Pourquoi la guerre ?

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De façon assez curieuse et caractéristique de notre situation, la question de la cause de la guerre en Irak semble toujours posée et ouverte, elle semble apparaître comme un mystère persistant, une polémique incomplètement conduite à son terme. Les arguments continuent à s’échanger (pétrole, rancœur contre Saddam, certains croient même encore aux fictions des arguments officiels : Saddam était une menace, il avait des liens avec les terroristes). Pourtant, cette cause, — car il y en a une, et elle est centrale, principale même si d’autres arguments se rajoutent, de toutes les façons fondamentale, — cette cause est connue et elle était nettement exprimée dans l’année, dans les mois qui précédèrent le conflit, après l’attaque du 11 septembre 2001.

Un livre récent le rappelle et l’explique : Cobra II: The Inside Story of the Invasion and Occupation of Iraq, de Michael Gordon (journaliste au New York Times) et Bernard Trainor (ancien lieutenant général du Marine Corps). (Les deux hommes sont déjà les auteurs de General’s War, livre sur la première guerre du Golfe). Dans The London Review of Books du 8 juin, notre ami Andrew Bacevitch fait une critique du livre sous le titre évocateur de « Why read Clausewitz when Shock and Awe can make a clean sweep of things? ». (Nous avons déjà rencontré Bacevitch, le 23 mai notamment, où certaines des explications qu'il donne complètent les idées qu'il rapporte ici.) Il s’agit bien de montrer que l’instrument (les forces armées des Etats-Unis) avait également joué le rôle d’outil apprécié comme d’une puissance telle qu’il tint également le rôle d’un renforcement de la thèse inspirant l’action qui fut appliquée en Irak, — car il s’agit bien d’une thèse, d’un “complot”, d’un “Grand Design”, etc.

Analysant Cobra II, Bacevitch nous rappelle ce qui fut souvent exprimé plus ou moins clairement avant la guerre, qui fut dilué sous les coups de la spéculation et de la propagande, qui reste complètement fondamental et qui apparaît comme très largement documenté dans ce livre. A cette lumière, on comprend quel désastre aux proportions inimaginables constitue, pour les architectes de la chose, l’actuelle situation en Irak.

« One point above all stands out: the rationale for the war had next to nothing to do with the threat posed by Saddam Hussein. Weapons of mass destruction offered little more than a convenient pretext for a war conjured up to serve a multiplicity of ends. Neither the Baath Party regime nor the Iraqi army, crippled by defeat and well over a decade of sanctions, threatened anyone other than the Iraqi people. The hawks in the Bush administration understood this quite well. They hankered to invade Iraq not because Saddam was strong and dangerous but because he was weak and vulnerable, not because he was implicated in 9/11 but because he looked like an easy mark.

» For the war’s architects, “Iraq was not a danger to avoid but a strategic opportunity,” less a destination than a point of departure. In their eyes, 2003 was not 1945, but 1939: not a climax but the opening gambit of a vast enterprise largely hidden from public view. Allusions to Saddam as a new Hitler notwithstanding, they did not see Baghdad as Berlin but as Warsaw – a preliminary objective. For the war’s most determined proponents – Cheney, Rumsfeld and Wolfowitz – toppling Saddam was the first phase of what was expected to be a long campaign. In Iraq they intended to set precedents, thereby facilitating other actions to follow. Although Bush portrayed himself as a reluctant warrior for whom armed conflict was a last resort, key members of his administration were determined that nothing should get in the way of a showdown with Saddam. “In crafting a strategy for Iraq,” the undersecretary of defense Douglas Feith insisted to one baffled US general, “we cannot accept surrender.” The object of the exercise was to demolish constraints on the subsequent employment of American power. Merely promulgating a doctrine of preventive war would not be enough: it was imperative actually to implement that doctrine. »


Mis en ligne le 8 juin 2006 à 05H13