Précision de la menace financière contre les USA enfantée par la crise

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Il est de plus en plus manifeste que le rapport annuel des services de renseignement présenté par l’amiral Blair le 12 février dernier (nous en avons parlé les 13 février, 14 février et 16 février) a soulevé une importante question de sécurité nationale à Washington; ou, dirions-nous plutôt, le rapport a servi de révélateur à une perception sous-jacente, évidemment née avec la crise économique.

Associated Press publie une analyse là-dessus, ce 26 février, mettant en évidence ce phénomène. La question de la “sécurité économique”, avec son annexe de la “sécurité financière”, était jusqu’ici perçue en termes policiers et militaires, face à une menace du même type caractérisée par la violence, – notamment, la sempiternelle menace terroriste, sous la forme violente qu’on lui connaît. Ainsi craignait-on une attaque d’Al Qaïda sous forme d’attentat contre Wall Street. Désormais, les descriptions de la “menace financière” sont directement d’ordre financier, cette “menace” consécutive à la crise et permise par la fragilité financière américaniste créée par la crise; même si l’étiquette “terrorisme” est brandie, cela n’a plus rien de commun avec ce que cette menace représentait jusqu'alors. Le texte d’AP cite un expert de ce domaine: «“We have set the stage for a catastrophe,” said James Rickards, a financial consultant at the research firm Omnis Inc. of McLean, Va., who provides security research for the Pentagon and others in the intelligence field.».

Un peu plus loin, une de ces hypothèses d'une “menace financière” est détaillée.

«If terrorists or countries wanted to send U.S. financial markets into a tailspin, they would not need an explosion. Several financial doomsday scenarios have circulated in intelligence and financial circles. One goes like this: A foreign government or a terrorist group with substantial financial backing sets up several overseas hedge funds. Acting together, they dump U.S. stocks, perhaps by short-selling a major financial index or by targeting key U.S. companies. The attack begins slowly, picking up speed over several hours as it creates panic and confusion in the market.

»The U.S. is more susceptible to such an attack today, analysts say, because Wall Street is so shaky. For instance, after the 2001 terrorist attacks, the government pumped money into the banking system to bolster the economy. Doing so again wouldn't be as easy. The government has already spent trillions on bank bailouts and short-term lending to try to prop up banks, with mixed results. “Now, if the stock market crashes, banks are not going to be in a position to jump in. We're on our own,” Rickards said.

»To pay for the bailout and stimulus plans, the government must issue bonds, many of which will be bought by China and other countries. Beijing could use those bonds as a weapon. Selling them in bulk would send U.S. interest rates rising, providing a new drag on the economy. Such a move could backfire on China because the economies of the two countries are closely tied. But U.S. officials have expressed fear about the threat. In January 2008, the Congressional Research Service said the best way for the government to allay those fears would be to stop spending so much and start saving more.»

Le voyage d’Hillary Clinton, avec la secrétaire d’Etat priant Pékin de continuer à acheter des bons du trésor US, est perçu selon cette logique; puisqu'il y a “menace financière” contre les USA, il est normal que la secrétaire d'Etat soulève la question. La référence à l’amiral Dennis Blair et à son rapport est évidemment présente. Les préoccupations de sécurité nationale doivent changer de forme, estime l’article dans son sens général, sous la houlette inspiratrice d’un ancien sous-secrétaire au département de la sécurité intérieure, George Foresman, qui s’est heureusement reconverti dans le réseau plantureux des consultants, dans ce cas pour des firmes financières. «“The national security community is awakening to a new era,” Foresman said. “They can't be overly focused on the Middle East at the expense of the rest of the world. And they can't be overly focused on the military at the expense of the global economy.”»

Là encore, avec le voyage d’Hillary Clinton comme indication précise de cette évolution, il s’agit d’une évolution vers le repli, vers la défensive, à la lumière et avec les effets de la crise sur la puissance US. La “menace financière” contre les USA prend cette forme parce que la puissance financière des USA a été formidablmement affaiblie; comme, d'autre part, la psychologie américaniste ne perçoit les relations en général que sous la forme de rapports de force, les rapports financiers sont par conséquent l'illustration d'un affaiblissement fondamental


Mis en ligne le 26 février 2009 à 12H31