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1399Commençons par ceci, en forme de symbole si l’on veut. En se référant à deux sites qui ont signalé successivement la chose, LibertyBlitzkrieg.com le 10 juin 2013 et ZeroHedge le 11 juin 2013 au matin (aux USA), on constate qu’en 24 heures, sur Amazon.com, les ventes du fameux roman d’anticipation politique 1984 de George Orwell ont augmenté de 6.884%, que la vente est passée de la 12.859ième place à la 184ème place du classement des livres les “plus populaires”. Orwell ricane dans sa tombe en songeant que la NSA est en plus une belle agence de relations publiques, et ZeroHedge confirme...
«In the last 24 hours, sales of the 'big brother' book 1984 on Amazon.com have soared by almost 7000% as the reality of the surveillance state come to the public's attention. As Liberty Blitzkrieg's Mike Krieger notes, we suppose it makes sense that people would want to get up to speed on the dystopian world being constructed rapidly and secretly around them. 1984 is now the 4th fastest rising sales book and 184th most popular on Amazon!»
L’affaire NSA/PRISM/Snowden est une véritable fusée, progressant à une vitesse folle et développant des nouvelles en mode continu, venant de tous les domaines et repartant vers tous les domaines. Pour l’instant, ces nouvelles se déploient en une sorte d’offensive générale du monde “dissident” ou antiSystème, contre le Système/USA (NSA), actuellement complètement sur la défensive. (Cette “défensive” est accentuée par le constat que, même au Congrès, la mauvaise humeur anti-NSA et anti-BHO commence à se faire sentir, – voir le Guardian du 12 juin 2013. Les conséquence économiques apparaissent, avec une chute des actions de Booz Allen Hamilton, qui employait Snowden, — voir Russia Today du 11 juin 2013. Enfin, signalons qu'une pétition officielle sur le site de la Maison-Blanche est en cours, demandant le pardon total de Edward Snowden ; créée le 9 juin [10 juin pour nous], elle atteint ce 12 juin 2013 au matin 59.470 signatures, avec le but d'atteindre et de dépasser les 100.00.)
La particularité intéressante de cette offensive de facto antiSystème est qu’elle voit un regroupement généralisé de forces qui sont d’habitude séparées par certaines divergences, qui entretiennent certaines méfiances, etc. C’est ainsi qu’on voit côte-à-côté la partie activiste antiguerre de la droite US, la partie de la gauche US qui a rompu avec Obama, des organismes souvent plus prudemment critiques tel le Guardian qui est aujourd’hui en tête de l’offensive, des personnalités activistes de bords opposés comme Glenn Greenwald (progressiste) bien entendu, et un Ron Paul (libertarien de l’extrême droite US) qui écrit le 10 juin 2013 : «We should be thankful for writers like Glenn Greenwald, who broke last week’s story, for taking risks to let us know what the government is doing. There are calls for the persecution of Greenwald and the other whistle-blowers and reporters. They should be defended, as their work defends our freedom.» ; enfin, éventuellement des gouvernements, et l’un des plus importants dans ce cas puisque la Russie vient de facto de prendre position dans cette affaire en offrant implicitement l’asile politique à Snowden.
On lira ci-après quelques nouvelles montrant l’extension de l’affaire et la diversité de l’extension de l’affaire. Le constat est celui de l’internationalisation de l’affaire PRISM/Snowden et sa constitution de plus en plus manifeste en un affrontement entre le Système et des forces antiSystème. (A noter en forme de documentation, la mise en ligne, le 10 juin 2013, par le site Democracy Now ! d’une transcription écrite de la première vidéo d’interview de Snowden par Greenwald. C’est un texte de base à lire et à conserver pour son intérêt documentaire autant que pour sa valeur historique. Un autre document intéressant est l’article du 11 juin 2013 du Guardian, relatant les péripéties qui aboutirent au contact Greenwald-Snowden puis au développement et à la préparation de l’exposition médiatique de la “dénonciation” et de la défection de Snowden.)
• Une première nouvelle nous renseigne sur le rythme et la durée de la dynamique de base de cette affaire, avec la confirmation que Glenn Greenwald a faite à AP, après l’avoir laissé entendre à plusieurs médias alternatifs comme Democracy Now ! et Truthdig.org : d’autres révélations venues de Snowden vont être publiées par le Guardian, ce qui implique effectivement rythme et durée... Dans Russia Today, le 11 juin 2013 : «There will be more ‘significant information’ exposed in the near future, AP cites the journalist who revealed classified US surveillance programs leaked by an American defense contractor. “We are going to have a lot more significant revelations that have not yet been heard over the next several weeks and months,” Glenn Greenwald of The Guardian told AP. Greenwald added that the decision is the in works as to when the next story will be published based on former CIA contractor Edward Snowden’s leaked information.» (Le New York Times du 11 juin 2013 indique incidemment que Greenwald aurait précisé que Snowden lui a livré “des milliers” de documents, et qu'une vingtaine seulement ont été publiés jusqu'ici. A noter que Greenwald semble engagé à fond dans cette affaire, laissant sa chronique hors de toute autre préoccupation et prenant lui-même une posture de semi-clandestinité. Incidemment, on apprend dans le texte du Guardian cité plus haut qu’il réside au Brésil, cela alimentant l’hypothèse selon laquelle il prend certaines précautions.)
• La CIA dessine sa riposte défensive, par l’intermédiaire d’une de ses courroies de transmission. Il s’agit de Robert Baer, ancien officier de la CIA, qui démissionna dans les années 1990 en se présentant comme un contestataire de l’agence. Il publia des travaux effectivement critiques de l’agence, mais plutôt du point de vue opérationnel. Pendant un certain temps, il sembla être une sorte de “semi-dissident” du Système et ne fit rien pour démentir la chose. Il établit ainsi une réputation utile, un faux-nez qui lui sert désormais pour jouer le rôle de commentateur indépendant en assumant en fait le rôle de courroie de transmission de la CIA. Comme consultant de CNN, il est bien placé pour ce rôle. Sa dernière intervention, telle que la rapporte Infowars.com le 11 juin 2013, ne laisse pas de doute : la CIA a choisi son axe de contre-offensive, qui est de discréditer Snowden en en faisant un agent chinois.
«Efforts are underway to portray the NSA whistleblower Edward Snowden as an intelligence operative working for China. On Sunday, it was reported that officials in the United States are seriously considering the possibility the Booz Allen analyst works for the Chinese.
»“On the face of it, it looks like it’s under some sort of Chinese control,” former CIA officer Robert Baer told CNN. Baer said because Snowden fled to Hong Kong, one of two Special Administrative Regions of China, instead of a more friendly country such as Sweden or Iceland, it is likely he is working for the Chinese government. Baer said that if Snowden “really wanted to make a statement” about NSA surveillance, “he should have done it on Capitol Hill.” “We’ll never get him from China. There’s not a chance. He’ll disappear there,” he predicted. “He won’t be able to go anywhere else, but if, in fact, the Chinese had a hand in this … they’re not about to send him to The United States.”»
• La nouvelle la plus importante est sans aucun doute celle que nous avons mentionnée déjà, qui est la possibilité, que l’on pourrait interpréter comme une offre implicite de la Russie d’offrir l’asile politique à Snowden. Il s’agit de l’affirmation que Snowden pourrait techniquement demander cette asile politique simplement en contactant le consulat russe à Hong Kong. La chose est directement confirmée, sous une forme neutre, par le bureau de presse du président Poutine. Novosti a donné les indications sur cet aspect de l’affaire le 11 juin 2013. On notera l’approche échelonnée de la suggestion implicite faite à Snowden de demander l’asile politique, en observant que cette demande serait considérée avec bienveillance, tout cela accompagné de fuites dans la presse et de déclarations de parlementaires.
«Moscou pourrait étudier la possibilité d'offrir à Edward Snowden un asile politique, estime le parlementaire russe Robert Chleguel, cité par le quotidien Kommersant du 11 juin 2013. [...]
«Edward Snowden a déjà déclaré qu'il avait l'intention de “demander l'asile politique dans tout pays croyant à la liberté d'expression et qui s'oppose à la violation de la vie privée”. A titre d'exemple il a mentionné l'Islande. Mais les autorités islandaises ont expliqué que pour cela, il devrait se trouver en Islande et le pays n'a pas d'ambassade à Hong Kong. En revanche, la Russie dispose d'un consulat général à Hong Kong. Et Moscou pourrait étudier la possibilité d'offrir à Snowden un asile politique. “Ce serait une bonne idée”, a déclaré le député. Et le porte-parole du président russe Dmitri Peskov a déclaré : “On examinerait cette requête si elle était formulée”.»
• Le Guardian a évoqué cette suggestion implicite d’un asile politique de Snowden en Russie, en en faisant d’une part une offre précise, en la balançant d’autre part par des appréciations systématiquement critiques de la situation russe. On retrouve l’habituelle dichotomie des forces libérales-progressistes du bloc BAO lorsqu’elles sont contraintes ou ont choisi de lancer une attaque contre le Système, – dito, ce qui implique la mise en cause de la narrative démocratie-droits de l’homme, et des USA au bout du compte puisque cette cible est aujourd’hui inévitable du fait du comportement totalement illégal, anti-démocratique (selon leur jargon), etc., de ce pays. Ces forces se jugent et se trouvent contraintes de se dédouaner systématiquement, non sur la gauche comme il serait facile et rassurant de dire, mais sur leur flanc-Système puisqu’elles gardent un pied dans la Système. Dans ce cas, cela consiste à parler de l’initiative de la Russie tout en critiquant son régime par rapport à la narrative-Système. Cela donne un drôle de texte où l’illégalité et l’oppression en cause sont celles des USA, et où l’attaque sur ces domaines se fait contre la Russie. On cite le Guardian du 11 juin 2013, en s’épargnant tout de même la partie narrative-Système antirusses. On y trouve toutes les allusions antirusses qu’on veut, notamment l’affirmation totalement gratuite que les “services” russes ont la même chose que PRISM, et que la presse russe avait peu parlé de l’affaire PRISM/Snowden («...largely ignored) avant l’offre d’asile politique parce qu’elle craignait le PRISM des “services” russes («Russia's feared security services are widely believed to maintain similar powers»). (Observation totalement grotesque... L’affirmation est absolument et scandaleusement fausse pour Russia Today : il suffit d’aller sur le site RT pour constater une couverture maximale de l’affaire, même lorsqu’elle était réduite à PRISM, bien supérieure à tant de médias US et du bloc BAO qui préfèrent souvent, eux, la discrétion, et l’on comprend bien pourquoi sans explication vertueuse nécessaire.) L’explication simple et banale, si cette remarque est fondée pour tel ou tel organe de presse, est simplement un réflexe de communication universel, que l’offre russe d’asile politique rend l’affaire médiatiquement d’une grande importance pour la Russie ; mais en l’occurrence de ce devoir d’attaque antirusse, pourquoi faire simple quand on peut faire diffamatoire et calomnieux.
«Russia has offered to consider an asylum request from the US whistleblower Edward Snowden, in the Kremlin's latest move to woo critics of the west. [...] Snowden is not known to have made any asylum requests, including to Russia. Yet speaking to the Russian newspaper Kommersant, Dmitry Peskov, Vladimir Putin's spokesman, said: “If such an appeal is given, it will be considered. We'll act according to facts.”
»Peskov's comments were widely carried by the Russian media, which have largely ignored Snowden's revelations that the National Security Agency (NSA) was secretly empowered with wide-reaching authority to collect information from the US mobile provider Verizon and to snoop on emails and internet communications via a data-mining programme called Prism. Russia's feared security services are widely believed to maintain similar powers.
»Peskov's comments on potential asylum opened the floodgates on support for Snowden. Robert Shlegel, an influential MP with the ruling United Russia party, said: “That would be a good idea.” Alexey Pushkov, head of the Duma's international affairs committee and a vocal US critic, said on Twitter: "By promising asylum to Snowden, Moscow has taken upon itself the protection of those persecuted for political reasons. There will be hysterics in the US. They only recognise this right for themselves.” He continued: “Listening to telephones and tracking the internet, the US special services broke the laws of their country. In this case, Snowden, like Assange, is a human rights activist.”»
Fin de l’article sur une performance remarquable, un rappel venimeux avec de très gros sabots, qui parvient à mettre sur la même ligne Edward Snowden et Gérard Depardieu, le tout manipulé par le diabolique Poutine. Cela représente un trajet original, de l’ignominie originelle du Système dans sa représentation NSA au passeport russe de Depardieu ... «Putin has made a concerted effort to woo those who forsake the west. This year, he loudly welcomed Gérard Depardieu after the French actor declared his desire to renounce his citizenship in protest at France's high tax rate. Putin granted the actor Russian citizenship and other Russian officials have given him flats around the country, including in Grozny, the postwar capital of Chechnya.»
Mis en ligne le 12 juin 2013 à 08H08