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662A l’approche du discours du président palestinien devant l’ONU, nous avons renoncé à écrire un peu comme on retient son souffle. L’instant était historique à mains égards, alors nous avons mis le téléphone en mode « silence » et suivi le discours du raïs en direct sur euronews.
Un discours limpide et fort, poignant et retenu à la fois, au point que nous aurions voulu y déverser quelques hectolitres de vitriol à l’adresse des bouchers de Gaza, tout en sachant que cela aurait été une erreur, que ce n’était ni le lieu ni le moment, et que la prestation d’Abbas s’avérait à ce titre sans fausses notes.
De manière fort démocrate, nous nous sommes donc réjouis à l’unisson avec une grande partie du peuple de Palestine occupée, alors même que nous doutons fortement de la pertinence et de la viabilité d’une solution à deux Etats (celui de l’occupant sur près de 80% de la patrie historique des Palestiniens, et celui des oppressés sur les lambeaux d’un bantoustan éclaté et constellé de colonies).
Mais le premier intérêt de la démarche du raïs était de faire tomber les masques, de forcer les vertueux protagonistes du cauchemar palestinien à se positionner publiquement soit du côté de la justice et du droit, soit du côté de l’oppresseur.
A ce titre déjà, le jeu en valait donc clairement la chandelle par son potentiel explosif. Car si l’initiative palestinienne devait finalement tourner court à la faveur d’un veto US où d’autres manœuvres plus sournoises, c'est-à-dire si la fameuse « communauté internationale » – le bloc occidental et sa poignée de zélateurs – devait enterrer la demande palestinienne, nous nous retrouverions alors dans la situation d’un ONU qui a imposé la création de l’Etat d’Israël sur une Terre où il y avait bel et bien un peuple ; qui s’est ensuite rendu complice de 60 ans d’épuration ethnique, de massacres de masse et d’apartheid, et qui refuse aujourd’hui de concéder au peuple martyr de Palestine l’établissement d’un Etat sur le lambeau de territoire qui lui reste.
Situation explosive donc, puisqu’elle devrait faire éclater au grand jour cette notion devenue si étrangère au Système : la vérité sur les intentions des uns et des autres, vérité qui entrerait alors en collision frontale avec la narrative droit-de-l’hommiste et vertueuse dudit Système.
C’est que depuis des décennies, la fameuse « communauté internationale » refuse d’agir sous couvert de la complexité de la situation. Or cette prétendue complexité est un leurre.
• En 1948, les Israéliens sont entrés dans la Maison Palestine armes à
la main.
• Ils ont chassés les Palestiniens de toutes les chambres, les ont occupées, ont changé l’adresse du lieu et parqué ses propriétaires dans la plus petite pièce.
• Depuis, ils resserrent les murs de cette pièce à coups de bulldozer, en contrôlent l’arrivée d’eau et de nourriture, affament régulièrement ses occupants, les harcèlent ou les tuent, les empêchent de sortir, et tentent de «négocier» leur déménagement à la cave, ce qu’ils appellent «processus de paix».
Voilà pour la réalité de la situation.
La seule complexité des choses vient de la nature de l’agresseur, de la culpabilité, scientifiquement entretenue, liée à son histoire, et de la complicité du bloc occidental qui considère cet agresseur-là comme un allié, sorte de bunker occidentaliste planté sur le rivage pétrolifère arabo-musulman.
Sauf que la situation a considérablement évolué ces dernières années.
Comme nous ne cessons de l’observer, l’hyper-puissance américaine, matrice du Système que nous décrions tant, est en phase d’effondrement (la simple incapacité de Washington à empêcher la démarche palestinienne est un en soi un formidable aveu d’impuissance). Or il est clair que l’Empire entrainera dans sa chute ses alliés les plus dévoués ou les plus dépendants.
L’obligation qui lui sera faite, par la demande d’Abbas, de tomber le masque et de se positionner peut-être officiellement contre la Palestine, ruinera le peu de crédibilité qui lui reste dans ce monde arabe que Glamour-Obama avait cru pouvoir berner avec de beaux discours. Sur fond de Printemps arabe, cette ruine-là sera un élément de plus qui accélérera le déclin US, donc celui du Système.
Aveuglée par l’hystérie sioniste, Israël ne semble pas du tout mesurer le danger. Car la guerre perpétuelle dont elle s’accommode parfaitement aujourd’hui n’est viable que tant que le parrain américain reste au faîte de sa gloire et de sa puissance pour fournir le parapluie, les armes et les munitions nécessaires. Que ce soutien vienne à faire défaut, et la toute puissance de l’entité sioniste refluera rapidement.
Autre erreur majeure : la colonisation de la Cisjordanie. Là encore, l’hystérie sioniste rend de plus en plus improbable la solution à deux Etats qui, seule, peut pourtant garantir à long terme le caractère juif tant souhaité de l’entité sioniste. Et face à un bantoustan morcelé, sans continuité territoriale et constellé de colonies, la seule solution qui restera peut-être, enfin, à l’Autorité palestinienne, sera de réorienter sa lutte sur le modèle sud-africain avec, pour objectif final, un Etat binational.
Aujourd’hui, les menaces de veto et les gesticulations onanistes du Quartett montrent que les Etats-Unis et leurs zélateurs ont choisi le déni et la fuite en avant, dans une tentative désespérée de pratiquer la respiration artificielle sur le cadavre de leurs certitudes ou de leurs illusions.
De son côté, parano-Netayahou suit la même logique en annonçant la construction de 1'100 logements supplémentaires à Jérusalem-Est. US-raël reste donc enfermée dans sa bulle, celle du monde d’avant. Une bulle qui, à terme, ne peut que lui exploser à la figure.
L’hiver us-raélien pointe son nez.
Patience.
Pierre Vaudan
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