.
Elles y veillent.
Voyelle après voyelle, elles portent haut le nom.
Qui dit de l’Étranger qu’il n’est qu’une appartenance
à la chair de sa terre
barrée de voiles de phosphore blanc
L’océan se meut pour offrir ses plis aux caresses du vent levé
Et bat à mesure de pleins et déliés le chiffre de l’Étranger
à l’identité frappée d’interdit.
La plume s’assèche de tremper dans la
déhiscence entre deux murs
Là, l’intervalle entre deux lettres crie.
La porte s’enterre
et suture la bouche de l’aube.
Les doigts qui fourragent la toison de ce temps
L’orificie pour une prière muette.
L’interstice entre moi et le moi absent
s’adosse à l’huis
Et sécrète la consonance brûlante appelée à délimiter
Les feux de l’entre soi.
Lui ?
L’issue vers le soi.
Badia Benjelloun