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260327 mai 2017 – Ce n’est pas si loin et pourtant cela paraît d’une autre époque, tant le temps se contracte et file à quelle vitesse, et l’Histoire avec ses avatars qui nous file entre les doigts comme du sable emporté par une affreuse et horrible tempête. C’est simple, cela date du 2 février 2017 et, alors, cela fut dit mais personne n’y crut vraiment et chacun au fond de soi était persuadé que cela ne serait qu’un emportement de passage.
...Enfin, je dis aussitôt de quoi il s’agit pour faire cesser ce suspens insupportable, qui est une déclaration d’un nommé Donald Tusk, dont j’espère ne rien vous apprendre en vous révélant qu’il est le président du Conseil Européen. Voici une citation du texte référencé où cet improbable personnage pourtant mis à une fonction prestigieuse semblait s’être laissé aller, dans un instant d’exaltation, à une déclaration absolument folle, – affirmer clairement et sans aucune réserve que les USA, au même titre que la Russie ou Daesh, ou la Chine si vous voulez, représente une “menace” pour l’Union européenne...
« Enfin une voix s’éleva, ou plutôt une plume, celle du président non-élu de l’Union Européenne (UE), le Polonais Donald Tusk. (“Non-élu”, par conséquent le plus complètement légitime pour parler en tant que créature du Système, Euro-Zombies, etc.) Tusk envoie une lettre à tous ses compères, dirigeants au plus haut niveau des 27 pays-membres de l’UE, avant leur réunion commune à Malte. Tusk écrit enfin les mots-sacrilèges, ceux qu’il était impensable de voir briller sous une plume européenne de bonne réputation-Système : la mise en évidence que les USA sont quasiment autant une “menace” pour l’UE que la Russie, la Chine et ISIS (Daesh pour les Français, le texte-Tusk n’étant qu’en anglais). »
Je vous rassure, je nous rassure, cette déclaration fut prestement incinérée, enterrée, oubliée. On ne prit aucune mesure contre Tusk parce que, agir ainsi c’eût été reconnaître que la chose avait été dite et que, pire encore, elle n’avait pas trop choqué ses compères, comme s’ils pensaient comme lui. Les événements poursuivirent leur charge. Lorsque The-Donald éjacula (selon l’image élégante d’un présentateur d’une TV de la presseSystème US au comble de l’extase) une soixantaine de missiles de croisière contre une base syrienne quasiment abandonnée sauf par quelques civils qui furent liquidés presto type-collatéral, on se rassura. Enfin, celui qu’on avait décrit comme un monstre et un épouvantable Hitler-postmoderne se conduisait en homme civilisé, en type bien, en humaniste humanitariste, en dirigeant-Système conforme, la fleur au missile et parlant avec tant de tendresse des “little babies of God” gazés c’est sûr, pas besoin de preuves, par le méchant Assad. En vérité, on pouvait donc l’assurer désormais, Tusk n’avait rien dit et tous se réjouissaient déjà de leur prochaine rencontre de ce POTUS rien moins qu’original. (Fin mai, plusieurs fiestas étaient annoncées, OTAN, UE, G7, que du beau monde.)
Tout se poursuivit donc, et l’on ne fit plus trop attention à la poursuite des frasques et autre “flip-flop” de l’homme-téléréalité. C’était plus prudent parce que, en vérité je vous le dis, plus personne n’y comprend plus rien à cette guerre civile de Washington D.C., entre The-Donald, les tweets, Russiagate, la presseSystème qui fulmine, les FakeNews et la postvérité, les carnets de note de Comey, McCain jonglant avec la possibilité d’une destitution (bon titre pour Houellebecq) ; parce que, en vérité je vous le répète, si l’on s’y était intéressé, à Bruxelles, peut-être bien qu’on se serait douté de quelque chose...
Vinrent enfin ces trois derniers jours, les fameuses fiestas annoncées plus haut... Ce fut horrible, un véritable carnage. Les attitudes, les comportements, les déclarations péremptoires voire insultantes, et d’ailleurs tous derrière Trump dans le même tempo, y compris ces généraux (McMaster, Mattis) qu’on croyait mis à leur poste pour le surveiller, tous se comportèrent en épouvantables faux-frères, partenaires devenus adversaires, véritable menace pour l’UE, avec Trump menant la charge. Ainsi découvrirent-ils que Tusk, dans cet écrit incroyable que j’ai cité plus haut, n’avait rien fait d’autre qu’œuvre de prémonition.
C’est un choc... Que dis-je, c’est un choc ! C’est un séisme ! Une catastrophe transatlantique ! A coup d’images arrangées, de mots presque grossiers, d’échanges sans aménités, de regards méprisants, de calculs d’épicier, c’est plus d’un demi-siècle de chaleureuse servilité transatlantique qui se désintègre. Je crois bien que cette fin du mois de mai 2017 devra être inscrite dans le marbre du désordre cosmique qui s’est emparé du monde pour nous annoncer que le cœur de la crise se trouve bien là, au cœur de cet arrangement qui les arrangeait tous, maîtres et serviteurs, que tous ils croyaient être l’arrangement bien tempéré entre maîtres et serviteurs d’une civilisation du rien et sans fin.
On ne vous en parlera pas trop parce qu’on veut vous ménager, vous qui avaient déjà essuyé tant de tempêtes d’incertitudes et de craintes durant ces derniers mois. Mais je vous l’assure : Trump, ce cauchemar, ce rêve confisqué, ce briseur d’American Dream dont on croyait qu’il serait prestement éliminé, Trump est plus que jamais cette catastrophe ambulante de l’éléphant furieux dans le magasin des porcelaines si précieuses de nos illusions postmodernes. Ce va-nu-pied, ce nouveau-riche, ce bouffon grotesque, cet accident de la nature qui accumule catastrophe sur catastrophe, ce Trump est bien celui que nous annonçait l’innocent Donald Tusk : le détonateur irresponsable, le démiurge inconscient qui brise l’ordre du bloc-BAO, qui éparpille et désintègres comme ferait une catastrophe venue des abysses tout ce désordre entropique si bien rangé et que nous vénérions tous.
Peut-être approchons-nous à pas de loup, mais tout de même assez bruyants, du nœud gordien.