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999On attendait le discours de Ron Paul devant la conférence annuelle des conservateurs US (CPAC, Conservative Political Action Conference). L’année dernière, il y avait déjà fait un triomphe ; cette année, il fait sensation, parce que son discours est effectivement à la hauteur des événements qui balaient les USA et aussi le reste du monde (l’Egypte, actuellement).
RAW Story, ce site de la gauche progressiste qui, désormais, parle de Ron Paul, le libertariens d’extrême droite comme l’un des siens, rapporte l’intervention de Paul devant le CPAC, ce 11 février 2011. Le texte commence par cette interrogation à la fois énigmatique et évidente : “Se prépare-t-il pour la candidature au Sénat ? Signale-t-il qu’il va être candidat à la présidence ? Ou bien fait-il allusion à quelque chose de bien plus profond dans le climat politique actuel aux USA
Voici les extraits du texte concernant l’intervention de Paul.
«“Tragically, you're going to have the opportunity [to not ask the federal government for anything], because government is in the process of failing, and they can't deliver on the goods, just as the Soviets couldn't deliver the goods and maintain their own power,” he said during the Conservative Political Action Conference.
»Rep. Paul continued, ”We will have those same problems domestically. We face serious economic problems as this dollar crisis evolves.” […]
»“I'm glad to see that the revolution is continuing,” he said, adding, “We don't need to just change political parties. We need to change our philosophy about what this country is all about.”
»Paul drew thunderous applause for bashing his favorite targets: the Patriot Act, US aid to foreign nations, and US military bases overseas. After his call for the Federal Reserve banking system to be audited, the crowd chanted, “End the Fed! End the Fed!”
»Paul became the chair of the House financial services subcommittee on Domestic Monetary Policy and Technology after Republicans retook the House last fall. He held his first meeting on the Federal Reserve this week. “The Federal Reserve will end itself,” he added. “They have eliminated 98 percent of value of the 1913 dollar, and it's continued erosion.”
»Paul used the newly-extended Patriot Act as a sign that grassroots activists were pulling the grip on power away from Washington. “We didn't get a majority vote, but they didn't pass it automatically with a 2/3rds majority vote, sending a message that this country is waking up,” he said. “We want to protect our civil liberties as well as our economic liberties.”
»Paul, who was the only Republican to bring up the situation in Egypt at the conference, blamed US foreign aid to other countries for the instability in the United States, and he warned that the revolutionary spirit against US-backed dictators sweeping the Middle East would soon envelop Saudi Arabia. “All of the Middle East is unstable because of this [foreign aid],” he said. Paul continued, “Now it's Tunisia. Next it's Egypt. And it's going to keep going because all the problems are there because the people don't like us propping up their dictators, no more than we would like it if a foreign country came here to prop up a dictator in our country.”»
L’homme n’a pas froid aux yeux. Il a le courage de ceux qui voient les événements du monde, déchaînés malgré les directions politiques et contre elles, ou au dessus d’elles, et donc devenus eschatologiques, confirmer chaque jour la perception qu’il a de la crise générale du monde. Que Paul soit le seul à avoir parlé de l’Egypte et avoir fait le lien évident avec la politique de sécurité nationale des USA, – c’est-à-dire, la dynamique déstructurante du Système déchaîné, – est une bonne mesure de sa propre qualité et, par contraste pathétique, de l’extraordinaire médiocrité, de la pauvreté d’âme du reste (les autres orateurs, les autres politiciens, idéologues enivrés et politiciens corrompus psychologiquement autant que vénalement). Face à Ron Paul, “le reste” sombre et disparaît dans la médiocrité grisâtre d’un discours incantatoire et démagogique d’un temps absolument dépassé, voire balayé.
Surtout, Ron Paul a avancé la comparaison, à la fois symbolique et réaliste : le gouvernement fédéral US est dans une situation équivalente à celle du gouvernement soviétique sur la fin («…just as the Soviets couldn't deliver the goods and maintain their own power»). Par conséquent, l’équivalence USA-2011 et URSS-1989 a toute sa raison d’être, – et Ron Paul introduit dans le discours politique US, dans le climat de la direction politique, puisque lui-même s’y trouve en tant que parlementaire éminent et influent, cette équivalence suprême USA-URSS, – à la fois suprême sacrilège et suprême vérité de la situation du monde. Effectivement, le vieil homme les précède tous dans la réalisation de la vérité de la crise du monde, il caracole dans un autre univers qui est celui du refus de la mystification que nous impose le Système. C’est une étrange ironie et une ironie jubilatoire que le seul homme qui ait une vision aujourd’hui dans la direction politique US ait 75 ans et fasse du “jeunisme” qu’entretient le “parti des salonnards” selon les consignes du Système une vieillerie complètement obsolète et désormais dérisoire, pathétique. (Comparez donc la lucidité audacieuse de Paul avec la pensée paralysée, ossifiée, dépassée, sénile, des “jeunes” Sarkozy, Cameron, voire Obama.)
Les événements vont vite. Ils sont complètement iconoclastes pour nos commentateurs appointés de la presse-Pravda, à cause de ce qu’ils sont et parce qu’ils confirment le caractère “maistrien” de cette époque. Les directions politiques, avec ces dirigeants à l’esprit stérile et à l’âme pauvre, sont chaque jour balayées par la puissance des événements. Un discours comme celui de Ron Paul devant le CPAC fait sentir cela et fait songer irrésistiblement que cet homme, dans les conditions où il se trouve, pourrait bien devoir s’incliner devant la force d’attraction des événements pour jouer un rôle fondamental. Même si, en bons serviteurs du Système, les stratèges républicains et autres statisticiens politiques s’abstiennent naturellement de compter Ron Paul parmi les candidats potentiels pour 2012, il devient de plus en plus concevable que les événements en décideront autrement. (Ne serait-ce pas une suprême ironie, une de plus, si Ron Paul devenait cet “American Gorbatchev” que BHO n’a pas pu ni surtout voulu et su être, et dont Tom Engelhardt se lamentait de ne pas le voir “à l’horizon” de USA-2011, au contraire de URSS-1989 ? Dans ce cas, il contribuerait décisivement non seulement à la déstructuration finale du système de l’américanisme, comme Gorbatchev avait fait du système soviétique, mais à celle du Système tout court.)
Mis en ligne le 12 février 2011 à 06H14
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