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1114Après avoir réalisé plusieurs extensions, notamment dans le domaine international, le scandale des surveillances et écoutes de la NSA (PRISM/NSA/Snowden) est en train de devenir un phénomène autonome, et une crise en soi s’insérant dans l’infrastructure crisique. Cette transmutation de l’événement est d’une réelle importance dans la mesure où ce scandale est né au cœur d’une des citadelles principales du Système (la NSA et le complexe de diverses forces et centres de pouvoir qui l’entoure) ; dans la mesure où le débat qu’il suscite affecte directement certaines institutions centrales du Système à Washington (notamment le Congrès US, outre bien sûr le gouvernement) ; dans la mesure où il se réverbère, comme on l’a indiqué, au niveau international dans diverses directions, et différents domaines transnationaux selon les normes de la globalisation, notamment par le biais de l’internet et des sociétés géantes qui y sont impliquées.
Cela signifie qu’une nouvelle crise est installée, qu’elle est désormais constitutive d’elle-même et autonome, ne nécessitant plus de sollicitations extérieures pour être relancée et peu sensible par conséquent aux tentatives d’étouffement, et même devant résister d'une façon active face aux contraintes extérieures pour continuer à exister. (D’autre part, bien entendu, les sollicitations extérieures dans le sens de la relance, notamment les révélations régulières de Snowden via Greendale et le Guardian, promises pour un très long terme, plusieurs mois, voire sur plus d’une à deux années, agiront effectivement en accentuant les capacités de relance et d’éruption conjoncturelle de la crise devenue infrastructurelle.)
• Un point intéressant, qui mesure l’état de défensive renforcée où se trouve le Système, est à trouver dans le fait qu’Obama et son équipe ont jugé nécessaire de consacrer une importante partie du discours de Berlin du président (voir aussi ce 20 juin 2013). Cédant à cette nécessité d’intervention dans un pays qui est présenté par le whistleblower Snowden comme le plus affecté par les intrusions de la NSA et de son programme PRISM, le discours d’Obama à Berlin est devenu un exercice de pure schizophrénie, développé à l’aide d’Emmanuel Kant lui-même… (Effectivement, l’on ne se dissimule pas d'avoir des lettres, à Washington. Selon nos “sources”, il nous paraîtrait après tout bien possible que la NSA lance une action PRISM pour localiser ce type, ce Kant, et le mettre sur écoute, surveiller ces e-mails qui sont paraît-il dans un langage très abscons qui semblerait un code indéchiffrable, – bref, on ne sait jamais.) Cette habileté culturelle a ouvert l’esprit de ses auditeurs à la formidable plaidoirie d’Obama pour la défense et la protection des libertés civiques, qu’on croirait venir, du moins dans sa première partie, de la part d’une personnalité qui entend ainsi protester contre le programme PRISM et s’attaquer à la NSA pour lui faire rendre gorge. Dans la partie suivante, Obama se transforme évidemment en plaideur et défenseur de PRISM. Bel exercice contorsionniste. (Guardian, le 19 juin 2013).
«After quoting Immanuel Kant on freedom and his belief “in open societies that respect that sanctity of the individual”, the president echoed calls he made during a recent speech in Washington for an ending of America's war on terror. “Threats to freedom don't merely come from the outside; they can come from within, from our own fears. For over a decade, America has been at war, but much has changed … no nation can maintain its freedom if it does not move beyond mindset of perpetual war.” The president called for tight controls on the “use of new technology like drones and balancing security with privacy” but said he was confident the US could strike the right balance.
»Obama also insisted that US surveillance programmes were aimed at “threats to security, not the communications of ordinary persons” and said “they keep people safe in Europe as well as the US”. But he acknowledged there were legitimate concerns over privacy and other hot-button issues such as drones and Guantánamo. We must listen to voices that disagree with us, and have a open debate about how we use our powers and remember that government exists to serve the power of individual not the other way around … that is what keeps us different to those on the other side of the wall. That's what keeps us true to our better history,” said Obama.»
• Russia Today a introduit un élément nouveau au niveau de la diffusion internet des grands médias dont il est l'un des fleurons, avec les éléments d’une interview, ce 19 juin 2013, d’un autre whistleblower de La NSA, Thomas Drake, qui travailla pour la NSA de 2001 à 2008. Drake donne divers détails qui alourdissent encore le poids de la charge contre les pratiques de surveillance et d’écoute de la NSA. Les détails permettent de conclure que PRISM est en service depuis immédiatement après l’attaque de septembre 2001, sur une échelle massive… Blake estime sans beaucoup de difficultés pour trouver des arguments, que PRISM et tout ce qui l’accompagne dépassent effectivement l’action de la Stasi en République Démocratique Allemande, durant la Guerre froide, et amène à une situation pire que celle décrite par Orwell dans son 1984.
«“The mass surveillance program was actually initiated in the deepest of secrecy shortly after 9/11,” he told RT. “In fact, there was a secret directive signed by President Bush during the first week of October of 2001, authorizing the NSA as the executive agent for the secret surveillance program to essentially turn the USA into the equivalent of a foreign nation for dragnet electronic surveillance. And it’s simply grown by leaps and bounds ever since. And it is now fully institutionalized and it’s on an industrial scale.”
»In Drake’s view, such practice breaks the social contract under the American constitution and is “a huge” betrayal of trust. “But for the sake of national security the government decided in secret that it needed to gain records on just about anything and anybody from anywhere they could,” he stated. “And they just feel compelled to own the net. And to own the net means you have to have access to everything. To me it’s the 21st century version of the motto of the east-German surveillance state under the Stasi which was “To know everything.”
»The former NSA official believes that “there’s certainly a slope that we are going down that doesn’t look very positive if you were to forecast or project [writer George] Orwell into the future.” Some have said, he pointed out “that we’ve actually exceeded Orwell’s [character of his book] Winston cowering in the corners to avoid the ever-present cameras recording his every movement during the day and night.”
»Drake recalled a “chilling” opinion that he heard from a couple who lives in Germany: “At least we know that we live in a post-Fascist society. You live in a pre-Fascist society and don’t know it,” he cited…»
• L’interview de Blake dans Russia Today symbolise une activité de communication importante de la station TV, et du système de la communication en Russie concernant l’affaire PRISM/NSA/Snowdon. De fait, la Russie développe largement son intérêt pour cette affaire, et ce n’est certainement pas les conditions qu’a pu constater Poutine de l’état d’esprit des dirigeants du bloc BAO, et spécifiquement de BHO, lors du sommet du G-8, qui vont freiner cette tendance. L’agitation à la Douma à cet égard ouvre une nouvelle perspective, qui est celle de diverses actions législatives légales motivées par PRISM/NSA/Snowden, éventuellement contre les différents acteurs du côté US, et notamment la NSA et le gouvernement US. Il apparaît d’abord que les parlementaires veulent que tous les équipements de soutien et de logistique des organismes officiels et stratégiques de la Russie sur l’internet soient libérés des contraintes et servitudes liées à des organismes et des sociétés US. La perte de confiance dans les organisations US, plus les Google, Yahoo !, etc., est un fait technologique et économique, et politique, d’une importance majeure. (Dans Russia Today, le 19 juin 2013.)
«The scandal over illegal data interception by US security services questions the correlation between the US and international law, and senior Russian officials are calling for an urgent update in Russian legislation in response. Russia will not ignore the actions of the US authorities who had admitted leaks of personal data of Russian citizens to which the US security services had access, the Foreign Ministry’s plenipotentiary for human rights, Konstantin Dolgov, said at a special meeting initiated by the Upper House of the Russian parliament. “The principle of observing the human rights is stated in all UN Security Council resolutions on countering terrorism without exceptions. There must be respect of the international law that is no less important than the fight against terrorism. We must analyze how the current American laws match the corresponding international norms, we have a number of doubts on this issue,” Dolgov said.
»The Russian diplomat said that the US administration’s actions should be checked for falling under the fourth amendment of the US Constitution. “The access to personal data by the US is being performed in a seemingly civilized way, but in a very roundabout way, many Human Rights groups have paid attention to this,” the plenipotentiary noted. […]
»A top official of the parliamentary majority party United Russia, Lower House vice speaker Sergey Zheleznyak also urged a detailed investigation into incidents in which US agencies collected personal data of Russian citizens. The MP ridiculed the US authorities for posing as a beacon of democracy while at the same time conducting constant eavesdropping and surveillance on millions of people, including citizens of the Russian Federation. “Americans remind us for cutting short the propaganda of sodomy among minors and at the same time they stick their noses into personal correspondence of tens of millions of citizens”, Zheleznyak said. “More than that, they are not ashamed of wire-tapping the heads of states who take part in international events,” he added, apparently hinting at the recent disclosure that in 2009 the US security services were intercepting the communications of then Russian President Dmitry Medvedev, while he was on a visit to the UK.
»Zheleznyak told the meeting that Russian laws should be urgently amended with an obligation to store all information of official bodies only on servers that physically are on the territory of the Russian Federation. The MP said that the Lower House could pass such bill, which he called “digital sovereignty”, in its Fall session. Finally, the parliamentarian urged other officials to give more support to Russia's own electronics industry and software sector. “We should produce our own electronic products instead of using someone else’s,” Zheleznyak noted.»
• Un article de Jakob Augstein paru la veille de la venue à Berlin d’Obama, le 17 juin 2013 sur Spiegel OnLine, juge très sévèrement l’activisme de surveillance et de contrôle de la nébuleuse NSA & Cie sur les pays européens, notamment l’Allemagne classée comme la plus affectée de ce point de vue. Le jugement, assez inhabituel de la part d’un commentateur allemand lorsqu’il s’agit des USA, est explicitement du type “avec des amis comme ça, nous n’avons pas besoin d’ennemis”. Là-dessus, Augstein constate qu’il n’y a rien à attendre du gouvernement allemand en fait de riposte, ce qui revient à constater, au-delà de l’allégeance habituelle de l’Allemagne aux USA, la complicité active et contrainte les unes par rapport aux autres des directions-Système du bloc BAO. Il n’empêche qu’Augstein, dans une Allemagne très proche dans l’esprit et les conceptions des milieux du PE, répercute une position extrêmement dure des parlementaires européens vis-à-vis de cette affaire ; d’où son appel, en fin d’article, à une action de la Commission européenne pour établir une législation de protection, – sorte de protectionnisme, si l’on veut, ce qui implique une belle dose d’ironie par les temps qui courent, – contre les firmes US de l’internet qui collaborent avec la NSA.
«On Tuesday, Barack Obama is coming to Germany. But who, really, will be visiting? He is the 44th president of the United States. He is the first African American to hold the office. He is an intelligent lawyer. And he is a Nobel Peace Prize laureate. But is he a friend? The revelations brought to us by IT expert Edward Snowden have made certain what paranoid computer geeks and left-wing conspiracy theorists have long claimed: that we are being watched. All the time and everywhere. And it is the Americans who are doing the watching.
»On Tuesday, the head of the largest and most all-encompassing surveillance system ever invented is coming for a visit. If Barack Obama is our friend, then we really don't need to be terribly worried about our enemies… […]
»German citizens should be able to expect that their government will protect them from spying by foreign governments. But the German interior minister says instead: “We are grateful for the excellent cooperation with US secret services.” Friedrich didn't even try to cover up his own incompetence on the surveillance issue. “Everything we know about it, we have learned from the media,” he said. The head of the country's domestic intelligence agency, Hans-Georg Maassen, was not any more enlightened. “I didn't know anything about it,” he said. And Justice Minister Sabine Leutheusser-Schnarrenberger was also apparently in the dark. “These reports are extremely unsettling,” she said. With all due respect: These are the people who are supposed to be protecting our rights? If it wasn't so frightening, it would be absurd… […]
»A simpler approach would be to just force American firms to respect European laws. The European Commission has the ability to do that. The draft for a new data privacy directive has already been presented. It just has to be implemented. Once that happens, American secret services might still be able to walk all over European law, but if US Internet giants like Google, Apple, Microsoft and Facebook want to continue making money off of a half-billion Europeans, then they will have to abide by our laws. Under the new law, companies caught passing on data in ways not permitted are forced to pay fines. You can be sure that these companies would in turn apply pressure to their own government. The proposal envisions setting that fine at 2 percent of a company's worldwide revenues. That's a lot of money – and also a language that America understands.»
• Pour poursuivre dans ce refgistre, on notera que nombre de dirigeants et d’experts de l’internet, impliquant de près ou de loin les firmes travaillant avec la NSA, sont désormais lancés dans des réflexions réformistes radicales concernant les structures de l’internet. Le jugement général est que le scandale PRISM/NSA/Snowden constitue un game-changer du statut de l’internet, – et c’est également de ce point de vue que l’on voit combien ce scandale est devenu une crise en soi. Par ailleurs, nombre de ces dirigeants et experts jugent que l’affaire est grave pour l’administratioon Obama, avec des répercutions possibles, dans la mesure où ce pas important a été franchi : la sacro-sainte liberté de l’internet, dans tous les cas le principe fondamental de cette liberté, qui est mis en cause et menacé d’une façon affiché. (Voir le Guardian, le 19 juin 2013.)
«The founder of the world's biggest marketing services company, [WPP] Sir Martin Sorrell, has said he believes revelations about the National Security Agency's Prism internet surveillance program are a “game changer” that will spark a fundamental rethink of web privacy by web users… […] “I think Prism and what's happening in the US will have a very significant impact, I think it is game changing,” he said, speaking to the Guardian at the Cannes Lions International Festival of Creativity on Wednesday. “I think the privacy issue is going to be raised to a new level by this. It will alter people's views on privacy, even younger people.” […]
»Wikipedia founder Jimmy Wales, also speaking to the Guardian in a video interview at the Cannes Lions festival on Wednesday, said he thought most people would find the Prism revelations “pretty astonishing”. […] [He] said it was going to be a serious issue for US president Barack Obama. “Simply because he did make a lot of really positive noises about not doing this kind of thing, or cutting back on it, or being more transparent about it,” Wales added. “For this to all come out – it doesn't feel right for the Obama base. I think that's going to be potentially something he has to deal with.” “What I would forecast in the long run is that more and more and more services online are going to go to encryption. Not just to make sure the government is not snooping on people, but just for basic security.”»
Mis en ligne le 20 juin 2013 à 17H29