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424Il apparaît de plus en plus, au fil des semaines, au fil des révélations, que l’affaire BAE (désormais, plus que l’affaire, ou le scandale BAE-Yamamah, expression décidément trop restrictive) est quelque chose de colossal, un artefact postmoderne représentant un montage du système anglo-saxon (saoudien) pour permettre des activités fondamentales où la corruption a sa part, mais qui n’est pas essentielle en tant que telle. Ceux qui, dans le bon esprit des rédactions parisiennes à qui on ne la fait pas, ramènent la chose au jugement émollient et faussement audacieux habituel (“dans ces activités de l’armement, la corruption est inévitable”) se trompent dans la substance même de cette chose. L’affaire BAE a vraiment une dimension globale. Elle embrasse et révèle le système USA-UK-Arabie, ou bien le système anglo-saxon/Moyen-Orient, ou bien le système armements-pétrole-$milliards, — bref, le système dans tous ses arcanes et dans toutes ses dérives, le système qui a construit une montagne de mécanismes illégaux pour passer sans encombres la montagne de moralisme d’apparence que ses règles ont édifiée pour l’édification du bon peuple.
Pour mieux en connaître, il est bon de lire deux articles de Jeffrey Steinberg récemment publiés dans EIR (Executive Intelligence Review, hebdomadaire du groupe LaRouche), respectivement les 22 et 29 juin. La perspective et les informations nous paraissent de bonne qualité, au moins autant qu’un article du New York Times, du Financial Times ou du Monde, — et même plus si l’on en juge par la propension de ces journaux de référence à propager sans l’ombre d’une appréciation critique les mensonges et les impostures des pouvoirs officiels.
Steinberg cite notamment et longuement l’auteur britannique William Simpson, auteur d’un livre, dit de “biographie autorisée”, publié en 2006, sur prince Bandar : The Prince—The Secret Story of the World's Most Intriguing Royal. Prince Bandar, personnage controversé, étrange, cynique et flamboyant, type même du manipulateur politique déguisé en prince de la JetSet, ou l’inverse qui sait, l’homme qui est au centre et au cœur de l’affaire BAE, qui nous parle d’avions de combat, de $milliards, de pétrole off-shore, du 10 Downing Street et ainsi de suite. A son tour, Simpson cite Tony Edwards, qui fut en son temps le directeur de la Defence Export Sales Organization (DESO), l’organisation du MoD britannique administrant notamment les contrats Yamamah.
Nous nous attachons ici à un passage de l’article du 29 juin qui a l’intérêt d’aborder les cas où les activités de toutes ces choses contreviennent aux lois US et au Congrès. L’appréciation est essentielle dans la perspective de l’ouverture de l’enquête du DoJ et de l’éventuelle hargne du Congrès contre BAE. Cela permet de mieux documenter le F&C du jour, qui concerne effectivement cet aspect de l’affaire BAE.
«But beyond the increase in the British portion of the global arms business, DESO also aimed to secure British control over the entirety of the Western arms business, through off-balance-sheet arrangements that would be impossible to pull off under American law. Simpson revealed that, under Al-Yamamah, American and other foreign firms were also allowed to cash in on the deal:
»“The Al-Yamamah deal Mrs. Thatcher negotiated placed British Aerospace as the prime contractor for the provision of any other military equipment purchased for Saudi Arabia. ‘By supporting not just the British aircraft but the American aircraft too,’ said Edwards, ‘Al-Yamamah was an integral part of supporting the Saudi Air Force in total.’ He stressed that DESO and British Aerospace have thus ended up supporting all Saudi aircraft — the Peace Shield program — all funded through Al-Yamamah. Edwards concluded, ‘In other words, the value of this stream of income and what it is used for has drifted a little bit over the years into things other than it was originally destined for.’
»“In effect,” Simpson admitted, “Al-Yamamah would become a backdoor method of covertly buying U.S. arms for the kingdom; military hardware purchases that would not be visible to Congress. It specifically had been structured to provide an unparalleled degree of flexibility whereby the Saudis could purchase military equipment under the imprimatur of DESO and British Aerospace.”
»Simpson, who wrote The Prince as virtually a ghost autobiography of the enigmatic Saudi diplomat Prince Bandar, acknowledged that the sheer magnitude of the oil-for-jets deal raised serious questions of corruption.
»“The ingenious diversity of Al-Yamamah,” he wrote, “together with the British government's discretion and liberal approach to a unique finance deal, largely founded on the undisputed collateral of the huge Saudi oil reserves, could explain the financial black holes assumed by a suspicious media to be evidence of commissions.”
»But, Simpson explained, “Although Al-Yamamah constitutes a highly unconventional way of doing business, its lucrative spin-offs are the by-products of a wholly political objective: a Saudi political objective and a British political objective. Al-Yamamah is, first and foremost, a political contract. Negotiated at the height of the Cold War, its unique structure has enabled the Saudis to purchase weapons from around the globe to fund the fight against Communism. Al-Yamamah money can be found in the clandestine purchase of Russian ordnance used in the expulsion of Qadaffi's troops from Chad. It can also be traced to arms bought from Egypt and other countries, and sent to the Mujahideen in Afghanistan fighting the Soviet occupying forces.”
»“Arguably,'' Simpson admitted, “its consummate flexibility is needed because of inevitable opposition to Saudi arms purchases in Congress.... The oil barter arrangement circumvented such bureaucracy.”»
Mis en ligne le 8 juillet 2007 à 12H45