Pour des experts israéliens, on peut vivre avec un Iran nucléaire

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La question nucléaire iranienne tendrait désormais à être considérée d’une façon plus relative, y compris en Israël. Venant accidentellement en appui de la récente intervention de Jacques Chirac, un rapport de l’Institut des Etudes de Sécurité Nationale de l’université de Tel Aviv vient d’être publié, qui examine les éventuels projets de l’Iran en matière de nucléaire selon la logique de la dissuasion. C’est le quotidien Haaretz du 5 février qui est cité ici. (Le rapport? «[A]uthored by Ephraim Kam and a team of researchers at the Institute for National Security Studies at Tel Aviv University, [It] will be presented at a conference on Wednesday on Iran's nuclear program, its implications and options for dealing with it.»)

Le rapport passe en revue les politiques iraniennes possibles. Il examine les thèses opérationnelles habituelles, notamment les possibilités d’une attaque contre l’Iran pour détruire ses infrastructures de développement du nucléaire. Il est peu encourageant. («[T]his is a very problematic and complex operation that involves many risks including an open-ended Iranian response. Moreover, a military operation is not guaranteed. At this stage the political conditions are also not ripe for an operation, so long as the diplomatic efforts continue»).

Le rapport sacrifie aux appréciations maximalistes idéologiques habituelles, courantes dans les milieux israéliens de sécurité nationale : «The report also notes that a nuclear-armed Iran has serious implications for Israel because “for the first time an enemy state will have the technical capability of striking a mortal blow against Israel, particularly in view of the Iranian regime's specific call for the destruction of Israel. In essence, this combination holds an existential threat for Israel.” »

La partie la plus intéressante concerne l’hypothèse d’un Iran devenant effectivement un pays avec une capacité nucléaire.

«However, the report states that own must assume that a nuclear Iran will act logically, rationally evaluating the price and risks involved in its actions, and will not act out of religious-ideological motives. If one make this assumption, then one appreciates that Iran's motives for acquiring nuclear weapons “are defensive, [and are to be used] against Iraq in the past and against the U.S. today.”

»Such an explanation can be added to its strategic goals of achieving regional hegemony and to bolster the domestic position of the Iranian regime.

» “It is reasonable to assume that also in the future Iran will opt to retain this type of weapons as a final card to use against extreme threats, and that the elimination of Israel is not considered to be an essential interest worthy of using such weapons.”

»The report also assumes that the likelihood that Iran will transfer nuclear arms to terrorist organization is minimal.

»For Israel, the study's advice is to bolster its means of deterrence. Among other measures, this includes making a clear and convincing message that if Israel is attacked by nuclear weapons, it will still retain a counter-strike capability “with severe consequences.” In addition, emphasis should be placed on the likelihood that a nuclear strike against Israel may fail because of the performance of the Arrow anti-ballistic missile system, which is one of the elements that are meant to ensure that Israel can mount a counter-strike if necessary.»

Il ne semble pas que ce rapport tranche catégoriquement la question du nucléaire iranien (Israël doit-il envisager de s’en accommoder ou doit-il tout faire pour tenter de le détruire?). Son orientation et ses développements vont néanmoins dans un sens significatif, indiquant qu’il est possible pour Israël de vivre avec un Iran nucléaire parce qu’alors les rapports sont régis par la logique de la dissuasion. C’est une mise en perspective très relativiste, voire ‘révisionniste’ diront certains, de la crise iranienne. Si ce n’est pas la première indication qu’Israël peut envisager une logique de dissuasion mutuelle avec l’Iran, le développement d’une telle hypothèse, dans la période actuelle, est très significatif.

La question est de savoir si les pouvoirs politiques vont envisager sérieusement cette situation. A partir du moment où l’on admet la possibilité de l’acceptation d’un Iran nucléaire, les options militaires radicales deviennent très dangereuses, voire absurdes. Puisque la logique de la dissuasion est acceptée, pourquoi la compromettre par avance par une tension et des menaces dont on sait qu’elles ont très peu de chances, si elles en ont, de résoudre le problème? Mais certes, spéculer de cette façon implique qu’on use de la raison pour le faire. Il n’est pas assuré que ce soit le cas dans les débats politiques très fortement idéologisés en cours en Israël et aux USA.


Mis en ligne le 6 février 2007 à 23H04