Pourquoi les minorités jouent le jeu du système

Les Carnets de Nicolas Bonnal

   Forum

Il y a 2 commentaires associés à cet article. Vous pouvez les consulter et réagir à votre tour.

   Imprimer

 1844

Pourquoi les minorités jouent le jeu du système

92% des noirs ont voté Clinton ; 92% des musulmans ont voté pour Hollande en 2012 au deuxième tour. C’est même grâce à eux qu’il est passé... La question est : pourquoi ces minorités brimées (victimes du racisme, du sentiment d’insécurité, de la misère sociale…) votent comme les barons de Wall Street, les stars hollywoodiennes et les émirs du Qatar ? Pourquoi les minorités jouent le jeu du Soros (le cercueil, en grec ancien) et des milliardaires ?

Il faut comprendre ici que ce n’est pas la gauche contre la droite (les musulmans, de gauche ?), ni le « choc des civilisations » à la noix (où sont passées nos civilisations ? Enfin !), mais le système contre toute société.

Emmanuel Todd a récemment évoqué à propos des élections US un mercenariat électoral pour les démocrates. C’est très bien dit, maître, c’est même courageux de votre part. Il aurait pu ajouter (il n’aime faire les choses qu’à moitié, mais ne le décourageons pas) que la même attitude prévaut en France. Todd hurle après les cathos zombie qui font de sales coups aux musulmans, il oublie de rajouter que ces musulmans votent comme un seul homme pour le PS qui tue ou déplace un million de musulmans en Libye et ailleurs (on ne parlera pas de Juppé). Le PS se maintient et retournera aux affaires en faisant voter ses minorités, dût-il pour cela comme Obama/Hillary remplir la France de minorités et de réfugiés.

Le mercenariat électoral veut dire ce qu’il veut dire : on achète les votes avec de prodigieux déficits, on entretient une culture paranoïaque (tout le monde vous hait, tout le monde veut vous gazer), aussi bien en France qu’en Amérique, et on rentabilise cette clientèle le jour des élections en sachant que le petit blanc complexé hésitera toujours : le Fillon-Trump est décrété nazi, fasciste, homophobe, nazi, antisémite, antisocial, macho, nazi, donc comment osez-vous ? Plus très sûr de lui, le petit blanc hésite, surtout le jeune qui a été bien abruti et essoré par son éducation internationale, et cela donne les votes roses en attendant les révolutions orange.

Comment en est-on arrivé-là ?

L’explication est simple : il y a le système moderne ou postmoderne, la machine de Cochin ou d’Ostrogorski (un juif russe qui a vu la merde arriver en Amérique) qui veut du vote, du quantitatif, et qui veut fonctionner. Il y a de l’autre la société plus ou moins traditionnelle, plus ou moins conservatrice, et qui doit être diabolisée et remplacée.

Cochin écrit dans sa magistrale étude sur les sociétés de pensée :

« L'individualisme sape la famille comme les autres édifices sociaux. La cité de rêve ne sera faite que d'atomes humains directement agglomérés.

 Cet individualisme est l'œuvre propre de la Révolution, de l'esprit jacobin, car le reste se serait fait comme ailleurs sans eux. D'eux, cette rage d'« affranchir » que nous voyons sévir aujourd'hui, et d'affranchir les gens contre leur volonté ; cette rage aussi d'égalitarisme ennemi de toute élite et cette fièvre de nivellement rêvant pour tous le même programme d'instruction, d'éducation et de fonction, tous étant décrétés également capables. »

Je précise que pour moi le néo-FN ne vaut pas mieux que le PS. Il est clientéliste et se moque de la famille.

Cochin d’enfoncer le clou :

« C'est l'individualisme révolutionnaire qui est, on le voit, la première condition du bon fonctionnement des rouages de la machine. Destruction de tout organisme politique, corps d'Etat et corps professionnels, destruction de toute foi, de toute idée commune, de tout esprit de corps et surtout de l'idéal religieux ».

Comme a dit Houellebecq, l’individu doit être nu devant le marché. Idem pour le corps électoral. Pour recréer l’homme nu, le citoyen dont rêve un délirant comme le V.Peillon dans son opus sur la Révolution, il faut mettre à bas tout l’organisme. C’est le système : tu seras robot, consommateur, citoyen programmé, électeur de Juppé ou démocrate. Et la minorité doit servir à détruire la société d’avant formé de blancs, de chrétiens ou d’arabes, qu’importe. O détruira cette société, on l’affolera par les tsunamis ou les attentats, comme le dit Naomi Klein.

La minorité c’est ce qui doit être affranchi ; comme ces marchés qui doivent être dérèglementés. La minorité dépendante des assistantes sociales c’est l’atome idéal, comme la mère célibataire qui votera anti-macho. Le marché n’agit pas autrement. Ils sont deux alliés objectifs, comme on disait dans ma jeunesse, et ils iront jusqu’au bout de leur valse, comme le Joker et sa dernière conquête.

Ceci dit, les traîtres ou les amis sont partout. Surtout pas de racisme ou de délire identitaire. Nous sommes dans la partie d’échecs du prisonnier : les pièces n’ont pas de couleur, on les reconnaît à leur mouvement (épisode Checkmate).

« Nous sommes les pions de la mystérieuse partie d’échecs »

 

Bibliographie

Cochin – La libre-pensée et la révolution

Klein – La thérapie de choc

Ostrogorski – Democracy and the organization of political parties